Critiques Cinéma

FRÈRE ET SŒUR (Critique)

SYNOPSIS: Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps – quand Louis croisait la sœur par hasard dans la rue, celle-ci ne le saluait pas et fuyait… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents. 

Arnaud Desplechin présente au festival de Cannes en compétition Frère et sœur. C’est un tel habitué que son premier long métrage La sentinelle (1992), était déjà au festival. Il y prendra ensuite régulièrement ses quartiers. Son thème de prédilection demeure les questions familiales, de la haine avec entre autres Un conte de noël (2008), Rois et reines, (2004), Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) (1996). Le réalisateur s’interroge sur la capacité de réparation de ces haines familiales grâce au cinéma. Lui-même confesse cette obsession. Il a donc très envie de trouver cette issue dans Frère et sœur. Ou après notamment Roubaix, une lumière  (2019), il revient donc à cette fameuse veine familialle. L’intro de Frère et sœur est réellement puissante. La haine à vif entre Alice et Louis prend aux tripes et s’impose comme la clef de voute d’un récit familial qui va être profondément brutal. Car il y a cette fureur des sentiments, teintée d’une évidente bourgeoisie parisienne. Tout va être propice à l’exagération et l’exacerbation dans la toxicité du lien filial. C’est clairement assez salivant dans l’intention affichée. La deuxième introduction avec l’accident de la route parental est aussi parfaitement maîtrisée dans son réalisme et sa mise en scène, c’est époustouflant et haletant. On se dit que ça va être comme souvent, très « sur-écrit », mais comme c’est quand même « très bien écrit », ça passe crème. On se dit aussi que Desplechin va se lâcher, ne pas nous lâcher et qu’à ce rythme, ça va être jubilatoire…


Oui mais… Très vite, les personnages sombrent dans une étouffante caricature qui n’en finit jamais… Sont ici passés à la loupe méga grossissante, les névroses ultra-narcissiques d’une déconnexion abyssale avec le réel, de personnages auxquels on ne parvient pas à s’attacher. Finalement on comprend pourquoi ils se détestent tant l’un-e- et l’autre, mais comme ils sont les deux faces d’un même miroir, nous, on va les détester tous les deux. Ils en deviennent des archétypes d’antipathie… ils veulent se gifler… Ben nous aussi du coup… Et le cœur du sujet est ici… Comment se prendre d’empathie pour ce bal égotique, où l’on s’invente des drames ridiculement microscopiques pour mieux jouer les dramas… Un ongle incarné (et ça fait mal hein) est potentiellement un vertige planétaire pour qui veut… Mais là… Les élucubrations de surmoi nous donnent envie de dire à Alice et Louis de sortir un peu le dimanche matin… Ils le feront à la toute fin, et on frisera une forme d’esprit post-colonialiste particulièrement nauséeux.. La gênance est alors à son apogée… Même sur le lit de mort de sa mère, Alice ne pense qu’à elle, ne parle que d’elle. Même la colère est médiocre à l’image d’une dispute frère / sœur dans un restaurant qui se veut emblématique et qui ne décolle pas d’une gênante platitude sur le thème de la petite offuscation de salon. On se prend à regretter la démolition en règle d’un resto par le faux aveugle Claude Brasseur avec sa canne en hurlant dans le restaurant « il est où René ? » dans Un Eléphant, ça trompe énormément  (1976). Mais tout le monde n’est pas Yves Robert


Ici, Arnaud regarde Desplechin filmer, la frangine et le frangin s’écoutent parler, et nous, on n’entend plus rien… Leurs petites crises égotiques existentielles font un peu penser à un passage signifiant de la chanson de Brel Les bourgeois (1962) : « Et moi, moi qui suis resté le plus fier Moi, moi je parle encore de moi »… La technique du film fonctionne elle très bien, la photo est sublime, d’un point de vue formel plus esthétisante qu’esthétique dans doute, mais efficace incontestablement. Les gros plans sur Alice et/ou Louis finissant par donner une petite nausée, tant on imagine le réalisateur qui leur dit de jouer, de jouer de jouer… Et justement, ça sent quand même le surjeu en permanence.


Le casting… Comme Marion Cotillard et Melvil Poupaud sont très très pros, ils arrivent à ne pas se ridiculiser, et franchement c’est très méritant et prouve leurs qualités intrinsèques. C’est un peu plus laborieux pour Patrick Timsit que l’on sent moins habitué et qui finit par théâtraliser certaines de ses répliques, c’est embêtant, surtout quand on l’aime bien… Mais là… On n’attend pas Patrick non…Au final, le film sent l’égo de partout et ne paraît pas sincère dans son intention, en reprenant les éternels tourments des névroses de son créateur. Si on les comprend, voir même si on les vit, la caricature d’ensemble empêche l’empathie et propose une œuvre finalement très souvent surfaite et parfois gênante et dont le conflit familial, objet du film est finalement insignifiant.

Titre Original: FRÈRE ET SOEUR

Réalisé par: Arnaud Desplechin

Casting : Marion Cotillard, Melvil Poupaud, Patrick Timsit

Genre: Drame

Sortie le: 20 mai 2022

Distribué par: Le Pacte

PAS GÉNIAL

2 réponses »

  1. J’ai failli aller voir le film, bien que je n’aime pas le cinéma de Desplechin pour les mêmes raisons tellement bien rédigées dans votre critique. Le réalisateur aurait-il changé après Roubaix… ? Visiblement non. Vous m’épargnez une séance de torture. Merci

  2. Verbeux intelleux décousu surjoue !!!!un film ennuyeux….qui, pour finir n a rien à dire……..
    Afuire absolument

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