SYNOPSIS: Leo Castaneda est espagnol, il vit à Bruxelles, où il conduit les métros de la ligne 6. Un soir, il croise le regard d’un jeune homme au bord du quai. Des yeux fiévreux de détresse, un visage familier… Leo reconnait son fils Hugo, lorsque celui-ci disparait tragiquement sur les rails ! Leo qui ne l’avait pas revu depuis plus de deux ans, va découvrir qu’Hugo était impliqué dans un braquage sanglant. Il va devoir affronter de violents criminels pour tenter de comprendre les raisons de la mort de son fils.
Le réalisateur Giordano Gederlini, pour son deuxième long métrage, puise une inspiration toute personnelle, ce qui n’est pas fréquent pour un polar de ce genre, à propos notamment de son personnage principal : « Il est en exil, ce que j’ai vécu avec mes parents. Castaneda est sûrement lié à la figure de mon père qui a été abimé par le coup d’état au Chili puis a reconstruit sa vie en Europe. » Il est à noter, et ça compte, que Giordano Gederlini faisait partie des auteurs du film de Ladj Ly, Les Misérables (2019). Ça vous pose un scénariste. Il est également adorateur de l’esprit noir de certains James Gray, comme Little Odessa (1994). Bon, et puis c’est vrai aussi que quand Olivier Gourmet est dans un film, c’est un gage de qualité quasi assuré. D’emblée ce qui saisit dans Entre la vie et la mort , s’incarne dans le caractère sombre et désabusé, la noirceur ancrée de deux des principaux protagonistes, aussi bien Léo le papa (Antonio de la Torre), que Virginie la flic (Marine Vacth). Qu’il s’agisse de leurs regards un peu perdus, en quête d’un ailleurs que de leur voix respective, éraillée et parfois hasardeuse, ce qui va devenir leur croisement ou confrontation sera fatalement un face à face nerveux, en tension. Comme Olivier Gourmet est dans le film le chef mais aussi le papa de Virginie, on est un peu dans un film de darons, et ça on aime bien.
Moins speed et haletant, mais avec la même énergie qu‘A bout portant (2010) de Fred Cavayé, la trame d’un mec qui n’a rien demandé à personne mais qui se retrouve coincé entre des truands bien salauds et des flics bien vénères, génère l’empathie et apporte une once d’espoir dans un univers chaotique. Au moins, avec Léo comme pour Gilles Lellouche dans le film susnommé, on est sûr de savoir où se situe le côté non obscur de la force. Une scène de grenade qui pète, à tout point de vue ; Des moments de baston façon Matrix qui aurait mangé trop de frites, mais justement d’un réalisme hyper crédible. Des dialogues virils assez minimalistes, mais propre au genre ; Une lumière volontairement mal éclairée, même dans les quelques scènes de jour font de Entre la vie et la mort un polar très brut, hautement réaliste et où l’on s’ennuie finalement très peu. Sur la mise en images justement, l’idée du polar est omniprésente. Giordano Gederlini : « On a choisi des focales vintages qui marquent la lumière : cela signifie que le film est vu à travers une caméra, pas par l’œil humain. » Les sous-intrigues que nous tairont ici alimentent avec une belle justesse l’intrigue principale. Le scénario n’est pour autant pas labyrinthique, car typiquement c’est le genre de films où d’habitude il y a au moins un quart d’heure où on ne pige pas tout, et bien là non, c’est étonnement fluide, et sans que l’on soit en PLS, on a quand même très envie de savoir comment tout cela va se dénouer !!
Le réalisateur dit avoir prit un soin très particulier pour échanger notamment avec Antonio de la Torre et Marine Vacth sur la noirceur assez prégnante qui émane de leurs personnages. Clairement, c’est une réussite aussi à cet endroit-là. Très belle performance d’Antonio de la Torre, super connu et apprécié dans son pays, c’est ici pour lui une première dans un film en Français. Son réalisateur dit à propos de lui : « Il a aussi perdu neuf kilos, il a fait toutes les scènes d’action lui-même, il a appris à conduire un bus, bref, c’est un gros bosseur. Il est très précis, très exigeant« . Tout ça est évident à l’écran, il est assez hypnotique, dans un rôle taiseux ou justement il fait passer de nombreuses émotions par le non verbal, et comme il a une vraie gueule, ça tombe pas mal.
Olivier Gourmet est dans son couloir de nage, et c’est parfait. Personnage un peu en second plan, il n’en demeure pas moins que sa présence apporte une chaleur, ce truc réconfortant dur à exprimer donc chut. Marine Vacth, dans un registre où on ne la connaissait guère, excelle et porte aussi parfaitement sur elle et en elle une colère sourde très intériorisée. Son interprétation est un régal de froideur, elle s’inscrit à merveille dans la commande de son cinéaste. Au final, Entre la vie et la mort est un polar qui coche toutes les cases du genre, avec une belle vitalité, et dont l’authenticité donne tout le sel. Un très bon moment, qui a le mérite dans son rythme haletant mais tout en justesse de passer finalement à la vitesse de la vie.
Titre Original: ENTRE LA VIE ET LA MORT
Réalisé par: Giordano Gederlini
Casting : Antonio de la Torre, Marine Vacth, Olivier Gourmet …
Genre: Thriller, Drame
Date de sortie: 29 Juin 2022
Distribué par: Le Pacte
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020