SYNOPSIS: Thierry passe ses journées à classer ses photos de famille, persuadé que le meilleur est derrière lui. Lorsque Claire, sa femme, lui annonce qu’elle le quitte, Thierry, dévasté, lui propose de refaire « Grèce 98 », leurs meilleures vacances en famille. Officiellement, il veut passer une dernière semaine avec leurs enfants avant de leur annoncer la séparation. Officieusement, il espère reconquérir sa femme ! En tentant de raviver la flamme de son couple, Thierry va mettre le feu à sa famille…
Premier long métrage pour le réalisateur, François Uzan, qui évoque ses souvenirs personnels de vacances comme idée de construction de son film. Il a été marqué par une époque et sa nostalgie, un peu comme quand Laurent Voulzy nous chante dans Rockcollection (1977) « Ses parents en maillots qui dansent sur Luis Mariano ». Il dit être particulièrement admiratif des duos d’auteurs qu’étaient Jaoui/Bacri et que sont Nakache/Tolédano, notamment dans leur pratique exigeante d’un cinéma pour autant populaire. Jacques Gamblin, dit qu’à la lecture du scénario, il a particulièrement aimé cette idée absurde de vouloir revivre exactement les mêmes vacances que 20 ans auparavant, et que le personnage de Thierry qui lui était proposé avait ce côté ridicule qui lui a d’emblée parlé. C’est vrai que l’idée de départ n’est pas dénuée d’intérêt. Tout l’art de la comédie est ensuite de la faire vivre sur la durée. Car il est en effet bien connu que faire pleurer est plus facile que faire rire… Un adage qui se vérifie à nouveau ici, car le problème majeur du film est celui de bon nombre de comédies qui sortent chaque mercredi…A savoir, une prévisibilité totale pour quiconque est un minimum exigeant, mais même un minimum hein… Tout se voit venir à des kilomètres, chaque vanne, chaque situation, et même certaines répliques pour quiconque ayant vu plus de 2 ou 3 comédies dans sa vie. Très clairement, c’est convenu donc ennuyeux, et parfois même ennuyant tant les portes ouvertes sont ici enfoncées au tractopelle…
L’autre problème majeur, au-delà de l’humour par définition subjectif, mais quand même ici tellement déjà vu, est que quand le film se veut sérieux et mélancolique, c’est pire…. Ça tire à chaque à fois à côté, pas loin parfois, mais à côté quand même. Par exemple, quand le personnage de Thierry, (Jacques Gamblin) retrouve sa valise perdue 20 ans auparavant, au moment où il redécouvre son contenu, on pense immédiatement à Bretaudeau qui ouvre sa petite boîte à jouets d’enfant dans le si poétique Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001) ou même à tout ce qui se joue dans Et j’aime à la fureur, sorti tout récemment. On se dit que cette nostalgie qui fend le cœur au travers du souvenir mémoriel d’un simple objet, qui rappelle toute une époque, va nous émouvoir avec force dans l’ouverture de cette valise… Et bien…non… Juste, Thierry lève un sourcil en regardant deux ou trois bricoles… C’est à l’image du film, entre ce qu’il est, et tout ce qu’il n’est pas… Il est regrettable en effet, contrairement à ce qui pourtant transparaît de l’affiche, que le récit ne soit à aucun moment traversé par des voyages dans le temps, lors des vacances 20 ans avant, auquel le film se réfère pourtant sans arrêt, où l’on aurait constaté les belles relations fraternelles, celles entre parents et enfants, et bien sûr dans le couple. Pour précisément venir appuyer encore plus le propos du film au sujet notamment de l’usure de l’amour dans le temps, cette dilution meurtrière de la passion etc… Là encore, on se contentera d’un certain nombre de platitudes sur le temps qui passe et sur l’érosion des sentiments, vu à peu près 1 million de fois depuis l’invention du cinéma par les frères Lumière.
Comme tout ne peut jamais être complètement à jeter, on notera que Jacques Gamblin est particulièrement touchant dans sa stratégie de reconquête, que les cuites mémorables de leurs enfants sont assez jubilatoires… Entre celle qui se bat avec les flics et celui qui tente un rapprochement douteux avec un chien, il est difficile de ne pas rire, même légèrement, même d’un rire gras… Mais rire quand même… Dans le film, c’est assez rare pour être souligné. Un autre moment d’amusement potentiel, sont les t-shirts que Jacques Gamblin est contraint de porter du fait de la perte 20 ans après, à nouveau de sa valise… On pouffe c’est vrai devant Socrate, pétard au bec, ou avec des héros mythologiques grecs dans des positions particulièrement singulières… C’est drôle, mais comme les t-shirts existaient déjà, ce ne sont pas des textes écrits dans le script…. Ce qui est formidable avec un artiste comme Jacques Gamblin c’est que même face à une écriture bavarde et peu imaginative, il arrive à émerger complètement et à donner intensité et relief à son personnage. Il sauve d’ailleurs sans doute à lui seul le film du naufrage complet.
A noter également la belle prestation de Pablo Pauly, assez lunaire et qui réussit, par un bel engagement qu’on lui avait déjà vu, à donner à son personnage une forme d’épaisseur. Pareillement pour Agnès Hurstel qui nous donne même l’impression de réussir à s’amuser par moment. Au final, si l’idée est bonne et les prestations des acteurs plutôt convaincantes malgré des facilités narratives à chaque instant, On sourit pour la photo semble manquer de sincérité et de souffle, mais permettra sans doute à quelques-un-e-s de passer un moment amusant, ce qui par les temps qui courent est éminemment précieux.
Titre Original: ON SOURIT POUR LA PHOTO
Réalisé par: François Uzan
Casting : Jacques Gamblin, Pascale Arbillot, Pablo Pauly…
Genre: Comédie
Sortie le: 11 mai 2022
Distribué par: UGC Distribution
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Catégories :Critiques Cinéma