SYNOPSIS: 1988. Erin, MacKenzie, KJ et Tiffany sont quatre adolescentes. Elles distribuent des journaux afin d’avoir de l’argent de poche. Au cours de leur tournée, elles se retrouvent plongées dans une guerre entre factions. Elles voyagent alors dans le temps et découvrir ce que l’avenir leur réserve.
Nous sommes dans les années 80. Une bande de jeunes à vélo est emportée dans une guerre aux proportions qui les dépassent, le tout accompagné d’une pluie de références cinématographiques et d’une BO digne des meilleures mixtapes de l’époque. On dirait, mais nous ne sommes pas dans Stranger Things. D’ailleurs, Paper Girls ne partage pas grand-chose avec Stranger Things à part ces quelques prémices, alors que beaucoup s’évertuent à voir un lien fondamental entre les deux shows. En adaptation de la série de bandes-dessinées de Brian K Vaughan et Cliff Chiang, la série est proposée par la plateforme Prime Vidéo en cet été 2022. Le terme « Paper Girls » prend le contre-pied féminin du nom « Paper Boy » autrefois attribué à ces jeunes livreurs de journaux à vélo dans les petites bourgades américaines. On suit quatre jeunes filles pendant leur livraison habituelle le soir d’Halloween en 1988 : Erin, KJ, Tiff et Mac. Alors que le ciel devient inexplicablement violet et qu’elles se retrouvent face à des évènements surnaturels, les filles sont alors propulsées en 2019. Confrontées à leur futur et à une guerre temporelle avec laquelle elles n’ont rien à voir, les Paper Girls cherchent alors le moyen qui va leur permettre de remettre leurs vies en ordre. Car au cours des 8 épisodes qui composent cette première saison, Paper Girls porte beaucoup de visages. A la fois série de SF sur une lutte acharnée entre deux armées aux technologies de pointe, drame temporel à base de discussion avec son soi-futur et de découverte de son identité et teen-movie peuplé de punchlines fleuries, cette adaptation démarre avec un sacré boulet au pied. En essayant d’installer autant de pistes tout en rendant son univers le plus tangible possible, la série titube dans son introduction. Les deux premiers épisodes, assez déconstruits et souffrant de problèmes de rythme, désarçonnent sérieusement, pour venir se faire secourir par les suivants.
Lorsque le concept du show et ses véritables enjeux se dévoilent (au moment où les liens entre les quatre protagonistes se dessinent, globalement), Paper Girls finit par se montrer très attachante dans son approche. En particulier grâce à ses personnages qui s’étoffent au fur et à mesure que l’intrigue avance, proposant des thèmes et sujets sérieux que la série égraine. Le personnage de Mac, garçon manqué au franc-parler terrible (qui ne se caractérise elle-même que par son origine sociale pendant les premiers épisodes, chose qui finit heureusement par se tasser assez vite), connaît des rebondissements assez étonnants dans les éléments qu’elle apprend sur le déroulé de sa vie. Pareil pour KJ qui dispose d’une intrigue personnelle très juste, l’amenant de manière plutôt intelligente à réfléchir à son identité. Erin et Tiff connaissent elles des chemins similaires, apprenant à connaître leurs elles-futures, toutes les deux pas vraiment conformes à leurs attentes respectives. De quoi occasionner de jolies scènes de dialogues sur les choix qu’on fait, sur les désillusions qu’on traverse et sur la violence de certains environnements sociaux. Si le genre n’est jamais révolutionné par la proposition et si certains dialogues provoquent quelques ricanements par leur côté cheesy, Paper Girls réussit tout de même à stimuler son visage SF, jusqu’à nous offrir des robots géants, des paradoxes temporels et même des dinosaures (!). Sa mise en scène manque clairement d’ampleur et d’idées visuelles (un peu plombée par un budget effets spéciaux pas énorme, même si relativement convenable pour une série de cet acabit), mais se laisse guider par un casting fonctionnellement imparfait.
Le quatuor central, composé par Riley Lai Nelet, Sofia Rosinsky, Fina Strazza et Camryn Jones, fait figure de cœur de la série, pas tout le temps impeccable mais très juste sur les phases les plus importantes. Leurs relations, leurs coups de chaud, leurs engueulades, leurs retrouvailles et leurs désaccords donnent le tempo de la série par la complémentarité de leurs personnages qui prend relativement bien à l’écran. On y trouve aussi Ali Wong, Nate Corddry et Adina Porter dans des rôles divers sur le parcours temporel des filles, ainsi qu’une place de choix pour Jason Mantzoukas, toujours très cool à retrouver.
En adaptation timidement colorée de la bande-dessinée très colorée du même nom, Paper Girls reste une proposition attachante qui dévoile son charme lorsqu’elle prend le temps de s’intéresser plus précisément à ses personnages et aux épreuves qu’ils sont amenés à traverser. Même si la série reste très bavarde et souvent en surface de ses thèmes, le quatuor central – pas avare en péripéties en tous genres – donne le ton en offrant un récit singulier de voyage temporel. Paper Girls manque encore de peps pour pouvoir conquérir intégralement son spectateur, mais elle peut alors lui laisser quelques jolis moments intimistes et une galerie surprenante de personnages de plein d’horizons différents. Avec des dinosaures en bonus.
Crédits: Amazon Prive Video France