Critiques Cinéma

STRANGER THINGS 4 VOLUME 1 (Critique) Une saison de la maturité et de la complexité…

SYNOPSIS: Six mois se sont écoulés depuis la bataille de Starcourt qui a semé terreur et désolation sur Hawkins. Encore titubants, nos amis se trouvent séparés pour la première fois – et la vie de lycéen n’arrange rien. C’est à ce moment de vulnérabilité qu’une nouvelle menace surnaturelle apparaît et, avec elle, un terrible mystère qui pourrait être la clé permettant de mettre fin aux horreurs du monde à l’envers.

L’ampleur générationnelle qu’a pris Stranger Things au fil de ses saisons est la preuve ultime que la série des Frères Duffer se pose très probablement comme l’une des séries en cours de diffusion les plus populaires et les plus suivies à l’échelle mondiale. Et les arguments de poids la traversent, entre nostalgie/hommages 80’s, un casting hyper attachant qui grandit de saison en saison (comme un effet Harry Potter), une intrigue fantastique entre Stephen King et les grandes heures de Amblin et une succession de séquences d’action sous superpouvoirs et créatures démoniaques qui rivalisent sans nul doute avec le cinéma. Après une saison 3 concept (un été autour d’un centre commercial) qui aura été grandement appréciée malgré une critique plus divisée – bien que l’auteur de ces lignes assure qu’il s’agit de la meilleure de la série – Stranger Things est bien de retour, mais s’émancipe de sa ville d’origine. La promo nous l’a assenée, et c’est en partie vrai : we are not in Hawkins anymore. En évènement sériel digne de ce nom, cette saison 4 (l’avant-dernière de la série) est découpée en 2 volumes qui sortiront à un peu plus d’un mois d’écart. Le premier, composé de 7 épisodes au format peu habituel (ils durent entre 1 heure et 1h40 pour son « final »), tend à poser les décors principaux de cette nouvelle aventure menacée par l’Upside Down, à faire revenir les personnages historiques du show et à en intégrer des nouveaux. Au départ de cette saison, Onze (qui se fait appeler Jane) a suivi les Byers dans leur déménagement en Californie. Désormais sans pouvoirs pour se défendre face à ses harceleurs, l’adolescente a bien du mal à se faire à sa nouvelle vie et va finir par se confronter aux souvenirs douloureux de son passé. A Hawkins, Max souffre des évènements tragiques qui ont marqué la fin de la dernière saison, alors que les garçons font leurs vies dans l’enceinte du lycée. Et Joyce reçoit une lettre qui va les mener, elle et Murray, vers une mission sauvetage inattendue en Alaska… Bref, autant d’intrigues que les LONGS épisodes de cette nouvelle salve doivent développer, enrobés d’une jolie atmosphère tout aussi référencée qui dirige la série vers des terres inexplorées et d’autant plus audacieuses.


Pour sa saison 4, c’est vers le film d’horreur que tend Stranger Things, composant un tout nouvel antagoniste extrêmement réussi qui prend la suite du Démogorgon et du Flagelleur Mental. C’est une nouvelle figurine de Donjons & Dragons qui prend vie à taille réelle avec son lot de surprises narratives absolument démentes. Baptisé Vecna, ce nouveau bad guy à l’esthétique de l’Etrange Créature du Lac Noir possédée par le Diable, ancre ses inspirations à travers toute une série de boogeymen qui ont marqué l’histoire de l’horreur et qui hante toujours les nuits de plusieurs générations. Difficile de passer à côté de l’hommage appuyé à Freddy Krueger, tueur cauchemardesque à qui il reprend l’aspect fantastique et la violence sadique. Car cette saison 4 prend un chemin hautement plus radical que ses prédécesseuses avec une atmosphère horrifique extrêmement chargée, des meurtres affreux par démembrements et autant d’autres séquences sanguinolentes qui ne disent qu’une seule chose : les enfants ont grandi, le public aussi. Une saison de la maturité et de la complexité, en quelque sorte, qui traite sous tous ses aspects possibles du traumatisme et des mécanismes qui les articulent. Le trauma est un thème sous-jacent qui permet à certains personnages secondaires de passer au premier plan – au moins l’espace d’un épisode. A ce compte-là, difficile de passer à côté de Maxine et son épisode 4 génialement découpé au climax à la mise en scène impressionnante qui déchire le cœur tout en proposant un vrai traitement du deuil et du repli sur soi-même. Les nouveaux personnages sont aussi à l’honneur, entre Eddie – le maître du jeu et leader du Hellfire Club, le club de jeu de rôle du lycée -, Chrissy – une cheerleadeur pesée par un passé tragique – et une apparition lourde de symboliques pour Robert Englund (LE Freddy Krueger) qui balise l’intrigue fantastique de cette saison.


On retrouve également l’entièreté du casting d’origine, toujours aussi appliqué et attachant, qui s’éclate dans une saison démentiellement plus sombre, balisée de meurtres, de malédictions et de traumatismes. Le vrai miracle de cette salve d’épisodes est probablement la façon dont les scénarios ne laissent aucun personnage sur le côté tout en pavant la voie à certains dénouements qui se précisent en vue du second Volume.

Dans un exercice de style périlleux et hautement stimulant, les Frères Duffer ressuscitent l’Upside Down façon dimension démoniaque pour y faire naître probablement le meilleur antagoniste de la série. Si les longueurs de certains épisodes se font gentiment ressentir, les derniers font alors naître la douce impression que tout finit par se relier d’une manière ou d’une autre. Il est certain que l’attente des deux épisodes finaux sera cruelle pour les amateurs du show, mais il y a déjà tellement d’idées, de pistes narratives et de thématiques creusées dans cette première partie qu’on appréciera déjà un spectacle impressionnant et spectaculaire à travers les maisons hantées, les boogeymen impitoyables, les cauchemars nébuleux et la violence qui parcoure les deux dimensions. Cette saison 4 nous offre un slowburn de suspense réjouissant et vertigineux qui parcourt votre télévision jusqu’à amorcer un décorticage pointilleux des mécanismes qui régissent son univers. Les Frères Duffer sont parvenus à renouveler leur bébé avec une approche plus sombre, aux décors bien plus diversifiés. Comme une sensation que la série, à l’instar de ses héros, est en train de devenir adulte. Ça ne pose que du bon pour la suite, et on a déjà hâte de voir la conclusion de ces sublimes choses étranges.

Crédits: Netflix France

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s