ATTENTION SPOILERS :
Cet article révèle certains rebondissements et nous vous conseillons sa lecture après le visionnage de la série
SYNOPSIS: Selon Wikipédia, en moyenne 18 millions d’êtres humains partagent le même jour d’anniversaire à travers le monde. Mais il existe une famille, dispatchée entre New York et Los Angeles, dont quatre des membres sont nés le même jour ! Voici leur histoire drôle et émouvante…
Personnages tout sauf secondaires, chacun-e- à sa manière accompagne les Pearson, souvent au sommet de leurs névroses respectives. Et si on adore la série, il faut reconnaître que les sempiternels questionnements existentiels, les multiples prises de têtes ou autre tripatouillage psychoaffectif de chaque membre du big three, sont très souvent impossibles à accompagner ou même à comprendre. C’est donc une mission impossible qui attend Beth, Toby, Miguel, un peu le « big three » des produits importés… Jamais dans le cas de Beth, l’expression personnage secondaire n’aura aussi mal porté son nom. Première des personnages secondaires donc, elle est attachée à la famille de son Randall, autant qu’elle la fuit si c’est possible. A l’image de sa joie et de son empressement à ne pas être associé au fameux épisode 11 de la saison 2 de la thérapie familiale. Épisode qui d’ailleurs très habilement mettra évidemment au centre les Pearson dans leur thérapie, mais qui s’intéressera à Toby, Miguel et Beth et la façon dont ils considèrent leur rôle dans cette forme de chaos permanent. Beth à cet égard, c’est la patronne. Elle est le point d’équilibre et de stabilité de sa famille à elle avec Randall. Elle permet très souvent à son homme de rester à quai, tant elle le connaît, tant elle l’aime, tant aussi elle est forte. On le comprendra notamment dans l’épisode 13 de la saison 3, où elle rend visite à sa mère, et où toute sa malice, sa puissance de cœur, et quelques failles émergeront avec élégance et grâce, façon Beth en somme. Des épisodes qui permettent de sortir des turpitudes des Pearson, une vraie cour de récré. Notamment sur la saison 2, dans les derniers instants de la vie de William, père biologique de Randall, le lien qu’elle développera avec le papa mourant sera empreint d’une tendresse à fendre le cœur, d’une intelligence et d’une générosité affective à fendre l’âme. Dans la saison 3, elle traversa avec Randall la plus grosse crise du couple, quand celui-ci entamera une carrière politique, imposant à nouveau ses choix de vie à tous, et si on a pu craindre pour la pérennité de la relation, la force du lien et l’ouverture totale de ce qu’on a sur le cœur, permettra la préservation de leur trésor intime. L’épisode 17 de la saison 3 profitera de cette crise pour nous narrer leur rencontre, et c’est « so cute ». Beth aussi poursuivra son rêve en consacrant sa vie à la danse. Sur les derniers épisodes, elle irradie toujours autant. Susan Kelechi Watson donne à Beth ce charme délirant qui rend le couple formé avec Randall complètement iconique.
Toby, et son humour corrosif à plusieurs temps, qui lui donne un charme fou connaîtra lui aussi une très belle mais complexe évolution. Le »pote obèse » de Kate, comme il s’autoproclame dans l’épisode pilote sera finalement un amant et un mari hyper bienveillant et comme scellé à Kate, du moins jusqu’à l’arrivée des enfants, des soucis de job mais … chut…. Il sera notamment désopilant pendant que les Pearson se crêpent le chignon psychanalytiquement, dans le bar avec Beth et Miguel, enfilant les métaphores de Star Wars, dont il est un fan absolu, sur le rôle de chacun dans la famille. Dans l’épisode 5 de la saison 3, qui porte son nom, un peu comme pour Beth, nous sommes invités à sortir du cercle fermé de la famille, pour aller regarder du côté des squelettes dans le placard de Toby avec notamment une dépression quasi prématurée, tant il a dû jouer un rôle singulier auprès de sa maman, qui n’était pas le sien. Les épisodes 8 et 9 de la saison 5 montreront un Toby en mode super papa avant l’arrivée de Hailey et viendront notamment conforter toute l’empathie dont ce formidable personnage est doté. Quelle que soit la suite avec Kate, leurs destins sont liés dans une intensité jamais éteinte. Chris Sullivan donne à Toby une sensibilité magistrale et l’acteur développe avec énergie et tant de talent toute une série d’émotions, il est autant massif que bluffant de vérité.
Miguel, ou la position intenable à tenir, et pourtant. On finit largement par adhérer à l’impensable, et même on adore le couple formé avec Rebecca. La leçon de bienveillance est de comprendre que Miguel ne remplace son meilleur pote Jack, mais est finalement le mieux placé pour soutenir Rebecca. Comme d’hab avec This Is Us, ce qui paraît improbable, impossible, voir naze, ne l’est plus, quand tout est dit avec simultanément le cœur et l’intelligence. Et c’est ça Miguel et Rebecca. C’est cette formidable opportunité de se réinventer, de ne pas oublier, mais de franchir la montagne. On la voit derrière, elle nous sert, mais elle n’est plus un obstacle, et bel et bien un moteur. Leur façon ultra progressive de renouer le lien après le départ de Jack, mais aussi tout ce que Miguel met en œuvre pour accompagner Rebecca, y compris face au plus dur dans les dernières saisons… Vieillir ensemble est aussi le vrai amour, mais restons vague… C’est un amour si puissant qu’il en est renversant. Et ne parlons pas de l’épisode 15 de la saison 6… Non, n’en parlons pas… Jon Huertas est un Miguel tout en douceur, en sagesse et en émotions. Un jeu délicat et subtil de l’acteur permet à Miguel de devenir un pilier de la famille.
Et puis, il y a bien sur Déjà… Loin le temps où dans l’épisode 18 de la saison 2, Déjà détruisait la voiture de Randall (dont il est si fier car payée cash…) à coup de batte de baseball, elle rependra au fil des saisons une très belle place, et même centrale sur les deux derniers épisodes. Nicky l’oncle, qui suivra lui aussi une très belle trajectoire résiliente, incarnant à lui seul ce que peut être l’espoir. Madison, qui de fausse boulimique bien bien psy va intégrer la famille avec douceur et finesse. Sophie, l’amour d’enfance de Kevin, semblant incarner l’impossible (peut-être pas tant que ça…) éternité d’un amour… Et enfin, l’incroyable maître de sagesse qu’est docteur K, qui trouve toujours les mots, qui est presque le premier à nous faire pleurer quand il met en balance dans le pilote que le couple ne les connaît pas et que pourtant, il va être l’acteur principal de la plus importante journée de leur vie…. La naissance des trois… Rien d’étonnant qu’on le retrouve également, toujours aussi bouleversant de vérité tout à la fin. This is us ne serait rien sans tous ceux-là, et encore de nombreux autres. Au-delà d’être des faire-valoir, ils permettent autant à nous qu’aux membres de la famille de se décentrer, apporte justement une critique habile et fine du fonctionnement parfois clanique des Pearson. Clairement, eux aussi, ils sont nous, eux aussi c’est This is us.
Crédits : NBC