Critiques

PILOTE (Critique Fiction Unitaire) Un excellent casting et un concept assumé tout du long…

SYNOPSIS: Après plusieurs mois de traque, l’armée française au MALI a retrouvé la trace d’une cellule djihadiste locale. DANIEL et ses hommes couvrent les troupes au sol et veillent à ce que l’opération se déroule sans problème. Mais au même moment, la famille de DANIEL est prise en otage à leur hôtel par des terroristes. Ces derniers veulent obliger DANIEL à faire capoter la mission en échange de sa famille. S’il ne se retourne pas contre ses propres hommes, sa femme et sa fille se feront tuer. DANIEL va tout faire pour sauver sa famille et va donc se retrouver devant des choix cornéliens, aux conséquences très lourdes.

OCS, décidément très prolifique en ce moment, nous propose ce jour un troisième long-métrage original. Après l’accident L’invitation et l’honorable et sympathique Deep Fear qui lorgnaient chacun du côté de l’horreur tout en gardant une patte bien distinctive, c’est un tout autre spectacle qui nous est offert avec Pilote. Le pitch est simple : au Mali (où se déroulait déjà la récente et immersive série Sentinelles), l’armée française a retrouvé la trace d’une cellule djihadiste. Daniel (Hugo Becker, ici très convaincant) et son équipe, tous pilotes de drones, couvrent les troupes au sol. Malheureusement la famille de Daniel, fraîchement débarquée pour venir le visiter, est prise en otage par deux individus. Ces derniers veulent obliger Daniel à utiliser les drones contre son propre camp et donc à trahir son pays.

A l’instar de l’excellent et conceptuel Searching Portée disparue (que nous vous recommandons), tout le film se visionne par écrans interposés. Tous les événements auxquels assistent les téléspectateurs se déroulent donc sur les écrans d’un ordinateur ou d’un smartphone (conversations par vidéo ou par texte). Un procédé qui était comme nous le disions déjà brillamment mis en œuvre dans Searching mais qui peut aussi être extrêmement fastidieux s’il n’est pas utilisé correctement. Et à ce petit jeu Pilote ne se prend pas trop les pieds dans le tapis, plutôt solide face à la complexité d’une telle narration.

En sus de Hugo Becker nous retrouvons un excellent casting, quand bien même ce dernier n’a pas grand-chose à jouer. Il faut dire que OCS produit des films assez courts et que tout comme Deep Fear qui vient de sortir, Pilote ne dépasse pas les 1h14. Une durée qui laisse peu de place au casting pour exister, mais qui s’avère suffisante face à des concepts qui peinent parfois à allier expérience et densité narrative. Nous étions néanmoins heureux de retrouver la formidable Eye Haïdara (qui nous livre d’ailleurs tout son talent dans la seconde saison de En thérapie) ou Grégory Fitoussi ici tout simplement méconnaissable (l’eau a décidément bien coulé sous les ponts depuis son rôle de Pierre Clément dans Engrenages).

Malgré un ventre mou et quelques artifices un peu ringards (la liaison vidéo entre les pilotes et leur supérieur hiérarchique sonne tout à fait faux et répand à plusieurs reprises comme une sorte de malaise général saupoudré de kitsch) Pilote assume son concept et réussit globalement à le tenir tout du long. Même si tout n’apparaît pas toujours crédible et aussi intense que le voudrait probablement l’équipe créative, le film arrive à mettre le spectateur en tension et à maintenir son attention tout en offrant un final à la hauteur de l’expérience. Au-delà du concept d’écrans interposés que nous évoquions plus haut, Pilote a la lourde tâche de réussir à formaliser à l’écran les conséquences dramatiques des attaques de drones tandis qu’une distance naturelle est établie entre les actions des soldats et les destructions terrestres. Good Kill avec Ethan Hawke s’était déjà essayé à cette démonstration de la guerre à distance. Nous sommes donc plutôt agréablement surpris de voir que Pilote arrive à retranscrire plutôt justement ces interactions.

Bien sûr le film souffre d’un certain nombre de défauts directement liés à l’écriture et aux interactions des personnages, qu’il s’agisse de celles entre Daniel et ses collègues, ou celles avec les terroristes. Le tout nous amène à un postulat assez étrange entre la sensation de trop peu et celle d’avoir tiré sur la corde jusqu’à l’épuisement de son concept. Un ressenti ambivalent qui s’explique sûrement par le fait que le film offre parfois des moments assez bancals ou expédiés au cœur d’autres séquences assez stressantes et coups-de-poing.

Quoique l’on pense de Pilote, il faut reconnaître qu’OCS prend des risques et produit des films de niche. L’occasion de voir autre chose, de pousser les équipes créatives dans leurs retranchements, avec une aura sincère, entre travail exécuté avec les moyens du bord et énergie impliquée au service du spectateur. Pilote tente quelque chose, et fait parfois mouche. Nous ne pouvons qu’encourager une telle entreprise et espérons qu’OCS poursuive sur cette voie pavée de bonnes intentions. Alors vous savez dorénavant quoi faire : aller visionner Pilote mais aussi Deep Fear sur lequel nous avons également fait un papier. Profitez des expériences, elles sont là pour ça.

Crédits : OCS

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