ATTENTION SPOILERS :
Cet article révèle certains rebondissements et nous vous conseillons sa lecture après le visionnage de la série
SYNOPSIS: Entrez dans les coulisses de la Maison Blanche où l’équipe du Président des Etats-Unis est sur le qui-vive pour gérer les problèmes les plus divers. A l’ordre de tous les jours : intrigues, crises diplomatiques, chantages…
A la Maison Blanche, c’est avant tout une chorale, une bande, un clan. Pour que Bartlet soit Bartlet, comme y invite l’épisode 19 de la saison 1, au-delà d’une équipe de conseillers qui accepte l’enjeu sacrificiel, il émane particulièrement de Josh, Léo, CJ, Tobby, Sam, Charlie, Donna un sens du devoir chevillé au corps, qui nous les rend si populaires, et avec pour chacun-e- d’entre eux de très belles évolutions, comme les longues fresques sérielles savent en proposer. Ils ont en commun d’être sacrément attachants, ce qui est une des raisons de la force et de la réussite de la série. Au-delà du dévouement, leur intégrité intellectuelle, leur sincérité, et un haut niveau de convictions viendront compenser quelques maladresses triomphantes, que les un-e-s récupèrent toujours pour les autres. Il est quasi impossible de hiérarchiser leur niveau d’importance dans la franchise, mais pour autant, il n’est pas possible de ne pas commencer par Léo….
Léo MacGarry (John Spencer), le chef de cabinet, secrétaire général de la maison blanche, Chief of staff par excellence, la tête pensante, l’organisateur, plus qu’un » Spin Doctor », sans agir à la place de Bartlet, il le protège, le tempère, l’oriente, passant par tous les sacrifices possibles, son couple, sa santé, et même quelque part sa vie. Léo est adoré, adulé et admiré par tous les autres conseillers, autant par la classe de ses tenues vestimentaires que par son empathie quotidienne et ses indéniables qualités de leader. C’est un peu « le meilleur d’entre nous » comme dirait l’autre. A la maison blanche, rien ne peut se décider sans lui. La série elle-même ne peut pas réellement exister sans lui. Il développera en particulier avec Josh Lyman, son adjoint, une relation paternelle de substitution, étant un ami de son père. « Léo saura quoi faire« , ou « Que ferait Léo ? » s’il n’est plus là, sont de véritables mantras de la série. Léo est allé chercher Bartlet pour la présidence, le protégera au péril de son intégrité, détaillant avec une bouleversante précision son rapport à l’alcool dans ce même épisode 10 de la saison 3. Il est aussi celui qui a toujours le bon mot quand il suggère tout en ironie que Bartlet gagnera comme jamais en popularité s’il flinguait lui-même Sharif devant les caméras, le terroriste ministre en mangeant ensuite un hot dog… Il connaît les pulsions mortifères de son peuple et l’hystérie morbide de celui-ci, qu’il contourne toujours avec flegme et sagesse. Il donnera un incroyable souffle au Président pour être lui-même, à savoir audacieux, voire radical (Épisode 19 saison 1), l’influencera, et ira le chercher en profondeur sur son rapport au pacifisme pour faire assassiner la pire des crapules terroristes dans la puissance de l’esthétisme de l’épisode 22 de la saison 3. Il sera poignant, attendrissant, fort comme un lion et malin comme un singe dans un rôle de candidat à la vice-présidence dans l’épisode 10 de la saison 7. Le plus dur sera le terrible conflit qui l’opposera à Bartlet, lui valant tout en même temps dans l’épisode 2 de la saison 6 un « J’accepte votre démission » du Président et le foudroiement d’une crise cardiaque dans les bois… Il reviendra en grâce jusqu’à ce terrible épisode 17 de la dernière saison. John Spencer qui joue Léo décède le 16 Décembre 2005. L’épisode qui suit, le 18 avec les funérailles nationales de MacGarry, demeure un bouleversement pour ses amis et collègues de la série, comme pour les téléspectateurs. Le meilleur d’entre nous est parti. John Spencer était dans nos maisons, nos cœurs et avec lui, s’en va tellement plus que son personnage de Léo. Son décès si brutal vaudra une réécriture des derniers épisodes et du dénouement de l’incroyable campagne toute la septième saison entre Matt Santos et Arnold Vinick. John Spencer est l’âme divine de cette série, son interprétation fut d’une force inoubliable, éternelle. Il remporta en 2002 un Emmy Award.
Josh Lyman (Bradley Whitford) est également au centre et au cœur de toutes les intrigues de la série. Il est arrogant, pénible et souvent comme un sale gosse immature, mais on l’adore, c’est peut-être même celui qu’on préfère. Il est intelligent, le sait, et s’il est détestable parfois, c’est aussi car il fait parfaitement ce qui lui est demandé, à savoir le rôle de stratège et de dézingueur en chef. Il va progressivement s’adoucir, au contact de Donna notamment, qui vaut la plus belle des romances de la série, tellement ils sont trop stressants et « so cute » la fois dans le sempiternel « fuis moi, je te suis » etc… à autant s’ignorer affectivement qu’à construire entre eux un lien tellement fort et hautement privilégié, qui montera en puissance d’une façon enivrante et amusante tout au long de la saison 7. Cette dernière qui verra aussi Josh aboutir et arriver à maturité aussi bien personnellement que professionnellement. Quand je serai grand, je serai… Léo pourrait-il porter en devise. Il sera pour Matt Santos ce que Léo était pour Bartlet. L’épisode 10 de la saison, 2 est une perle, où dans des suites post traumatiques de l’attentat subi par l’équipe, Josh qui devient dangereusement instable, sera récupéré émotionnellement par Léo dans un moment vibrant de la série. Dans cet épisode, comme dans tant d’autres, Bradley Whitford sera ébouriffant d’authenticité. Il recevra d’ailleurs lui aussi son Emmy, en 2001.
CJ Cregg (Alisson Janney), porte-parole de la Maison blanche, puis Secrétaire Générale (épisode 4, saison 6) à la place de Léo. Tout est dit dans cette renversante et vertigineuse évolution. Quand Léo ne peut plus exercer, tout le monde imagine Josh ou Toby pour le remplacer, mais Léo sait pertinemment que seule CJ aura la force et le détachement nécessaire pour faire une formidable secrétaire générale. Adulée légitimement par les fan-e-s de la série, son interprétation de « The Jackal » dans l’épisode 18 de la saison 1 est sensuellement à couper au couteau, sa romance avec le journaliste Danny Concanon est un modèle d’amour contrarié. L’épisode le plus marquant sera celui de la mort de Simon dans l’épisode 22 de la saison 3 avec le Hallelujah de Jeff Buckley, qui est d’une intensité émotionnelle marquante, déconcertante. Alisson Janney ici, comme durant les 7 saisons est brillante et bluffante dans ce qu’elle va déployer comme facettes. Tout sauf anodin ses trois Emmy Awards en 2001, 2002, 2004.
Tobby Ziegler (Richard Schiff), le Directeur de Communication de la Maison Blanche, c’est un peu le côté obscur de la force. Une plume, un talent, mais aussi une part d’ombre, une souffrance, des complexes de supériorité, et voulant toujours s’imposer comme la bonne conscience du Président. Cette accumulation le mènera un peu à sa perte, Toby, c’est le poète maudit. Il casse mais reconstruit toujours in extremis, avec Josh où il finira par jouer les judicieux conseillers de l’ombre pour Santos et bien sur avec Bartlet qui décidera dans un acte ultime fraternel de lui accorder la grâce présidentielle. Il y aurait tant à dire sur la complexité de Toby, mais aussi sur des valeurs éthiques puissantes et assez romanesques… Retenons l’épisode 10 de la saison 1 où il agira quasi en saint suite à la disparation trop anonyme selon lui d’un anonyme vétéran devenu SDF. L’épisode 17 de la saison 3 et une forme d’amourette impossible avec une poétesse, qui souligne à merveille les contradictions et fêlures du personnage. Les épisodes 1 et 2 de la saison 4 où en territoire hostile politiquement, dans l’Indiana, il devra dire régulièrement qu’il travaille à la maison blanche suite à un pari perdu avec Josh… Toby fend formidablement l’armure dans l’épisode 23 de la saison 4, ou tout nouveau papa de jumeaux, il va en substance leur dire à sa façon que c’est eux qui vont lui apprendre plein de choses. L’enfant est le père de l’homme, Toby le sait… Richard Schiff recevra son Emmy en 2000.
Et puis il y a Sam Seaborn (Rob Lowe), le beau gosse… Mais pas que, et loin de là. Adjoint au directeur de la communication, donc de Toby, il est la plus belle plume présidentielle. Idéaliste, utopiste, il apporte comme une douceur, une ouverture du champ des possibles. Il fera souvent référence aux étoiles dans ses discours, c’est Sam… Et puis, il y aurait tant à dire sur les formidables Charlie, le fils spirituel de Bartlet, Donna, Madame Landingham, Margaret, toutes trois éperdument dévouées et tant d’autres, mais tant d’autres… et toutes et tous terriblement attachant-e-s. C’est tout ça A la Maison Blanche, comme des poètes qui mènent des combats parfois perdus d’avance, mais le triomphe est toujours dans l’objet de la lutte. Tous ces héros qui rendent l’intelligence sexy nous font grandir.
« Thank you Great Staff »…
Crédits: NBC
La meilleure série de tous les temps. Merci de cette analyse qui nous incitera à la re-re-regarder.