ATTENTION SPOILERS :
Cet article révèle certains rebondissements et nous vous conseillons sa lecture après le visionnage de la série
Selon Wikipédia, en moyenne 18 millions d’êtres humains partagent le même jour d’anniversaire à travers le monde. Mais il existe une famille, dispatchée entre New York et Los Angeles, dont quatre des membres sont nés le même jour ! Voici leur histoire drôle et émouvante…
Numéro 2 du « Big Three », ce qui est tout sauf un hasard, tant Kate, dans ce rôle charnière du milieu et en tant que fille entre deux frangins, a souvent essayé de faire tiers ou du moins, d’apaiser les tensions viriles et fraternelles de Kevin et Randall, quand Kate elle-même n’était pas occupée à gérer ses propres turpitudes. Moquée pour son poids et son apparence par d’autres à la piscine (Saison 1, épisode 4), les premières blessures assassines de l’enfance. Une comparaison permanente à sa mère, reine de beauté simple et de grâce discrète n’arrangera pas l’affaire. Adolescente, un petit ami horrible (saison 4, épisode 14) de cruauté la complexant encore et toujours. Le tout va forger progressivement une rage qui va lever son ancre à l’adolescence de Kate, et la jeter régulièrement en pleine figure de sa mère. Si le lien entre Randall et Rebecca était une redoutable diagonale très puissante, celle que forme Kate avec son papa Jack est également très œdipienne tant la force du lien est puissante, et tant son père est son héros éternel (Cf le rêve de Kate Saison 3 épisode 3). Toby, son premier prince charmant le sait et souffrira parfois de tenter la comparaison. Jack dira souvent à sa fille « qu’elle est la plus belle du monde », y compris la veille de l’incendie tragique, jour de la finale du Super Bowl (Saison 2 épisode 13).
Kate portera bien longtemps, toute sa vie en réalité, la culpabilité de la tragédie familiale. Alors que tout le monde est sain et sauf après l’incendie, elle suppliera son père d’aller récupérer Louie le chien de la maison. Jack, héros de sa fille pour l’éternité sauvera l’animal. Tout le monde semblera indemne, sauf que cette exposition en trop, ces inhalations supplémentaires seront fatales… Elle perd son héros absolu et se retrouve comme coincée face à cette mère qu’elle ne sait pas encore comment aimer et qu’elle jalouse et les deux frangins qui jouent au coq à peu près tout le temps. Là ou Kevin va se remplir d’alcool, Randall de maîtrise, Kate va se diriger vers la nourriture sans contrôle, sans répit, violemment, se remplir pour ne pas mourir. Faire un choix de bad guy, avorter sans en parler à quiconque. Jack n’est plus là pour la sauver. C’est alors que Toby qui fait le clown dans un « groupe de gros », thérapie collective permettant le partage, va séduire Kate, et la faire rire, et nous avec pendant des années. Ces deux là eux aussi vont devenir assez indissociables et très touchants dans notamment leur quête de parentalité. Le mariage (Saison 2, épisode 18) permettra à Kate de tenter de faire la paix avec du moins selon elle, la trop grande présence de sa mère, et la trop grande absence de son père, afin de s’en remettre à Toby, aller de l’avant et construire sa propre histoire. Kate sera maman, là encore dans un chemin parsemé d’épines, naissance prématurée, cécité du petit Jack, culpabilité de Kate. Autre enfant pour relancer un couple, tenter de faire famille, adoption de Hailey. Usure du couple, n’en disons pas trop, mais une des love story les plus en vues de la série sera en grand danger…
Mais ce qui est fort avec Kate, et qui vaut aussi pour les deux frangins, c’est bien cette résilience qui va la guider durant les 6 saisons. Kate sera tentée de s’effondrer parfois, se montrera même par moment un tantinet exaspérante dans des sur-questionnements existentialistes, mais ne pouvant finalement s’empêcher de s’infliger des mutilations émotionnelles, comme des scarifications affectives. Mais finalement, c’est peut-être celle des trois qui va avancer le mieux, sur la voie d’une forme d’apaisement. La musique à tout point de vue jouera une telle importance… Transmission maternelle notamment, il faut entendre Kate reprendre Time after time (1983) de Cindy Lauper (Saison 1, épisode 3), elle la réenchante, la réinvente. Une histoire filiale, tant Jack, le fils de Kate va bien apprendre cette leçon, devenant une rock star. Il a aussi sa très forte chanson avec Mémorized en scène de fin de l’épisode 1 de la saison 4, faisant d’ailleurs un bouleversant lien entre les débuts contrariés de chanteuse de Rebecca, sa grand-mère, alors que lui, et c’est un formidable hommage est en pleine gloire. Kate c’est aussi celle qui quand elle joue à replacer la queue de l’âne, sorte de Colamaya avec un tableau, arrive toujours à retrouver ou positionner la traîne du baudet car elle entend toute la famille discuter et se repère aux sons. Elle en tirera une sacrée leçon : « Tant que je sais où vous êtes, je sais toujours où je vais… »… Tout est là pour les Pearson… Ou encore, confidente privilégiée de Kevin, son jumeau, à qui elle dit : « Kevin, je te connais depuis le jour de notre naissance, enfin à part pendant deux minutes au début. Tout ce que tu as essayé, tu l’as toujours réussi . » La sœur rêvée…
Chrissy Metz c’est un physique, une voix, qui a fait naître Kate. Comme les 4 autres principaux protagonistes de cette série, elle donne vie et identité à son personnage et l’authenticité de son interprétation est bluffante. Elle incarne avec une émotion de chaque instant l’intelligence de la sacralisation de l’altérité. Une interprétation majeure. Force d’un parcours ou d’un épisode pilote où Kate empêtrée dans sa boulimie semble désespérée et affectivement explosée, devient une fabuleuse maman, une fille aimante de sa mère, en paix avec les siens, car en paix avec elle-même. C’est toute cette leçon de Kate qui fait de l’adage paternel qu’elle remémore à Kevin : « Rappelle-toi ce que disait papa… : Quand on a avalé la pilule la plus amère qui soit, on la transforme en sucre d’orge ». Kate c’est la voix de son père, et tellement plus encore, c’est un parcours d’espoir, un destin qui fait du bien. Ou comme dans l’épisode final et le génie de papa Jack qui met en scène le « big three », alors tout petit, après Kevin et avant Randall, Il y a eu Kate et maman a dit « Ouahhhh »….
Crédits: NBC