SYNOPSIS: Daniel, 40 ans, a été suspendu de ses fonctions de flic et fait l’objet d’une enquête interne pour violence. Lorsque Sara, son amoureuse sur Internet, cesse de répondre à ses SMS, il décide de se rendre dans le nord du pays pour la retrouver. Il montre la photo de Sara à tout le monde, mais personne ne semble reconnaître la femme, jusqu’à ce qu’un type apparaisse, disant qu’il peut mettre les deux en contact sous des conditions très spécifiques.
Coproduction entre le Brésil et le Portugal, Deserto Particular est réalisé par Aly Muritiba. Il est l’auteur des courts-métrages The Factory, Pátio (Présenté à la semaine de la critique de Cannes en 2013) et Tarántula (Venise, 2015). Ses longs-métrages To my beloved (2015) et Rust (2018) ont reçu plusieurs prix et ont été projetés dans de nombreux festivals, comme celui de Sundance ou Saint-Sébastien. A la production, Grafo Audiovisual, est une référence en matière de cinéma indépendant au Brésil, et a obtenu de nombreux prix. Deserto Particular dans sa bande annonce, semble déplier la quête amoureuse d’un homme, dans une ambiance qui s’apparente à un polar. Un croisement sur le papier très alléchant. Sur sa durée, Deserto Particular est on ne peut plus déroutant, et c’est aussi ce qui fait sa force, dans cette particularité à surprendre le spectateur. Il est comme littéralement coupé en deux dans le croisement évoqué plus haut, et il serait sans doute très irrespectueux de divulgacher ce qui va se jouer dans la deuxième partie. En tous les cas, dès le début, nous sommes immergés dans le quotidien de Daniel (Antonio Saboia) qui est un condensé, une combinaison exacerbée d’un lot impressionnant de soucis permanents. C’est un peu Mes amis, mes amours, mes enmerdes mais en pire. Un papa malade, une sœur avec qui tout est un peu compliqué, une sale affaire au boulot qui pourrait lui coûter très cher. Daniel a besoin d’évasion, d’un ailleurs, d’un lointain, d’autre chose. Il est à n’en point douter dans une forme de crépuscule existentiel, une de ces bascules que l’on sait charnière. Il va chercher à faire chavirer son destin avec un prix à payer de 3000 Kilomètres (quand on aime…), pour aller retrouver Sara, son amour virtuel.
Sara, c’est la lumière, c’est celle qui peut redonner souffle et vie à Daniel. C’est ce qu’il veut, croit, pense et espère. Il existe alors comme un vertige en ce que Daniel va faire peser sur les épaules de celle qu’il ne connaît pas vraiment, et il y a ici comme un bouleversement à déposer son destin à ses pieds. C’est un saut dans le vide, sans être bien sûr de la force du lien… « Le plus dur c’est pas la chute c’est l’atterrissage » aurait pu lui souffler Hubert de La haine (1995). Car sans doute, Daniel n’avait pas envisagé que si Sara, très brutalement et donc sans la moindre raison apparente a interrompu toute communication, c’est car elle va avoir ses propres douleurs, ses propres souffrances. Vous dire que la rencontre a eu lieu n’est pas une trahison, au contraire, car cette concrétisation du lien va véritablement être déconcertante, inoubliable et assez hypnotique. Mais pour le reste, à chacun-e- de jouer…
La mise en scène permet elle aussi de souligner la quête de Daniel, notamment la façon dont celui-ci apparaît parfois dans le cadre des somptueux paysages du Nord du Brésil, à savoir très isolé face à l’immensément grand, et qui vient ici nous rappeler sa solitude extrême. Il sera comme reconstitué et enfin affilié dans toute la deuxième partie, mais là aussi, la découverte sera le charme. Le générique de début commence d’ailleurs après 30 minutes de film, singulier, déconcertant, mais un véritable message sur le début d’autre chose. Pour les mêmes raisons, certes très intrigantes, pas un mot ici sur Sara en ce qui concerne l’interprétation.
Pour jouer Daniel, Antonio Saboia s’est littéralement couper en deux. Très à vif dans une première partie, il porte sur lui une angoisse latente et un ras-le-bol total. Il aura ensuite le courage du désespoir en jouant tapis sur la rencontre avec Sara. Il sera toujours autant torturé mais forcément plus sensible. Son jeu est dense, et au-delà des 3000 Kilomètres, on voyage avec lui, en lui. Car forcément, on se pose la question de larguer les amarres, quand y’en a marre. C’est un peu le Mais qu’est-ce que je ferai si j’étais moins con ? hurlé par Daroussin dans l’inoubliable Cœur des hommes (2003) de l’ami Marc Esposito. Au final, Deserto Particular est une véritable proposition. C’est audacieux, parfois un peu long, mais soutenu et haletant. C’est aussi une histoire d’altérité, de quête de liberté, et de brisage de chaîne en règle. C’est à voir ne serait-ce que pour le mystère qui se dégage du film, comme de cette chronique…
Titre Original: DESERTO PARTICULAR
Réalisé par: Aly Muritiba
Casting : Antonio Saboia, Pedro Fasanaro, Thomas Aquino …
Genre: Drame, Thriller, Romance
Sortie le: Prochainement
Distribué par: –
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Festival du Film de Cabourg