ENTRETIENS

CONFÉRENCE DE PRESSE BUZZ L’ECLAIR

A l’occasion de la sortie évènement du nouveau film de l’écurie Pixar (et le premier depuis le début de la pandémie à sortir en salles au lieu d’être – comme Soul, Luca et Alerte Rouge avant lui – une exclusivité Disney+), nous avons pu être présents lors de la conférence de presse en présence de l’équipe française de Buzz l’Eclair. François Civil (Buzz), Lyna Khoudri (Izzy Hawthorne), Michaël Grégorio (le chat Sox), Chantal Ladesou (Darby Steele) et Tomer Sisley (Mo Morrison) ont répondu aux questions de la presse. Voici un compte-rendu de cet entretien :



Comment vous êtes-vous retrouvés dans l’aventure Buzz l’Eclair, François ?

François Civil : On m’a proposé de passer un casting pour faire la voix de Buzz l’Eclair. Evidemment, j’étais ultra excité parce que je suis fan du personnage de Toy Story et de Pixar. Et en même temps, j’étais très intrigué de savoir ce qu’allait être le pitch du film, parce que c’était très secret. Je suis allé passer les essais en n’en savant pas beaucoup. Ça a fonctionné et c’est en arrivant le premier jour de l’enregistrement qu’on m’a expliqué que j’allais jouer le Buzz qui a inspiré le jouet. On prenait la tangente assez radicalement par rapport à l’univers de Toy Story parce que c’est vraiment un film d’exploration spatiale, un space opéra. C’est la première fois que Pixar s’attaque au genre. J’étais comme un gamin de découvrir tout ça.




C’est une première expérience en doublage pour vous, Chantal.

Chantal Ladesou : Oui, effectivement. Je rêvais de faire un doublage de dessin animé. On m’a proposé de faire les essais, et je suis ravi. Je me suis beaucoup amusé et j’ai trouvé ça très agréable.



Michaël, ce n’est pas votre première fois en doublage.

Michaël Grégorio : Moi j’adore le doublage, j’en fais depuis quelques années. A chaque fois, au démarrage, on ne sait pas trop ce que ça va donner. Donc on nous montre des scènes, le directeur de plateau vous raconte le personnage, et puis on se lance. Par rapport à un tournage classique où on construit un personnage en amont, ici on découvre tout sur place.



Tomer, comment on passe après la voix de Taika Waititi qui incarne votre personnage dans la version originale ?

Tomer Sisley : Il faut d’abord l’écouter parce qu’elle donne une note. Faire une version française implique un travail d’adaptation. En français, on n’a pas la même musique dans les dialogues ni les mêmes accents toniques aux mêmes endroits. On ne peut donc pas copier ce qui a été fait en version originale parce que ça ne marcherait pas. Il faut donc s’approprier le personnage. Et puis, le travail de doublage est beaucoup plus contraignant que sur un plateau de tournage classique, parce qu’en plus du texte, on a le timing exact du texte et il faut que ça colle aux labiales. Donc l’idée, c’est de trouver dans ces contraintes la liberté nécessaire pour prendre du plaisir et pour créer une nouvelle version.



Lyna, comment avez-vous vécue cette expérience assez particulière ? Est-ce qu’on travaille ce personnage comme un personnage normal ?

Lyna Khoudri : Pas vraiment comme un personnage normal, parce qu’on n’a pas de scénario en amont ni de « construction de personnage ». Pour moi, c’était hyper amusant. J’ai trouvé une vraie liberté dans les expressions du visage que je ne peux clairement pas faire au cinéma. Je me suis sentie libre dans mon corps, de pouvoir sauter, faire des grimaces…



François, qu’est-ce que vous aimez dans le personnage de Buzz ?

FC : J’adore Toy Story en général. Et je trouve folle l’idée d’avoir d’un jouet qui n’a pas conscience d’être un jouet et qui se pense réel. Quand son monde s’écroule, qu’il comprend que son laser n’est qu’une lumière et qu’il n’est pas capable de voler, c’était magnifique. Et aussi, je suis fan de Richard Darbois qui fait la voix de Buzz le jouet. Il a aussi fait Batman dans la série animée que je regardais tout le temps, il joue le Génie dans Aladdin… C’est vraiment un comédien de doublage que j’admire énormément. Dans ce film, Buzz commet une erreur au début qu’il a envie de réparer. Il a une envie de se dépasser, de bien faire, il est courageux et très loyal. On suit une sorte de parcours initiatique où il a l’impression de pouvoir tout assurer tout seul, et puis en rencontrant la Zap Patrouille il se rend compte qu’il y a beaucoup de force dans le collectif et dans l’union. Je trouve ça super comme valeur à défendre.

On retrouve d’ailleurs une sonorité qui évoque la voix de Richard Darbois dans votre travail.

FC : Le personnage du jouet et le travail de Richard Darbois sont tellement iconiques que je ne pouvais pas essayer de l’imiter. Et c’est aussi assez loin de ce que fait Chris Evans dans la version originale. Donc il fallait à la fois que je respecte sa création et que j’ai en tête la voix française originale. Et après, il était question que je me l’approprie, que j’amène aussi de moi-même là-dedans et qu’on en fasse un nouveau Buzz. C’était un peu compliqué à trouver au début, même un peu vertigineux d’arriver dans le studio d’enregistrement sans savoir à l’avance ce qu’on va faire. Mais il y avait beaucoup de plaisir à s’abandonner simplement dans le jeu et à vivre l’aventure chronologiquement. C’est assez enivrant pour un acteur.

Et vous avez une voix très mature dans le film, également.

FC : Beaucoup de miel. Et beaucoup de tisanes le matin. Parce qu’il y a beaucoup de scènes d’action dans le film, et je n’ai pas la technique pour faire semblant ou pour m’économiser. Donc avec Lyna, on y est allé à fond, on criait.

Chantal, votre voix est tellement exceptionnelle que vous n’avez quasiment pas besoin de la modifier.

CL : Je me suis senti bien avec ce personnage. Je dois être un petit peu cette bonne femme.

MG : J’ai l’impression que le personnage de Chantal a été écrit pour elle.

CL : Je l’ai tout de suite comprise. La façon dont elle se tient, dont elle court… Je suis tout de suite rentré dedans. C’était la première fois et j’ai adoré faire ça.



Combien de temps avez-vous respectivement mis pour enregistrer vos performances respectives ?

LK : Avec François, on a fait la majorité de nos scènes ensemble. Ça a duré 5-6 jours pour tous les deux.

CL : 2 jours pour moi, avec quelques raccords après pour coller avec vos dialogues.

TS : J’avais en tout et pour tout 15 minutes de dialogues, et je crois qu’on les a enregistrées en 13 à peu près.

Tomer, votre personnage n’est pas très malin. Comment vous l’avez incarné ?

TS : Il n’est pas si idiot, mais j’adore incarner ce genre de personnage marrant malgré lui. Je suis fan de Pierre Richard, par exemple. Je les trouve très touchants.

Michaël, vous avez pris comment votre personnage ? Comme un robot ? Comme un chat ?

MG : Un peu tout ça à la fois. Au début, c’est un assistant virtuel avec un ton mécanique. Et puis petit à petit, au fur et à mesure que le film avance, il s’humanise de plus en plus. Il fallait trouver le juste milieu entre le côté robot et les émotions qu’il traverse pour qu’il soit attachant. J’ai été tout de suite hyper touché par ce personnage.

Chez Pixar, il y a le premier degré de l’action et l’humour. Mais ça défend surtout des jolies valeurs et des messages tout en subtilité. Qu’est-ce qui vous a touché dans ce film ?

CL : C’est un film sur l’entraide, sur le travail d’équipe. On ne fait rien tout seul.

Et plus généralement, qu’est-ce qui fait pour vous la « »patte Pixar » »?

MG : Plein de choses, en fait. Souvent, il y a différents niveaux de lecture. Tout le monde, peu importe l’origine, peu importe l’âge, peut s’identifier à un Pixar. Il y a une espèce d’universalité dans le langage Pixar, et Buzz l’Eclair respecte tout à fait ce code-là. Les enfants vont voir l’aventure galactique, les parents vont y voir les petits messages et les références à d’autres films de SF.

LK : J’ai grandi avec Disney-Pixar. Par exemple, j’ai vu Le Roi Lion et Vice-Versa à deux moments très différents de ma vie. Pixar, ça se connecte à toi, à ta personnalité, à ce que tu vis.

Chantal, c’était votre première fois dans l’exercice du doublage. Est-ce qu’il y a eu des choses difficiles pendant l’enregistrement ?

CL : S’arrêter à la barre de la bande rythmo. Comme j’ai tendance à rallonger les mots, il fallait que je coure pour rattraper le retard. On a souvent dépassé, puis on a refait…

TS : J’ai une petite anecdote, quand même. Moi, je suis passé en dernier après que tous mes collègues aient enregistré leurs voix. Et j’ai pas mal de scènes où je dois répondre à Chantal. Bon ben souvent on me disait «  va falloir que tu fasses court parce que Chantal s’est beaucoup étalée  ».

CL : Je ne savais pas ça, désolée. J’ai fait beaucoup d’efforts.

En tant qu’acteurs et actrices de cinéma, est-ce que c’est plus difficile ou moins difficile de créer un personnage uniquement avec la voix ?

MG : On peut donner du mouvement avec la voix. On bouge beaucoup pendant l’enregistrement. Effectivement, le chat que j’incarne était plus statique, mais on peut transmettre du mouvement, parfois même sans s’en rendre compte. Ça doit être terrible d’être filmé en train de doubler…

CL : Faut pas s’éloigner du micro, aussi.

Doubler chez Disney-Pixar, c’est une sorte de Graal pour un comédien. Qu’est-ce que ça vous a fait ?

FC : Les studios Disney et Pixar n’ont jamais rompu le contrat de confiance avec le public. Jamais un film n’a déçu. Et ce sont toujours des films qui allient un fond toujours profond, émouvant, drôle et une forme où ils repoussent encore plus à chaque fois les limites de l’animation. En effet, c’est un Graal.

LK : Moi je pense aussi à faire plaisir à l’enfant que j’étais. On a tous joué à faire les voix dans nos chambres… Et là, de le faire vraiment, c’est hyper jouissif.

Vous ne voyez que des bouts de film quand vous enregistrez. C’est quel sentiment de découvrir le film terminé ?

MG : Je l’ai vu comme un spectateur. J’ai pris un plaisir énorme à vivre l’expérience et à éviter de me dire «  j’aurais dû la dire comme ça  » ou «  »ah, ils ont pris cette prise-là »

FC : Avec Lyna, on a vu à la fin de l’enregistrement bout par bout ce que ça donnait. Je n’ai pas encore eu la chance de le voir en entier. C’est vrai qu’en temps que comédien, j’ai du mal à aller voir le retour au combo. Mais là, notre voix est prêtée à un visuel qui n’est pas nous. Donc au moment où on arrive à croire nous-mêmes que c’est un autre personnage, ça veut dire que c’est gagné. Ça peut mettre du temps à venir, et j’espère que la première fois que je le verrai terminé j’arriverai à me projeter dans le film.

En tant que comédien, vous avez un attrait particulier pour les space operas ? Des envies particulières de films spatiaux ?

TS : Bien sûr, j’adorerais. D’ailleurs, je ne remercierai jamais assez Disney de nous avoir offert le petit entraînement qu’on a tous passé avant l’enregistrement (rires).

LK : Evidemment que ça fait rêver. Par exemple, je pensais au départ que Gravity allait m’ennuyer. Et finalement, c’est un terrain de jeu immense pour un acteur d’être dans un vaisseau spatial et de jouer milles émotions à la seconde tellement c’est un univers extraordinaire. Je pense qu’on serait tous partants.

Photos: William François

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