Critiques Cinéma

ENTERGALACTIC (Critique)

SYNOPSIS: Un jeune artiste nommé Jabari tente de trouver un équilibre entre amour et succès, après son emménagement dans l’appartement de ses rêves à New York qui lui permet de faire la connaissance de sa nouvelle voisine, la photographe, Meadow. 

En voilà un film qu’on attendait impatiemment. Depuis la découverte des premières images, dans un style à l’oscarisé Spider-Man : New Generation (qu’on aime d’amour et dont la suite sort pour rappel en mai 2023, enfin si tout se passe bien), nous avions été largement aguichés par les projets (oui, les) : beauté visuelle, sortie du nouvel album de Kid Cudi concomitante à celle du film (qui devait initialement être une série) sur Netflix, sensation de petit bonbon feel good et mélancolique…Une double sortie en somme. Point à préciser : le film est un objet à part entière et n’a pas vocation, ni dans son âme, ni dans les faits, à être un clip ou un court métrage visant à illustrer l’album. A ce titre, et bien que le film soit bourré de défauts, à aucun moment nous n’avons eu la sensation d’assister à la prise de vie d’un accessoire purement commercial visant à vendre de nouvelles musiques. En partant de ce postulat, une partie du projet s’avère donc être une réussite. S’il y a bien un pan du projet sur lequel nous n’avons pas été déçus c’est sur celui qui nous avait envoûté dès le départ : l’animation. C’est beau. Bon sang que c’est beau. On a très clairement envie de rejoindre les personnages dans leur univers coloré, chaleureux, chill et stylé qui donne envie de se prendre un appart à New York, d’arpenter les rues en vélo et d’admirer les graffs à tous les coins de rue. Au centre de ce petit cocon douillet va naître une histoire d’amour qui nous a quant à elle beaucoup moins passionné. Mais remettons les éléments dans l’ordre : Entergalactic met en scène la vie de Jabari (Kid Cudi), un artiste qui dessine un peu partout en ville son personnage fétiche, Mr. Rager, et qui a été récemment engagé pour l’adapter sous un format comics. Après avoir revu son ex petite amie et effectué un chassé-croisé qu’il ignore avec sa nouvelle voisine, Jabari qui souhaitait se concentrer sur son art finit par tomber amoureux. De qui ? De Meadow (Jessica Williams), la fameuse nouvelle voisine en question qu’il n’a fait que louper jusqu’à présent. La rencontre a finalement lieu (que le destin fait bien les choses). Débute alors une belle (non) histoire d’amour. 

C’est dans cela que réside la déception de Entergalactic. C’est beau à l’écran. C’est beau musicalement (l’album méritera une écoute indépendante du film mais nous avons aimé ce qui a chatouillé nos oreilles). On a un casting vocal assez exceptionnel allant de Kid Cudi à Timothée Chalamet, en passant par Vanessa Hudgens et Macaulay Culkin. Mais bon passé le premier quart d’heure extrêmement savoureux, le film n’a rien de folichon à raconter, en tout cas pas dans sa manière de le faire, et pourtant nous n’avons rien contre les histoires simples. Au contraire, la simplicité peut être un beau vecteur d’émotion et de sincérité. Là où le bât blesse c’est dans ce qu’entérine Entergalactic, à la fois dans sa démarche et l’exécution de cette dernière. Peut-être est-ce lié au fait que le film était initialement prévu comme une série mais tout est très superficiel. Expliquons-nous. Dans un premier temps Jabari est engagé afin de produire un comics basé sur le personnage qu’il a créé. L’un de ses nouveaux collègues, archétype absolu, vient lui expliquer qu’il va devoir vendre son âme au diable et mettre sa créativité « hardcore » au placard s’il veut un jour sortir son travail dans le format voulu. Cet « enjeu » présenté comme assorti d’un obstacle et d’une potentielle remise en question ne mène au final à absolument aucune réflexion ou tergiversations (oui d’accord on a quelques rêves convenus sur le sujet mais c’est tout). Ensuite Jabari tombe amoureux de Meadow, un terrain propice pour nous servir de nombreux clichés tantôt plutôt mièvres, tantôt plutôt plats, mais aussi taper à grands coups de marteau (jusque dans son final) sur les applications de rencontre. Alors oui les applications de rencontre, qui font leur beurre et fondent leur business model sur la solitude et le mal-être des gens (pour mieux souvent les aider à y rester s’y enfoncer ou se retrouver avec n’importe qui) sont peut-être parfois le diable mais c’est un mal nécessaire.

 

Or le film, qui nous dépeint ainsi une rencontre entre deux voisins (ce qui pourrait arriver dans la « vraie » vie) qui mène à une création de couple, ne fait que nous servir un banal conte de fée (exception faite de l’histoire du sweat gate qui crée un drame pour pas grand-chose au final) totalement fantasmé. Non seulement on ne croit pas spécialement à l’histoire d’amour qui ne nous épargne rien en termes de balades entre gens/artistes super cools qui vivent des moments incroyables au fil de conversations tout à fait plates, mais en plus quitte à critiquer les applications de rencontre autant nous proposer une alternative viable à laquelle nous raccrocher, quand bien même l’univers s’avérerait enjolivé par rapport à la réalité.  Parce qu’au fond quel est le but du film ? Raconter une tranche de vie ? Oui, mais pas que. C’est l’histoire d’amour. Pourtant, à cause de et via sa forme, on n’arrive pas à résumer l’ambition primaire du film comme étant juste d’accoucher d’une banale comédie romantique sans fond (ce qu’il est quand même beaucoup au final…).

 Entergalactic met donc des formes visuelles (au pluriel car les styles d’animation varient parfois, notamment lorsqu’un personnage a une histoire à raconter) et musicale extraordinaires au service d’un scénario, certes pas désagréable, mais aussi étonnamment simplet. Loin d’y trouver une quelconque profondeur, que ce soit dans son propos ou dans les interactions de ses personnages, le spectateur assiste surtout à un déploiement considérable de moyens artistiques et financiers au service d’une narration très faible qui méritait mieux, et peut-être d’ailleurs surtout la série prévue à l’origine. La saison 2 de Master of None (oui nous allons assumer ce parallèle qui nous paraît évident) racontait une incroyable histoire d’amour avec tout ce qui était nécessaire, au bon endroit, au bon moment et elle nous a marqué à vie. Ce n’est pas le cas ici, loin de là même. Entergalactic ne propose donc, certes dans un magnifique emballage, que la rencontre de deux archétypes « cools » parce qu’on nous le montre, qui « tombent amoureux » parce qu’on nous le dit, en dépit de toute alchimie ou complicité à contempler à l’écran (comme des gens qui pourraient s’être rencontrés sur des applications de rencontre au final). La triste sensation de regarder deux inconnus, qui demeurent tout au long du film de parfaits inconnus, vivre une histoire artificiellement écrite ne se brise jamais. Il y a une histoire oui. Pour l’amour, on repassera. Entergalactic n’est donc pas un film qui redonne foi en l’amour pour celles et ceux qui l’ont déjà vécu et qui n’y verront qu’une vaste fumisterie d’écriture. Entergalactic badigeonne alors son scénario d’une vision superficielle en se permettant au passage de nous dire qu’un moyen de rencontre est meilleur qu’un autre. Gageons que l’histoire dépeinte ici n’a aucune leçon à donner vu son vide d’écriture abyssal. Est-ce que cela aurait été mieux en série et évité de prendre des chemins de traverse ? Peut-être. Nous ne le saurons sûrement jamais.

 

 

Titre Original: ENTERGALACTIC

Réalisé par: Kid Cudi, Ian Edelman

Casting : Kid Cudi, Jessica Williams (II), Timothée Chalamet …

Genre: Romance, Animation, Musical

Sortie le: 30 Septembre 2022

Distribué par: Netflix France

BIEN

 

 

 

 

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