MATCH POINT (Critique)

Par Pierre Chamb le juillet 12, 2022 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Jeune prof de tennis issu d’un milieu modeste, Chris Wilton se fait embaucher dans un club huppé des beaux quartiers de Londres. Il ne tarde pas à sympathiser avec Tom Hewett, un jeune homme de la haute société avec qui il partage sa passion pour l’opéra.Très vite, Chris fréquente régulièrement les Hewett et séduit Chloe, la sœur de Tom. Alors qu’il s’apprête à l’épouser et qu’il voit sa situation sociale se métamorphoser, il fait la connaissance de la ravissante fiancée de Tom, Nola Rice, une jeune Américaine venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre…

Les succès de Woody Allen au cours de la dernière décennie ont une forte tendance à montrer des romances ratées avec, en arrière-plan les principales villes d’Europe. Avant de nous faire voyager à Rome, Paris ou Barcelone, Woody Allen nous emmène ici dans les quartiers riches de Londres, où il affiche plusieurs thèmes qui lui sont chers comme l’argent, la cupidité, l’amour, et l’importance de la chance dans le succès et le bonheur de la vie. Les personnages principaux sont extrêmement bien présentés, transparents et accessibles. Tout cela bien sûr, agrémenté d’un bon vieux charme et teinté d’humour britannique. L’histoire commence avec Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyers), ancien joueur de tennis professionnel qui donne maintenant des cours dans une prestigieuse académie de Londres. Cet homme, ultra-égoïste, égocentrique et excellent manipulateur, va faire la rencontre de Tom Hewett (Matthew Goode), un homme très riche de la classe supérieure. Les deux hommes vont se lier d’amitié et Chris va alors être immédiatement plongé dans le monde des « puissants », il va se lier avec les parents de Tom (Brian Cox et Penelope Wilton) et nouer des sentiments avec la sœur de Tom, Chloé (Emily Mortimer). Cette dernière est de nature, très ouverte, amicale, naïve et crédule. En découvrant ses traits de caractère, il va entamer une relation avec elle en sachant pertinemment que cela va lui ouvrir les portes de l’élite des cercles aisés de Londres. Et tout cela fonctionne à merveille jusqu’à ce que Chris rencontre Nola Rice (Scarlett Johansson), la fiancée de Tom. Une femme capricieuse et passionnée qui lutte pour devenir une actrice à succès, quelqu’un de très sensible. Chris ressent une attirance immédiate pour Nola et ils commencent finalement à se voir dans le dos de leurs proches. Cette affaire va durer plusieurs mois alors que Chris continue de tester sa relation avec sa femme.

C’est là que réside le conflit moral de Chris. En plus des perspectives financières et professionnelles que Chloé et sa famille ont à offrir, il semble vraiment aimer Chloé – tout en se languissant du corps de la petite amie de son frère. Par un après-midi pluvieux dans la propriété de campagne des Hewett, il parvient enfin à satisfaire ses pulsions sexuelles, mais Nola disparaît de sa vue après qu’elle et Tom se soient séparés. Des mois plus tard, une rencontre fortuite rapproche à nouveau Chris, maintenant un homme marié, et Nola. D’abord réticente à reprendre leur liaison, Nola finit par céder. Ils entament une affaire torride qui aura des conséquences tragiques… Toute l’intrigue du film s’articule autour de la narration de Chris, concernant une balle de tennis et comment, lorsqu’elle touche le filet, elle peut passer ou non. La chance a tout à voir avec Match Point et tous les personnages qu’il contient. Au début, il est un peu difficile de voir ce que Woody Allen fait avec cette idée de « chance », mais les choses s’accélèrent lors de la dernière demi-heure, et nous réalisons alors ce qu’il avait prévu depuis le début.

Une fois de plus, Woody Allen nous prouve qu’il est toujours capable de créer des films incroyables. Match Point est l’un de ces films, un thriller qui ne ressemble à rien de ce dont il nous avait habituer à voir. Il manipule le spectateur, nous présente des personnages qui ne seraient normalement pas très attachants du tout, même s’ils finissent par se retrouver dans nos bonnes grâces.  En termes de performances, Woody Allen est toujours capable d’extraire une profondeur incroyable de ses acteurs, et Match Point ne fait pas exception. Jonathan Rhys-Meyers, dans ce qui est vraiment son premier vrai rôle principal, est parfait pour Chris Wilton, comme si le rôle avait été écrit rien que pour lui, semblant évoluer de manière à correspondre au sentiment croissant de désespoir de son personnage. Il a le visage de quelqu’un qui cache quelque chose, et il trouve tous les bons niveaux d’émotion.

Scarlett Johansson, dans une autre performance de haute volée, commence comme la petite amie qui ne veut pas risquer de perdre son amant, au profit d’une « autre femme « intrigante et hystérique. Alternant avec une égale aisance entre femme fatale et objet sexuel, Scarlett Johansson livre ce qui est probablement l’une de ses performances les plus efficaces. Match Point dissèque tout un éventail d’émotions humaines : amour, luxure, dévotion, tromperie, culpabilité, générosité et égoïsme. C’est une fable sombre, mais intelligente qui nous montre que le hasard peut amener des personnes et des circonstances dans nos vies, mais mis à part les décès et les catastrophes assorties, il nous appartient en fin de compte de tirer le meilleur – ou le pire – de ce qui se présente à nous. 