SYNOPSIS: Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l’institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au cœur d’une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays.
Tarik Saleh, le réalisateur, qui est suédois, d’origine égyptienne s’est particulièrement fait remarquer pour Le Caire confidentiel (2017), qui déjà prenait les allures d’un thriller sous fond de corruption, avec notamment des institutions bien vacillantes. Boy from heaven ne pourra être tourné au grand regret de son réalisateur en Égypte, et le sera finalement en Turquie. Car le pays où se déroule l’intrigue n’est pas totalement client d’une quelconque remise en question de ses institutions. La proposition se démarque d’emblée par son audace et son inventivité, notamment dans le contraste proéminent entre le dénuement du quotidien de pêcheur d’Adam et les dorures de l’université Al-Azhar. C’est également une plongée au cœur d’une intrigue politico-meurtrière très puissante ou notre jeune héros va devoir se débattre dans des codes inconnus, ce qui en fait également une histoire très intrigante et alléchante.
En effet, dès la mort du grand Imam, les prétendants et autres alliés de ceux-ci échangent des regards qui en disent long sur la fratricide guerre de succession entre conservateurs voire pires, et modérés, qui va se livrer avec comme grand témoin notre petit pêcheur. L’on sent poindre l’allégorie d’un peuple oppressé face à des pouvoirs d’un cynisme insatiable. Pour autant, Tarik Saleh ne tombe jamais dans le piège d’en faire des caisses à ce propos, pour vérifier qu’on a en gros compris ce qui se passe à l’écran. C’est un peu à l’image d’un film, très efficace, y compris dans un cadre feutré que l’on découvre avec Adam, et c’est assez spectaculaire. Mais on y passe finalement presque trop de temps, et à cet égard, le huis clos devient parfois un peu étouffant, et le thriller du coup très formel et finalement peu surprenant, perd un peu en intensité, pour un thème pourtant si souvent exploité.
Pour autant, il ne manque pas par moment d’une légère folie, qui en cet instant précis, fait un peu penser à Burn after reading» (2008), dans l’institution absurde qui se « complotise » elle-même et ne comprend plus ce qu’elle fait. Boy from Heaven, c’est aussi l’immersion au service de la dénonciation d’un fonctionnement corrompu au sein des institutions religieuses égyptiennes. Le thriller se perd parfois en complexité et laisse un petit goût d’inachevé car, qu’il s’agisse du cadre, de l’idée initiale, c’est comme si l’ensemble de l’œuvre était sous dimensionnée dans son traitement que l’on pouvait imaginer plus romanesque. Pour autant, il est impossible d’en dire du mal, tant il existe une réelle énergie, une intention forte, ni de le porter pleinement aux nues du fait de cet enfermement dans l’enfermement.
Tawfeek Barhom est d’une très grande justesse, dans notamment une évolution allant d’une forme de candeur, à la neutralité puis… point de divulgachage… Une interprétation pour laquelle il démontre maturité et diversité dans son jeu. Fares F ares est assez méconnaissable et ses apparitions sont à chaque fois empreintes d’une réelle densité, qui donne une vraie force au récit. Au final, Boy from heaven se regarde avec plaisir, notamment pour le caractère assez inédit, somptueux et mystérieux du lieu de l’intrigue. On ne peut être littéralement renversé par ce film, mais il a le mérite de tenir en haleine, jusqu’au bout du bout, et vaut donc largement le détour.
Titre Original: WALAD MIN AL JANNA – BOY FROM HEAVEN
Réalisé par: Tarik Saleh
Casting: Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri…
Genre: Drame, Thriller
Sortie le : 26 Octobre 2022
Distribué par: Memento Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Festival de Cannes 2022, Les années 2020
Je n’ai pas compris l’argument théologique qui a poussé l’imam à changer d’avis,à la fin