SYNOPSIS : Effervescence sur la planète Terre. Les petits bonshommes verts ont enfin décidé de nous rendre visite. Ils sont sur le point d’atterrir dans leurs rutilantes soucoupes. La fièvre des grands jours s’empare de l’Amérique dans une comédie de science-fiction nostalgique des années cinquante.
Le film férocement cynique de Tim Burton est une géniale parodie entre-autres d’Indépendance Day (1996), sorti quelques semaines avant, dont il suit la trame narrative pour mieux l’exploser à chaque scène !! « Entre autres » car on y trouve aussi une satire de La guerre des mondes, de H.G Wells publié en 1898 et de tout ce qui se rapproche de près ou de loin du regard américain de l’envahissement extraterrestre, romans, films ou autres… Au-delà, c’est aussi pour Tim Burton, une façon de venger l’insuccès public de son fabuleux Ed Wood (1995), où il va réunir 80 millions de dollars et une pléiade de stars pour s’attaquer pourtant à tout un système, en rendant aussi une série d’hommages à de nombreux produits de sciences fictions des années 50, plus souvent bricolées que réellement produits. Si dans Edward aux mains d’argent (1990), il neige sur les lettres dorées de la 20th Century Fox, dans Mars Attacks, autour de du sigle WB Warner Bros Pictures, se ballade… une soucoupe volante… Au générique, sont crédités, dans un premier temps… Jack Nicholson, Glenn Close, Pierce Brosnan, Annette Bening… Du lourd, du très très lourd. Puis on voir progressivement d’autres noms apparaître… Danny De Vito, Michael J. Fox, Jim Brown, Christina Applegate, Sarah Jessica Parker, Nathalie Portman et… Tom Jones dans un iconique exercice autoparodique !!!! Une régalade totale, une constellation brillamment étoilée. Toujours Danny Elman à la musique, avec ce sens du fantasque fantasmagorique, qui sied tant au cinéma si coloré, solaire, lunaire, et pour le coup ici spatial et burlesque de Tim Burton. La forme la plus binaire et simpliste possible des soucoupes qui foncent vers la terre nous fait déjà bien marrer, et leur nombre exagérément immense rajoute une massivité dans l’ironie, mais qui vient aussi nous prévenir que ça va péter sévère…
Bureau ovale, le chef du monde libre est Jack Nicholson. Face à l’encerclement des soucoupes, et à l’imminence de leur arrivée dans notre atmosphère, le big boss consulte comme il se doit en pareille circonstance. Le conseiller com obsédé par l’image, le militaire belliqueux, le scientifique sûr de lui, tout y passe. La seule chose qu’en retirera le président des Etats-Unis d’Amérique, pour préparer la venue d’une vie extraterrestre, événement, qui changera à jamais le cours de l’histoire, c’est en substance : Je mettrai mon costume Cerruti Bleu… On se poile, et en même temps, déjà tellement de messages !! Un président qui veut se situer pour ce jour historique entre Abraham Lincoln et Madame et servie. En une phrase cinglante de cynisme, Burton dépeint là une forme d’avènement de la médiocrité, la victoire de l’hyper communication, c’est fait avec une redoutable justesse et une maestria à l’image du talent de son auteur. Tim Burton poussera toujours plus sa critique acerbe de certains comportements grégaires, égotiques ou totalement superficiels qu’une crise vient toujours exacerber. L’excellent Pierce Brosnan dans le rôle du scientifique, qui s’il visera finalement bien à coté, quand le président l’interroge sur le caractère hostile ou amical de nos visiteurs martiens, mettra en avant leur caractère forcément éclairé car plus civilisé que nous, disant que les martiens ont plus à avoir peur de nous que l’inverse… C’est comme nombre de ses œuvres, en creux, une formidable critique des pires défauts de l’espèce humaine.
Des scènes évidemment anthologiques, avec de caricaturaux martiens, aussi hideux que bêtes, voire assez débiles, qui martèlent nous venons en paix, tout en grillant la seconde d’après le général étoilé, nous rendant squelette avant la cendre, et carbonisant tout ce qui aura forme humaine en face d’eux, avec des flingues en plastique façon pistolets à eaux. Réponse d’un des généraux à la Maison Blanche face au désastre, sur ce qui s’apparente comme le plus grand conflit à venir pour l’espèce humaine : Faut attaquer ces sales cons, faut mettre le paquet, le scientifique pense que c’est un peu tôt pour être sûr de leur hostilité, Le conseiller veut faire des sondages. Le président demande son avis à la première dame. Et Glenn Close de répondre : « Faut leur péter la gueule !! » Des aliens qui lisent Playboy, et se marrent aux éclats en zieutant la retranscription écrite du message pacifiste du chef du monde libre. Au-delà de venir de Mars, c’est évidemment une parabole de cynisme à l’image de la colombe grillée, qui incarne symboliquement un humain en apparence bon voisin, mais comme intrinsèquement hostile, un thème de prédilection de Burton, qui dans Mars Attacks va pousser ses théories dans une forme de jouissif paroxysme de l’absurde, en auscultant les faiblesses et bassesses de l’âme humaine. L’attaque du congrès se regarde aujourd’hui avec une drôle de résonance, où on se dit que finalement Donald Trump n’est possiblement pas autre chose que le chef des martiens. Les délires vont monter en puissance à mesure du passage à l’attaque des extra-terrestres. Comme le sort de la journaliste avec une Sarah Jessica Parker qui prend le corps de son horrible micro-chien et Pierce Brosnan à la tête flottante qui vivent une histoire d’amour impossible mais aussi la dissuasion nucléaire (on pensera évidemment, comme Tim, au Docteur Folamour de 1964), avec un missile qui finit juste fumé par un des chefs martiens, rendant ainsi un peu à poil les plus puissants de ce monde, mais encore plus le général des forces armées qui se fait miniaturiser, proteste d’une voix ridicule puis se fait écraser, sans doute de la botte gauche du martien…
Il y a évidemment le discours grandiloquent, fédérateur et pacifiste du Président des Etats-Unis. Le chef des martiens verse une larme, serre la main du président, pour mieux le transpercer et y planter son drapeau… Finalement, ce n’est pas la technologie militaire qui viendra à bout des envahisseurs, mais la musique de Slim Whitman avec Indian Love Call (1952) et là encore, le symbole est puissant. Visuellement, ça pétarade bien sûr, et le faux pourri des effets spéciaux est un régal. Les décors de Wynn Thomas et la photographie de Peter Suschitzky sont un chef d’œuvre dans l’œuvre. Le casting est fou, on l’a dit, et à ce petit jeu, Jack Nicholson est un grand tout petit président. Il met tout son talent au service d’une superficialité plus vraie que nature et rend tellement crédible son détestable personnage. Glenn Close est survoltée, Pierce Brosnan ultra caricaturé, Annette Bening carbonise délicieusement son image, Jim Bown pharaonique d’engagement, Danny DeVito de passage mais toujours si efficace, Sarah Jessica Parker drolatiquement canine etc etc etc…. Mars Attacks, c’est aussi cette fin superpuissante avec Tom Jones qui scande It’s not unusual dans la nature, au milieu des animaux qui viennent autour de lui, comme une ode environnementale qui déjà en 1996 à la sortie du film était comme une évidente solution. Une grosse blague au final et bien plus sérieuse qu’elle en a l’air, qui est essentielle dans la filmographie de Maître Tim Burton, tant Mars Attacks semble dire beaucoup de nous et donc de lui. Toujours un infini plaisir en tous les cas de s’attaquer à cet OVNI…
Titre Original: MARS ATTACKS
Réalisé par: Tim Burton
Casting: Jack Nicholson, Glenn Close, Pierce Brosnan …
Genre: Fantastique, Comédie, Science fiction
Sortie le: 26 février 1997
Distribué par : Warner Bros. France
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Catégories :Critiques Cinéma, Evénements/Festivals, Festival Lumière 2022, Les années 90