SYNOPSIS: “Gaslit” est une vision moderne du Watergate qui se concentre sur les histoires méconnues et les personnages oubliés du scandale – des subordonnés opportunistes et maladroits de Nixon, aux fanatiques dérangés qui ont aidé et encouragé les crimes, aux tragiques lanceurs d’alerte qui ont finalement fait s’éffondrer toute l’entreprise corrompue.
L’une des ironies de la pop-culture, c’est bien celle-ci : quand vous pensez avoir tout vu, et tout su sur le Watergate avec les nombreux films et nombreuses séries consacrées à l’un des plus grands scandales de la politique américaine, eh bien quelque chose de nouveau débarque ! Cette blague en cours depuis près de 40 ans dans l’univers de la fiction se poursuit ce printemps avec la mini-série Gaslit, créée pour la plateforme Starz, assez friande de récits historiques quand bien même très romancés par rapport à la réalité. Outlander, The Spanish Princess, The Great… Leur catalogue, parfois inégal, regorge pourtant de propositions intéressantes. Gaslit, donc, est une nouvelle tentative d’approche et d’examen de la politique étasunienne à travers, cette fois, le regard de Martha Mitchell, la femme d’un proche du président Nixon alors que le scandale du Watergate guette lentement mais sûrement. Un pitch qui ne manque pas de susciter une certaine curiosité, qui s’accroît lorsqu’on apprend que Julia Roberts endosse le rôle. Autour d’elle : Dan Stevens, Hamish Linklater, Betty Gilpin, Shea Wingham, Allison Tolman… Du beau monde que même la performance sur-prothésée de Sean Penn n’arrive pas à éclipser. Pour ses retrouvailles avec Julia Roberts après la première saison d’Homecoming, le producteur Sam “Mr. Robot” Esmail lui offre un rôle en or, dans la peau de cette femme au caractère bien trempé, et qui n’hésitera pas à outrepasser son propre camp et sa propre famille, pour dénoncer le Watergate. On devine immédiatement que les dilemmes moraux de la situation ont plu à Esmail, toujours dans une optique de dénonciation politique présente depuis ses débuts.
Les fantômes du nazisme, de la contre-culture et de l’opposition à la guerre du Vietnam ne sont pas loin, dans une dénonciation jamais fine mais assez explicite de ce qui rongeait – et ronge encore – les Etats-Unis. Même si Joe Biden est président depuis deux ans, l’inquiétude est toujours vive, et l’on devine que les plaies de la présidence Trump se feront ressentir encore longtemps dans le paysage télévisuel.On passe donc, à défaut d’un autre terme, un bon moment devant la série. Déjà parce que la majorité de son casting est pleinement investie dans leurs rôles; aussi parce que le rythme, qui pourrait être ronflant, est toujours dynamique, prêt à dézinguer chaque scène et ses personnages plongés dans cette histoire improbable. Le mélange entre vie privée et vie publique atteint des sommets particulièrement réjouissants – les échanges entre Dan Stevens et Betty Gilpin, dont les personnages ont des visions politiques radicalement opposées, sont à ce titre parmi les plus plaisants de chaque épisode.
Outre une mise en scène et une photographie peut-être trop propres, bien qu’efficaces, c’est surtout le recours une nouvelle fois inutile aux prothèses et autre maquillage pour son acteur principal qui déçoit. Sean Penn est insupportable dans le rôle central de John Mitchell, manquant de la subtilité des autres acteurs, en plus de plonger dans un surjeu qui ferait passer le Pingouin récent de Colin Farrell dans The Batman pour un modèle de délicatesse. On aurait vu bien d’autres acteurs correspondre à la physionomie il est vrai impressionnante de John Mitchell pour le rôle, mais il est dommage de céder à cette mode du camouflage, qui ne rend personne gagnant puisque si vous ne le savez pas, il est tout simplement impossible de savoir qui joue Mitchell. Dommage pour la série de se vautrer dans tous les travers du true crime et autres histoires vraies récentes. Car Gaslit reste suffisamment correcte, notamment dans son écriture et son interprétation, pour se sortir un peu du lot, et arriver au même niveau que la sous-estimée saison Impeachment de American Crime Story. Après ce début d’année riche en séries-biopics, disons que c’est déjà pas mal.
Crédits: Starzplay
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