Critiques Cinéma

THE DUKE (Critique)

SYNOPSIS: En 1961, Kempton Bunton, un chauffeur de taxi sexagénaire, vole à la National Gallery de Londres le portrait du Duc de Wellington peint par Goya. Il envoie alors des notes de rançon, menaçant de ne rendre le tableau qu’à condition que le gouvernement rende l’accès à la télévision gratuit pour les personnes âgées. Cette histoire vraie raconte comment un inoffensif retraité s’est vu recherché par toutes les polices de Grande Bretagne, accomplissant le premier (et unique) vol dans l’histoire du musée. 

Pour conclure la filmographie épaisse du réalisateur britannique Roger Michell (notamment connu pour son Coup de Foudre à Notting Hill), The Duke arrive à titre posthume – le metteur en scène étant décédé en 2021 – en salles pour nous proposer un biopic barré nous contant une bien étrange histoire improbable mais vraie. En 1961, le Portrait du Duc de Wellington peint par Francisco Goya est volé alors qu’il était exposé à la Galerie de Londres après son achat médiatisé par un riche américain. The Duke nous fait suivre le chauffeur de taxi Kempton Bunton, sexagénaire contestataire aux revendications bien précises. Celui qui paraît n’être qu’un papi inoffensif et gentiment déluré se retrouve coupable du vol le plus impressionnant et le plus retentissant du musée. Il n’y a aucun doute en lisant la véritable histoire du vol du tableau de Goya qu’elle donnerait sans grande difficulté un support assurément confortable pour en faire un film. Un protagoniste attachant et à la répartie bien placée, une quête de visibilité qui prendra des dimensions démesurées, une famille en friction dans une Angleterre appauvrie et une apparence de film policier aux mystères bien dessinés : ce The Duke avait dans ses mains de quoi faire le casse du siècle. Et s’il rate délicatement son coup dans ses habits délicats et dans son humour tout en retenue so british, c’est parce qu’à vouloir trop mixer les genres dans une tasse de thé, tout finit par prendre une teinte désuète qui ne raconte pas grand-chose.


Il est évident que The Duke se pose en feel-good movie dont on connaît désormais les ficelles. En donnant ce charme tout particulier à son personnage principal en totale opposition avec les actions qu’il va entreprendre (mais surtout avec les conséquences qui vont en découler), les scénaristes Clive Coleman et Richard Bean découpent une chronique au rythme effréné qui empile les installations et les présentations de sous-intrigues pour les oublier comme son tableau éponyme au fin fond d’un placard. Car sa narration elliptique, basculant entre les points de vue, les endroits et les dates, finit par malencontreusement perdre notre intérêt dans cette histoire qui manque en définitif de la profondeur espérée de l’adaptation de ce curieux fait-divers.

Ainsi, la mise en scène de Michell, stylisée et enchaînant les quelques idées visuelles rigolotes, semble très vieux jeu dans son exécution et peine à creuser au-delà des propositions majeures amenées par l’histoire vraie. Tout se déroule presque trop sereinement, ne parvenant jamais à surprendre (à l’exception d’un twist qui nous permet de revoir une scène du film d’un deuxième point de vue). L’émotion tant cherchée finit miraculeusement par pointer le bout de son nez dans le joli acte du procès dans le dernier tiers, qui permet de jouer à fond avec l’humour taquin et le charme sympathique de ce Kempton Bunton. Au final, The Duke relève la tête dans sa dernière partie pour donner de quoi faire à Jim Broadbent dans son interprétation. Le casting est d’ailleurs une des valeurs sûres du film, charmant de part en part grâce à Broadbent et Helen Mirren dans la peau du couple central, accompagné par le jeune Fionn Whitehead et le très bon Matthew Goode.


The Duke porte mille visages qui ont bien du mal à fusionner derrière celui du Duc de Wellington, mais saura plaire à celles et ceux qui cherchent à déguster un bon thé anglais sur un fauteuil au design vieillot devant une émission de télévision. Bien qu’il peine à trouver un équilibre constant et une harmonie dans son rythme, la dernière proposition de Roger Michell est une petite comédie feel-good aux accents de contestation sociale qu’on aurait adoré aimer, rien que pour la tchatche de son personnage principal. Mais un Goya dans une british comedy burlesque, c’est suffisamment improbable pour que les amateurs se laissent tenter par l’aventure, isn’t it ?

 

Titre Original: THE DUKE

Réalisé par: Roger Michell

Casting : Jim Broadbent, Helen Mirren, Fionn Whitehead…

Genre: Biopic, Comédie, Drame

Sortie le:  11 Mai  2022

Distribué par: Pathé

MOYEN

 

 

 

 

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