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EUPHORIA (Critique Saison 2) Plus mélancolique et sombre que jamais …

SYNOPSIS: Un groupe de lycéens américains noient ses problèmes dans le sexe, l’alcool et la drogue. En quête d’identité dans un monde superficiel obsédé par les réseaux sociaux, les névroses de chacun sont exposées aux yeux de tous.

En 2019, HBO arrivait avec une nouvelle secousse : Euphoria, une création de Sam Levinson, qui avait fait un peu de bruit avec son film Assassination Nation, chronique qui tirait sur la société américaine au boulet de canon avec sa bande d’adolescentes en pleine vendetta contre les oppressions. Outre le nom de Levinson (fils de Barry), il était curieux de voir Zendaya sortir de l’écurie Disney entre deux films Spider-Man ; et d’assister au décollage spectaculaire de la carrière de la plupart de ses acteurs comme Sydney Sweeney, Jacob Elordi, Maude Apatow ou même Colman Domingo. Outre son casting incandescent, la première saison d’Euphoria était palpitante parce qu’elle rebattait visuellement et narrativement les cartes de tous les tropes adolescents, et exprimait un regard vif, cru et réaliste sur les addictions, fruit de la catharsis de Levinson, ancien addict lui-même. COVID oblige, il aura fallu attendre trois ans pour découvrir ce qui se passait après le départ de Jules. Une attente compensée par deux épisodes spéciaux centrés sur elle et Rue pour nous donner quelques clés sur leur état d’esprit. La saison 2 commence donc le soir du Nouvel An, promesse d’une année clean (pas sur tous les aspects, certes) et d’un nouveau départ pour tous les personnages. D’emblée, deux triangles amoureux se dessinent : celui entre Rue, le nouveau-venu Elliot et Jules d’un côté, et de l’autre, plus surprenant, celui entre Maddy, Nate et Cassie, cette dernière ayant développé une obsession pour l’ex violent de sa meilleure amie. Bon. Pourquoi pas, après tout. Le souci, c’est qu’en ne faisant désormais plus reposer son intrigue que sur ces deux groupes de personnages durant les deux tiers de sa saison, le récit de cette deuxième saison est nettement plus déséquilibré. La saison 1 avait pris le parti de raconter chaque épisode d’un point de vue différent avec ses 8 personnages principaux, comme Skins, mais ici, cet équilibre trouvé se dissipe complètement.



McKay, le petit ami de Cassie ? Aux oubliettes, alors qu’elle a avorté en fin de saison 1. Kat et Ethan ? Réduits à une poignée de scènes gênantes. On doit donc assister à une descente aux enfers en règle de tous les personnages. Le pire étant évidemment pour Rue, qui tente de cacher sa rechute à Jules, « aidée » dans son addiction par Elliot, un autre addict qui a jeté son dévolu sur Jules. Non seulement cette intrigue ne va nulle part, mais elle occupe 99% du temps d’écran de Jules, qu’on pensait être une fille changée après son épisode spécial, mais qui semble ne plus avoir rien à raconter. Et c’est le souci principal de la saison : aucun des personnages ou presque ne raconte plus rien d’intéressant. Si ce n’est pour quelques moments de grâce (l’adolescence de Cal, son monologue en guise d’adieu à sa famille, ou l’épisode 5, fuite en avant de Rue), il faut attendre l’épisode 7, qui voit Lexi, rare révélation de la saison, raconter son point de vue dans son extravagante pièce de théâtre, pour retrouver ce qui faisait le charme de la saison 1. Pas étonnant, vu que Our Life  raconte précisément la saison 1, mais depuis le seul point de vue « neuf » de la saison 2.



Est-ce pour autant une catastrophe ? Pas du tout. Le casting continue de tirer la série vers le haut, et Zendaya est particulièrement formidable, le couple improbable mais finalement attachant Lexi-Fez offre ses bons moments… Et la mise en scène impressionne toujours autant, moins dans la fluidité du mouvement que dans ses couleurs plus crépusculaires et son rendu en pellicule. Plus mélancolique et sombre que jamais, la deuxième saison d’Euphoria ne peut qu’imposer des sentiments très contradictoires à ses spectateurs. Seul aux commandes, Sam Levinson orchestre ces 8 épisodes pleins de passion, de toxicité mais aussi, par moments, de tendresse. On comprend néanmoins la tiédeur des retours du public : dans sa radicalité, et contrairement à la première saison, Levinson seul ne peut couvrir qualitativement le spectre large de ses personnages. En en faisant des fantômes plus proches de l’âge adulte que de l’adolescence, l’expérience a un goût différent, plus amer, mais aussi plus étrange à regarder. Un trip dont on ne sort pas indemne, et dont on espère que la fin de saison, fragile mais lumineuse, remettra la série sur un chemin plus équilibré en saison 3.

Crédits: OCS / HBO

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