Analyse

A LA MAISON BLANCHE : UNE SAISON CULTE

ATTENTION SPOILERS : 

Cet article révèle certains rebondissements et nous vous conseillons sa lecture après le visionnage de la série

SYNOPSIS: Entrez dans les coulisses de la Maison Blanche où l’équipe du Président des Etats-Unis est sur le qui-vive pour gérer les problèmes les plus divers. A l’ordre de tous les jours : intrigues, crises diplomatiques, chantages…

La saison 7 n’est pas d’un point de vue formel ou sur le contenu supérieure aux autres ou plus anthologique. Il s’agit selon nous d’une série culte de toute façon, donc partant de ce postulat, chaque saison, chaque épisode, chaque seconde est culte !!! Simplement, la saison 7 est absolument unique tant elle montre comme jamais jusqu’alors, sur la durée et dans les détails, et avec toujours l’intelligence folle qui caractérise A La Maison Blanche le déroulement d’une campagne électorale. Tout est passé au crible, et au-delà, tout est passé au révélateur. Une campagne électorale est un temps suspendu, un fil vertigineux, où tout va compter. Tout peut être prétexte à une fulgurance, mais surtout aussi à un effondrement. On ne sait pas toujours comment on la gagne, mais on sait tout le temps pourquoi on la perd. Alors, va venir se déployer un collectif, une chorale, qui va être comme un accélérateur, un exagérateur, une exacerbation de la vérité d’un moment et des hommes.Nous avions laissé Matt Santos dans le dernier épisode de la saison 6, comme le vainqueur d’une folle primaire, et donc investi candidat officiel du Parti Démocrate à la présidentielle américaine. Le meilleur d’entre nous, Léo McGarry sera son Vice-Président en cas de victoire. Ils vont affronter le redoutable Arnold Vinick, sénateur de Californie. Redoutable, car Vinick est un républicain modéré, l’antithèse au Trumpisme. A tel point que l’administration Bartlet, par la voix de Josh Lyman, lui avait proposé de devenir ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies (saison 6 Épisode 8). Il ne soutient pas les pro-avortement de son parti, ce qui lui vaut une popularité en demi-teinte au sein des institutions du parti républicain. Il choisit Bruno Gianelli comme directeur de campagne, redoutable stratège du…. Parti Démocrate, qui a dirigé la seconde campagne de Bartlet, et qui a su entre autres fait d’armes, faire élire un démocrate dans un endroit ou depuis 46 ans, le parti républicain régnait en maître. Il développera la stratégie des 50 états, pensant que Vinick était tellement fédérateur par sa pondération, son sens du… « en même temps », en quelque sorte qu’il pouvait tout remporter. Vinick est intelligent, modéré, caresse les têtes des enfants et salue les vieilles dames comme personne. Il  » fait  » président.


En face, Matt Santos, qu’il s’agisse de son mandat de conseiller municipal, puis de premier maire hispanique de Houston, a toujours été très actif et particulièrement dynamique dans le développement de nombreux programmes sociaux. Une fois élu au congrès, Il va militer activement pour le droit des patients, allant jusqu’à mettre son mandat en jeu. Son intégrité, ses valeurs, et son incroyable force de persuasion au service d’idées progressistes va convaincre Josh qu’il s’agit du bon cheval. Matt Santos est charismatique et dégage comme une…. force tranquille…. Les débuts de la primaire seront épiques et assez conceptuels même (Saison 6 Épisode 11) et viendront souligner l’éthique de Santos. Ses discours lors du congrès d’investiture seront brillants (Saison 6 Épisode 22) et amèneront Bartlet à trancher en sa faveur, afin que le parti démocrate valide ce choix. Une façon d’être en politique de Santos qui rappelle celle d’un certain… Barack Obama, ce qui est tout sauf un secret. La saison 7 décolle sur cette base, pour un affrontement épique, non pas de deux Amériques fracturées comme malheureusement ce jour, mais simplement de deux candidats très respectables qui jouent l’art des nuances. La violence n’est pas là, et la réflexion prend largement le pas. Justement, lors de cette saison, les thématiques vont être ici poussées, avec toujours éthique et conviction, qu’il s’agisse de le théorie de l’évolution, de l’avortement, du communautarisme, notamment du fait des origines de Santos qui lui ne veut pas s’en servir durant la campagne, du nucléaire, de l’économie et du sens des impôts, et plein d’autres… L’épisode 7, celui du débat, tourné en direct est un modèle du genre sur l’intelligence, la finesse d’analyse et la force des convictions des deux candidats. A ce petit jeu, une tirade de Santos sur ce qu’est le libéralisme fera forte impression.



Il y aura la possibilité d’un coup bas avec une mallette de Santos récupérée par Bruno, que Vinick décidera de rendre à son propriétaire. S’y trouve un possible scandale qui pourrait faire s’effondrer Santos (Épisode 14). Au lieu de le faire éclabousser, Vinick s’inquiétera directement auprès de Santos si celui-ci était élu des retombées du putatif scandale. On apprend que Santos n’est finalement pas concerné, mais ce qui est puissant ici est encore le niveau de déontologie de chacun des candidats et leurs refus de la facilité. Cette saison est purement idéalisée et malheureusement assez éloignée de la réalité et de la bêtise qu’offre parfois ce qui est mis en avant lors des campagnes électorales, le dérisoire, le populiste, et jamais le fond. C’est justement là que cette saison est puissante, forte, et porte un espoir d’élévation du niveau du débat public national. Et puis il y aura les histoires dans l’histoire, ce fameux révélateur de l’âme humaine, vu les enjeux de cette élection, avec comme une exacerbation des névroses de chacun. Le personnage de Louise, qui dirige la communication de Santos pendant la campagne va devenir très attachante, et évidemment l’incroyable évolution de la relation entre Josh et Donna, notamment dans l’épisode 16, qui est savoureuse et un peu comme pour Ross et Rachel dans Friends (1994-2004), où l’on se dit « enfin » !!! Ainsi que la solidité du lien entre Matt et Helen Santos.



La saison 7, c’est aussi une formidable leçon d’humilité au regard de la volatilité des destins. Entre les débuts champêtres de Santos vus dans la saison 6 et comment il va devenir une Rock Star (même Jon Bon Jovi va garder ses enfants à un moment !!) et Vinick, retournant à un cruel et vertigineux anonymat (épisode 20) après une défaite qui se joue à des micros-détails. L’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Santos l’en sortira car il veut sa compétence pour le poste de secrétariat d’état. Il y aura ce terrible épisode 17, qui verra la mort de Léo, après le décès de son interprété John Spencer, qui va nous émouvoir aux larmes, comme jamais une série n’aura généré autant de tristesse et de désolation. Et puis bien sûr le verdict des urnes et la passation de pouvoir et son cortège de bilans, d’évolutions personnelles, de nouvelles équipes, de nouveaux départs, qui vient marquer la fin de l’ère Bartlet. Celui-ci n’est plus Président, Léo est mort. La série s’arrête. Et justement, cette saison un peu à part, permet la réussite de la fin de la série, elle boucle la boucle, avec émotion et toujours avec son cœur battant, son leitmotiv, l’intelligence.

Crédits: NBC

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