Critiques Cinéma

LE PETIT NICOLAS : QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ?

Penchés sur une large feuille blanche quelque part entre Montmartre et Saint-Germain-des-Prés, Jean-Jacques Sempé et René Goscinny donnent vie à un petit garçon rieur et malicieux, le Petit Nicolas. Entre camaraderie, disputes, bagarres, jeux, bêtises, et punitions à la pelle, Nicolas vit une enfance faite de joies et d’apprentissages. Au fil du récit, le garçon se glisse dans l’atelier de ses créateurs, et les interpelle avec drôlerie. Sempé et Goscinny lui raconteront leur rencontre, leur amitié, mais aussi leurs parcours, leurs secrets et leur enfance.

Réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, Le petit Nicolas – qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? a obtenu cette année au festival international d’animation à Annecy le cristal du long métrage, soit rien de moins que la plus haute distinction. Il sera ici question d’une rencontre artistique. Une rencontre entre la plume de Goscinny et le pinceau de Sempé (car quand on dessine, on ne fait pas de fautes d’orthographes disait Jean-Jacques). Avant de disparaître, Sempé lui-même et la fille de Goscinny auront aidé les coréalisateurs à la naissance de cette œuvre touchante et tendre. Tout de suite, dans cet animé, il existe du joli son. Tout de suite il y a un son en particulier, qui ne quittera pas les 1h22 du film, et qui pourrait même sans doute se résumer en une formule : Le bruit du crayon, le bruit de la création.  Il va être question notamment de comment un auteur est lié au personnage qu’il invente et réciproquement. L’un devant tout à l’autre. Le postulat de faire exister Nicolas, par cette magique extraction de la feuille, quand il vient jouer sur la machine à écrire ou l’épaule de Goscinny.

 

Quelques moments potentiellement cultes : Avant tout pour pêcher, il faut du ??? Silennnnnnccceeeeeee, crie l’adulte aux enfants. C’est comme une variation sur la magie de la création, le génie de l’inventivité, avec ce coup de crayon inimitable qui a créé le mythe du Petit Nicolas. C’est aussi une ode poétique et douce à la sacralisation de l’enfance, où tout se dessine en somme. Paradigme vertueux appuyé formellement, car ce dessin animé n’est jamais criard, le trait du dessin est toujours délicat. Ainsi, nous est dépeint cet univers où plus que jamais on invente, où tout est pur, sans stéréotypes ni préjugés. Le petit Nicolas – qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, c’est la joyeuse et tendre glorification des temps chéris de l’innocence et de l’insouciance. C’est à cet endroit que la magie pour les petits et la nostalgie pour les grands opèrent pleinement.

Et puis, il y a les copains… Alceste qui mange tout le temps, Eudes et Rufus qui se battent parfois, Geoffroy déguisé en martien, Clotaire qui est très maladroit, Maixent et ses grandes jambes et les genoux sales, Joachim le rêveur qui confond sa droite et sa gauche et Agnan, mais qui est pas vraiment un copain. Et même il y a des filles !!!! « Non mais ça va pas la tête, t’es en train dessiner une fille » s’indignera Nicolas à Sempé. « Car moi, je n’aime pas les filles, c’est bête, ça ne sait pas jouer à autre chose qu’à la poupée et à la marchande et ça pleure tout le temps !! » Sauf que quand il s’agit de Louisette ou Marie-Edwige, Nicolas et ses petits potes n’auront de cesse que de vouloir les impressionner, leur en mettre plein la vue. Un peu l’histoire de la vie finalement. Et puis, il y a aussi la maitresse… Jolie et drôle, histoire d’être sages, pour avoir envie de pas la fatiguer. Pis à l’école il y a aussi le surveillant, surnommé pauvre de lui le Bouillon… Qui voit toujours les tas de sables et de feuilles disparaître, c’est toute une histoire. Et des comme ça, il n’en manque pas dans Le petit Nicolas – qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? Le bouillon ça sera un peu comme Hector Duval, le prof de gymnastique à la colo, ces adultes qu’on aime bien embêter.

« Je m’appelle Hector Duval », il nous a dit, « et vous ? »
« Nous pas, j’ai répondu », et ça, ça nous a fait drôlement rigoler…

Toutes ces histoires, elles sont à découvrir avec gourmandise au fil d’un décidément bien charmant récit. La musique de Ludovic Bourse, à qui l’on doit notamment la bande originale de The Artist (2011), avec une sonorité toute Jazz Manouche, au-delà d’être une perle d’accompagnatrice, offre là aussi une invitation toute onirique à l’évasion. Les compostions au doublage d’Alain Chabat et Laurent Laffite donnent comme une authenticité prégnante, une humanité puissante au récit et leur respective douceur donne comme une tranquillité chaude qui va contribuer au fait de ne jamais décrocher de l’œuvre, malgré parfois des petits détours répétitifs qui auraient pu nous perdre, mais comme la poésie de l’attendrissement l’emporte, tout va bien.  Au final, parole aux artistes pour le mot de la fin, qui dit tout de l’univers si touchant du Petit Nicolas – qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?  Dialogue entre Nicolas et Sempé :

« J’ai demandé à Jean-Jacques si moi aussi j’allais mourir un jour.« 
« Non… Toi mon petit gars, tu es éternel. René et moi, on t’a inventé, mais maintenant c’est nous qui allons continuer à vivre à travers toi » m’a répondu Jean-Jacques.

J’ai été drôlement content parce qu’on sera toujours copains tous les trois.


 

Titre original: LE PETIT NICOLAS : QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ?

Réalisé par: Amandine Fredon, Benjamin Massoubre

Casting: Laurent Lafitte, Alain Chabat, Simon Faliu …

Genre: Animation, Comédie, Famille, Aventure

Sortie le: 12 Octobre 2022

Distribué par : Bac Films

EXCELLENT

 

 

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s