SYNOPSIS : En 1757 dans l’Etat de New York, alors que la guerre fait rage entre Francais et Anglais pour l’appropriation des territoires indiens, un jeune officier anglais, Duncan Heyward, est chargé de conduire deux soeurs, Cora et Alice Munro jusqu’à leur père. Ils sont sauvés d’une embuscade par Hawkeye, un frontalier d’origine européenne, élevé par le Mohican Chingachgook et son fils Uncas. Les trois hommes acceptent d’escorter les deux jeunes filles jusqu’à leur destination.
Au départ, Le dernier des Mohicans, c’est un livre, un roman de James Fenimore Cooper, publié en Janvier 1826. Le réalisateur, Michael Mann, plus 45 ans de carrière, qui s’est fait connaître du grand public en produisant Deux flics à Miami (1984-1989) réalise avec Le dernier des Mohicans un de ses plus grands succès, avec ensuite, notamment Heat en 1995 ou Collatéral en 2004. Un cinéma toujours très puissamment esthétique s’il fallait simplifier à outrance ce qui le caractérise. Générique de début… Un film de Michael Mann donc, avec… Daniel Day-Lewis. On sait déjà que c’est du méga lourd. Puis, cette mélodie folle, épique, onirique de Trevor Jones, puis de Randy Edelman, est incroyablement et empiriquement rattachée à son film. Elle contribue à sa légende, à son histoire, et à l’aspect fresque épique et esthétique grandiose et virtuose. Un peu comme la musique de John Barry pour Danse avec les loups (1990) ou encore James Horner avec Braveheart (1995) ou Titanic (1997) du même compositeur. Viennent d’emblée se greffer à cette musique déjà culte, où on est comme figé sur son siège, des décors montagneux et boisés magistraux, avec une lumière comme semi pénétrante qui appuie cette dimension épique. Le Directeur de la Photographie Dante Spinotti magnifie lui aussi ce qui va se jouer à l’écran. Très vite, on réalise aussi la finesse du travail de reconstitution, à travers des décors et des costumes qui nous immergent pleinement. Wolf Kroeger comme chef décorateur et Elsa Zamparelli en costumière rendent une partition d’une parfaite minutie. Techniquement, Le dernier des Mohicans est un bijou de mise en scène. Les grands moyens sont de sortie. Ce qui va maintenant compter c’est tout le reste, la force de l’histoire, l’intelligence déployée et l’émotion suscitée. Les deux vont être à la même hauteur de pureté, comme un idéal artistique.
Une intelligence, car ce pur produit de la grandiloquence Hollywoodienne n’est pas si binaire ou manichéen qu’il en a l’air, avec les gentils indiens opprimés contre les saletés d’occidentaux colonialistes. Bon, il y a quand même un peu de ça… Mais on trouve des anglais plutôt sympas, loyaux et purs (au début hein, ça reste des anglais quand même !!) comme Duncan Heyward (Steven Waddington) et des indiens abominables (bon c’est les hurons aussi…) de traîtrise et de violence sauvage comme Magua (Wes Studi), qui veut, je cite « manger le cœur de ses ennemis« , et il le fait en plus !! Pas très cool tout ça. Et évidemment, et surtout une émotion très exacerbée, parfois un poil larmoyant certes, et avec un sens de l’esthétisme un peu trop recherché mais malgré tout efficace et qui donne bien le frisson. C’est Michael Mann, c’est spectaculaire et efficace. Car si Le dernier des Mohicans n’est pas vraiment un vaudeville, le fond de l’histoire repose tout de même sur le classique du triptyque amoureux. N’empêche que quand Œil de Faucon Daniel Day-Lewis est prêt à tous les sacrifices, à commencer par le sien pour sauver sa belle Cora (Madeleine Stowe), tant juste il veut qu’elle vive, on frisonne, on en prend plein les yeux et le reste aussi. La scène de fin sur la montagne, tout sauf un happy end est d’une splendeur absolue, immense moment de cinéma, et qu’on le peut classifier à jamais de culte sans prendre un risque inconséquent.
Les scènes de baston, plus précisément de guerre, souvent fusils contre tomahawks sanglants, en pleine nature verdoyante écrasée par la folie des hommes, semblent nous envoyer un message clair, diablement utile et encore terriblement actuel. Dès les premières secondes, on devine Daniel Day-Lewis complètement habité par son personnage, sa méthode acting au firmament, ou la folie du jeu. Viscéral et douloureux pour lui, jouissif pour nous. L’incarnation est totale à l’écran pour le spectateur, et la confusion de la même ampleur pour l’acteur en dehors. Pour ce rôle, l’acteur génialement fou aura disparu dans la nature pour vivre en forêt pendant des semaines. « S’il ne chassait pas ce qu’il mangeait, il ne mangeait pas », dira Michael Mann à propos de ce stage en ermite. Théorie reprise non sans un humour décapant dans l’épisode 1 de la saison 3 (14 Novembre 2018) de Dix pour cent consacré à Jean Dujardin.

THE LAST OF THE MOHICANS, Madeleine Stowe, Daniel Day-Lewis, 1992, TM & Copyright (c) 20th Century Fox film Corp. All rights reserved.
Au-delà de ce décorum qui n’en est pas qu’un, la tension sur le visage de l’acteur, son engagement, la puissance de son incarnation rendent la performance de Daniel Day-Lewis légendaire et unique. Notons également la prestation de Wes Studi, dans le rôle de l’huron Magua, qui nous fait sévèrement flipper en mode archétypal de l’indien terrifiant, qu’on ne veut pas croiser aux champignons. Il réussit un tour de force, on ne l’oublie pas. Le dernier des Mohicans peut encore parfois être utilisé comme une expression courante, pour dire que vraiment, a la fin, il n’en restera qu’un c’est dire l’influence du film au-delà même du cinéma. En tous les cas, c’est une forme d’immersion dans la somptuosité que réussit ici Michael Mann, avec un grand numéro de Day-Lewis. C’est inspirant, et clairement, ce cinéma de patrimoine là, c’est un régal un dimanche de pluie, le son à fond et l’écran le plus grand possible.
Titre Original: THE LAST OF THE MOHICANS
Réalisé par:Michael Mann
Casting: Daniel Day-Lewis, Madeleine Stowe, Russell Means…
Genre: Aventure, Action, Romance
Sortie le: 25 Septembre 1992
Distribué par: A.M.L.F
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 90