SYNOPSIS: L’humanité a réussi à atteindre une quasi-immortalité. Mais à force de manipulations génétiques, elle a perdu la faculté de procréer, et décline inexorablement. En mission pour percer les secrets de la reproduction, Parton est envoyé dans la ville souterraine, où vivent des clones mutants prêts à se rebeller contre leurs créateurs…
Film d’animation remarqué en festival, Junk Head de Takahide Hori est un véritable ovni cinématographique. Utilisant la technique de la stop-motion, de moins en moins courante de nos jours, le long-métrage dénote par son parti-pris graphique, son environnement post-punk ou encore son postulat sonore, mais surtout par la maîtrise de son réalisateur qui a tout fait en quasi-autonomie pendant 7 ans, sans précédente expérience dans le milieu du cinéma. C’est certainement cette inexpérience qui rend certains plans inégaux en terme d’animation, mais l’univers décrit dans le film est tellement atypique et cohérent qu’il finit par nous séduire, nous offrant une réelle expérience cinématographique, qui peut cependant déplaire, tant elle est singulière. S’ouvrant sur un panneau décrivant l’univers, celui d’un monde divisé entre les humains, ceux d’en haut – tellement manipulés génétiquement qu’ils ne savent plus se reproduire – de ceux des sous-sols – vivant dans une autonomie totale, malgré les dangers des madrigans – des monstres créé génétiquement qui se sont rebellés contre leur créateur mais qui peuvent détenir le secret de la reproduction- on plonge très rapidement dans l’univers du film, où chaque profondeur va raconter une nouvelle aventure de notre protagoniste. Dans un premier temps, la découverte de l’univers, avec trois acolytes et le début des motivations du personnage central, avant de descendre plus bas, pour montrer véritablement comment fonctionne la vie dans le milieu souterrain, avec un héros cette fois beaucoup plus passif.
Et c’est en redescendant encore une fois que les deux aventures vont se croiser. Un schéma narratif intelligent, qui permet habilement de développer l’univers sans trop de dialogues explicatifs, entremêlé de quelques scènes avec de l’humour. Un humour assez potache, misant essentiellement sur le visuel mais omniprésent tout au long du film sans pour autant qu’il ne se résume à un ensemble de blagues. Par ailleurs, au fil du récit, nombreuses seront les références et clin d’œil à la culture japonaise. Qu’il s’agisse du casque initial de notre héros, rappelant ceux des studios Ghibli, où des éléments narratifs propres aux shonen, Junk Head alterne habilement entre les différentes citations pour ne jamais se reposer dessus tout en montrant tout l’amour que porte le réalisateur au cinéma.
Cependant, de nombreux éléments peuvent entrainer un rejet d’une partie du public. Commençons par exemple par les voix. Bien loin des lignes de dialogues, il s’agit d’un ensemble de sons sans cohérences, qui n’ont pas la même sonorité et la même mélodie qu’une autre langue. Pouvant très facilement mettre de côté le public, cela finit par démontrer le caractère unique et indépendant de l’œuvre, bien loin du diktat des studios.
Le style visuel aussi est particulier. Le look difforme de nombreux personnages, tout comme l’aspect des Madrigans, dont certains flirtent avec le body-horror, est dérangeant. Crâne allongé, look de bodybuildeuse dans du spandex rouge pour les personnages féminins, c’est particulier, et contribue à faire de Junk Head une œuvre atypique. Enfin, le film n’a pas de fin véritablement satisfaisante. Au-delà de la nécessité d’avoir une suite pour avoir une conclusion à l’histoire, la conclusion brutale, de Junk Head finit par nous interroger sur ce que Takahide Hori a voulu nous raconter. Est-ce que le voyage est plus important que l’arrivée, peu importe les étapes ou bien s’agit-il des premiers pas d’une immense fresque épique? Impossible de le savoir aujourd’hui…
Réalisé par: Takahide Hori
Casting : Takahide Hori, Yuji Sugiyama, Atsuko Miyake…
Genre: Animation, Science fiction, Aventure
Sortie le: 18 Mai 2022
Distribué par: UFO Distribution
BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020