CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE (Critique)

Par Pierre Chamb le octobre 15, 2022 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: Charlie est un enfant issu d’une famille pauvre. Travaillant pour subvenir aux besoins des siens, il doit économiser chaque penny, et ne peut s’offrir les friandises dont raffolent les enfants de son âge. Pour obtenir son comptant de sucreries, il participe à un concours organisé par l’inquiétant Willy Wonka, le propriétaire de la fabrique de chocolat de la ville. Celui qui découvrira l’un des cinq tickets d’or que Wonka a caché dans les barres de chocolat de sa fabrication gagnera une vie de sucreries.

Après une première version de Charlie et la chocolaterie signée Mel Stuart en 1971 puis James et la pêche géante (1997), le romancier Roald Dahl est à nouveau transposé sur grand écran. Aux manettes pour réaliser l’adaptation de ce roman excentrique et caricatural, on retrouve Tim Burton, qui poursuit sur la lancée de Big Fish en réduisant néanmoins sa part de noirceur au profit d’une légèreté et d’un humour bien dosé. L’histoire du roman, connue de beaucoup, nous présente Charlie Bucket (Freddie Highmore) un enfant issu d’une famille pauvre qui va remporter un jeu concours lancé par l’excentrique propriétaire d’une immense chocolaterie, Willy Wonka (Johnny Depp). Celui-ci a caché cinq tickets d’or dans des tablettes de chocolat, à travers le monde et ceux qui les trouveront gagneront alors une visite guidée de la chocolaterie avec la personne de leurs choix. Charlie va alors se retrouver en compagnie de son grand-père, et des quatre autres gagnants qui vont nous être présentés au fur et à mesure de l’avancée du film comme des enfants pas toujours gentils et avec quelques défauts. Il y a Augustus Gloop l’incorrigible gourmand, Violette Beauregard une jeune fille arrogante, Veruca Salt une jeune fille égoïste, pourrie-gâtée et Mike Teavee petit génie prétentieux et extrêmement colérique. Charlie quant à lui est un enfant qui fait passer sa famille avant lui et fait preuve d’une grande maturité pour son âge. Une fois les portes ouvertes nous ne pouvons que contempler le monde que s’est créé l’enfant qui sommeille en Willy Wonka. On ne peut s’empêcher de reconnaître aussitôt la patte du réalisateur américain avec ces décors évidemment plus colorés qu’à son habitude (roman pour enfants oblige). Dans son monde, les formes des jardins en sucreries à l’intérieur de l’usine, rappellent les collines et ponts improbables de L’étrange noël de Monsieur Jack.

Willy Wonka va alors se révéler, comme un personnage, qui malgré son côté enfantin n’en reste pas moins quelqu’un de très ambigu et de complexe. Il tient le premier rôle au sein de sa chocolaterie et il sera le personnage qui décidera du sort réservé aux enfants, il provoquera leurs disparitions successives au travers de séquences musicales interprétées par les Oompa-Lompas. Ceux-ci nous montrent leurs talents de chanteurs en improvisant des chansons pour ridiculiser et punir les enfants, par là où ils ont péché ainsi que leurs parents qui en sont en grande partie responsables.

Après être passé par le désespoir d’Edward aux mains d’argent, la noirceur de Batman le défi, la folie de Beetlejuice et l’angoisse de Sleepy Hollow, Tim Burton nous offre ici une œuvre créative avec beaucoup de couleurs vives et moins de noirceur, tout en conservant ses personnages excentriques et étranges. Il y ajoute une touche d’humour, ce qui n’est pas sans nous rappeler Mars Attacks. Le réalisateur a parfaitement su adapter le roman, disposant d’un scénario intelligent, Burton se sert des traits de notre société comme la cupidité créée par un jeu et l’excès de consommation, tout en transposant son univers déjanté et féerique, il s’est entouré, une fois de plus pour la composition musicale de Danny Elfman, qui lui a composé 11 de ses 12 films (exception faite d’Ed Wood), une fois de plus c’est très réussi, Danny Elfman rythmant parfaitement cette mise en scène.

Tim Burton retrouve également Johnny Depp qui, au moment de la sortie du film, signait sa quatrième collaboration physique avec le réalisateur. Comme souvent, l’acteur est très investi et s’en donne à cœur joie dans le rôle du déjanté, mystérieux et éternel enfant bourré de traumatismes et surtout très attendrissant Willy Wonka. Tim Burton nous propose ici une visite de la chocolaterie tout en couleurs, dans la bonne humeur, avec une touche de cynisme dont lui seul a le secret. Un vrai régal.