Critiques Cinéma

NO COUNTRY FOR OLD MEN (Critique)

SYNOPSIS: A la frontière qui sépare le Texas du Mexique, les trafiquants de drogue ont depuis longtemps remplacé les voleurs de bétail. Lorsque Llewelyn Moss tombe sur une camionnette abandonnée, cernée de cadavres ensanglantés, il ne sait rien de ce qui a conduit à ce drame. Et quand il prend les deux millions de dollars qu’il découvre à l’intérieur du véhicule, il n’a pas la moindre idée de ce que cela va provoquer… Moss a déclenché une réaction en chaîne d’une violence inouïe que le shérif Bell, un homme vieillissant et sans illusions, ne parviendra pas à contenir… 

Avant de devenir ce film culte que nous savons et de remporter entre autres 4 oscars, No country for Old Men c’est d’abord un livre éponyme de l’écrivain américain Cormac McCarthy, publié en 2005. Le titre No Country for Old men, ou Non ce pays n’est pas pour le vieil homme est extrait de la première phrase du poème irlandais Sailing to Byzantium (1928) de William Butler Yeats. A ce propos, Joel Coen :  »Le titre le traduit bien : l’histoire parle en partie de la vision du monde de Bell (Tommy Lee Jones), de sa perspective sur le temps qui passe, sur le fait de vieillir, sur les choses qui changent. » Avec No country for old men, l’on retrouve pèle mêle ce qui traverse l’œuvre des Coen, entre l’humour absurde, la violence sans concessions, le poids de la fatalité dans l’existence, la cocasserie des rencontres et il y aurait encore trop à dire !!! Moss connaît une vie assez morne, terne, aux confins de l’inutile. Ça va durer deux minutes avec le rythme fou d’intensité qu’il va connaître ensuite. Javier Bardem, dans le rôle d’Anton, format ange de la mort, est totalement flippant. Il est glaçant dans son détachement avec cette blancheur faciale post mortem dans son habit noir. Il donne l’impression dès les premières minutes de pouvoir faire n’importe quoi à n’importe quel moment. Il a une gueule, et l’utilise. La caméra le magnifie. Sa devise pourrait être une des strophes du poème qui a inspiré le titre du film, où il est écrit : « Tout ce qui est engendré, naît et meurt.  »



L’écriture cynique est jouissive. C’est un plaisir de l’intelligence à chaque scène, c’est du lourd, c’est du brut, c’est du bon. Chaque scène, c’est toute une histoire. L’humour à froid est à l’image du gun lunaire d’Anton, c’est du chirurgical, c’est discret, mais terriblement efficace. Cet humour induit, qui théorise l’absurde, irriguera tout le film, et quasi toute la filmographie des réalisateurs. No country for old men  intervient dans l’œuvre des frangins après deux comédies Intolérable cruauté (2003) et LadyKillers (2004). Ils renouent ici avec l’esprit de Fargo (1996) où ça flingue à tout va, et où on se marre sans arrêt. Les frères Coen quoi !! « De mort naturelle, au regard de leur activité« , dit le sheriff Bell à propos de dealers assassinés. Lui et sa génération sont déphasés et dépassés par le signe des temps. La drogue et les sommes folles d’argent qu’elle génère rendent fous, et autorisent tous les excès de violence. Plus de principes, plus de respect, le vieux Bell est de plus en plus vieux. Non ce pays n’est pas pour le vieil homme dit le titre du film. « Les rêves sont toujours intéressants pour celui qui les fait ». Le film est ponctué de pépites du genre. Ce qui le rend culte est cette façon toute singulière de décrypter chaque moment, d’en tirer une philosophie et de pousser la réflexion, mais jamais avec un usage superflu du langage. C’est un peu tout ça les frères Coen. Un ciselage dentelé des personnages et des situations, où rien n’est laissé au hasard.



Ce triptyque dans leur évolution respective reprend en somme l’idée de l’anthologique Le bon, la brute et le truand  (1966), avec respectivement le sheriff Bell, Anton, et Moss. Des personnages emblématiques, charismatiques, et avec chacun un système de valeurs qui est disséqué dans une précision d’horloger suisse, qui permet au film un propos d’une subtilité jubilatoire. Il existe dans No country for old men de précieuses anecdotes qui raviront les puristes. Comme savoir que la fameuse mallette est la même que dans Fargo (1996), réalisé par les deux frangins, ou le numéro d’une chambre d’hôtel, le 114, clin d’œil fétichiste à la cinéphilie car chiffre régulièrement utilisé, notamment par Kubrick dans Orange Mécanique  (1971), ou sur l’ampli dans Retour vers le futur (1985).



Javier Bardem est ahurissant… Totalement à contre-emploi. Quel coup de maître d’avoir pensé à lui pour Anton. Un des plus grands psychopathes tueur de l’histoire du cinéma. Tommy Lee Jones est comme bouleversant dans sa sidération. Il est le grand témoin des réalisateurs dans un désenchantement clinique que l’acteur incarne du fond des yeux. Josh Brolin, avec un personnage tout en moyennitude, nous amène avec lui dans cette envie irréaliste de résilience.  No country for old men, c’est du cinéma total, entre polar, western, humour noir, tout y passe, pour une des plus brillantes pépites des frères Coen. C’est un peu comme si le meilleur de l’œuvre de Ford et de Léone se réunissait ici pour un esthétisme autant sur le fond que la forme. C’est crépusculaire et d’une intensité visuelle de chaque instant, du cinéma puissant, inoubliable et en vrai un peu magique…

 

 

Titre Original: NO COUNTRY FOR OLD MEN

Réalisé par: Joel et Ethan Coen

Casting : Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin …

Genre: Thriller, Drame, Western

Sortie le: 23 janvier 2008

Distribué par: Mary-X Distribution

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