SYNOPSIS: Dans un futur proche, chaque foyer possède un androïde domestique, appelé « techno-sapiens ». Dans la famille de Jake, il s’appelle Yang, et veille plus particulièrement sur la jeune Mika, assurant pour cette petite fille adoptée d’origine chinoise, un rôle de tuteur, d’ami, de confident. Aussi, le jour où Yang tombe en panne, Jake met toute sa vie en pause pour tenter de le réparer. Mais le parcours va se révéler beaucoup plus compliqué que prévu, et va mettre Jake aux prises avec des questionnements existentiels et intimes vertigineux.
Après son premier film Colombus, Kogonada, jusqu’à présent habitué du format documentaire court, revient derrière la caméra pour son deuxième film de fiction : After Yang, d’après la nouvelle Saying Goodbye to Yang. Avec son casting international et sa SF située dans un avenir proche, Kogonada peut alors étirer le fil d’une réflexion sur la place des androïdes dans notre quotidien, la notion de famille et tout simplement, d’humanité… Avec son générique de début phénoménal mais qui présente l’air de rien les principaux protagonistes de son récit, After Yang nous annonce d’emblée qu’au-delà de la technologie, ce sont surtout les liens humains qui l’intéressent. Et ici, le principal liant d’une famille banale est un androïde, qui arrête subitement de fonctionner. Prêt à tout pour sauver l’androïde qui officie en tant que seul lien avec le continent d’origine de sa petite fille, le père de famille va donc se lancer dans une course contre la montre pour sauver ce qui est plus qu’un androïde, mais un membre de sa famille à part entière. On pense beaucoup à Her de Spike Jonze dans la manière qu’a le film de dépeindre un futur esthétisé, mais dénué de voitures volantes ou d’autres fantaisies. En créant ce futur sobre mais élégant, où la transparence des surfaces dissimule les secrets et les peurs de chacun, Kogonada crée un cocon élégant qui donne envie de se perdre dans ce monde beaucoup moins pessimiste que dans les dystopies actuelles.
Et si l’on pouvait craindre un objet de cinéma froid et distant, la surprise est d’autant belle que c’est loin d’être le cas : à ce titre, After Yang est peut-être l’un des films les plus touchants de l’année.En se concentrant sur l’humanité et sa capacité à aimer, quitte à brouiller les frontières entre androïde et humain, le film réussit à toucher avec des sujets aussi universels que l’amour, l’amitié et la quête de connaissance, qui finira par l’emporter dans un épilogue doux-amer mais qui est la meilleure déclaration possible envers un androïde qui a peut-être vécu plus de vies qu’on pourrait le croire.
Avec son casting tout en nuances, mené par Colin Farrell loin de son surjeu en Pingouin chez The Batman récemment, et Justin H. Min (vu dans Umbrella Academy), le film nous fait rapidement nous attacher à une famille nucléaire à première vue, mais dont le délitement progressif n’apparaît que plus triste face à la difficulté de la situation. La mise en scène de Kogonada, posée mais pas poseuse, arrive à capter les émotions même infimes de chaque personnage pour nous plonger dans leur tête.
On ressort d’After Yang assez secoué par la force tranquille mais pourtant dévastatrice du film. Sans l’air d’y toucher, Kogonada aborde des thèmes simples mais sous un angle plus mélancolique et pourtant bienveillant. Cette nouvelle distribution d’A24 confirme d’ailleurs le flair du distributeur et producteur américain pour détecter la nouvelle génération de réalisateurs…
Titre Original: AFTER YANG
Réalisé par: Kogonada
Casting: Colin Farrell, Jodie Turner-Smith, Malea Emma Tjandrawidjaja…
Genre: Science Fiction, Drame
Sortie le: 06 Juillet 2022
Distribué par: Condor Distribution
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020