Critiques

HALO (Critique Saison 1 Épisodes 1×01 – 1×04) Une surprise encourageante…

SYNOPSIS: Au 26ème siècle, alors que l’humanité est empêtrée dans une guerre intergalactique contre une menace extraterrestre connue sous le nom d’Alliance, le Dr. Halsey, une brillante scientifique, a créé les Spartans, des super-soldats génétiquement et technologiquement améliorés pour booster les capacités physiques et mentales. John-117, le commandant d’une des unités, mène ses troupes vers le combat…

La sortie de la série Halo nous donne une irrésistible envie de ressortir l’habituel refrain sur la difficulté d’adaptation du format vidéoludique mais pour une fois, nous allons vous l’épargner. Suffit-il de savoir que cette dernière expérimentation en question aura fait l’objet de nombreux retournements de situation lors de ses phases de production (chose qu’on pourrait croire obligatoire vu la quantité d’adaptation de jeux vidéo qui connaissent le même sort). On a également bien assez parlé de « Guerres de console » à travers l’Histoire du média, et c’est désormais une nouvelle page qui s’ouvre et qui s’accompagne de son nouveau lot de promesses en tous genres. Alors que Sony (et ses Playstations) vient enfin d’accoucher de sa relecture cinématographique d’Uncharted et que celle – à la télé – de leur œuvre phare The Last of Us (qui emmagasine beaucoup d’attente) est en route, c’est au tour de Microsoft (et ses XBOXs) de tenter sa chance de l’autre côté de l’écran. Halo étant l’une de ses principales sagas tête d’affiche dans leur catalogue, le choix semblait tout fait, d’autant plus qu’elle propose un univers SF sur fond de politique interstellaire fournissant une base déjà solide à l’écriture d’un format long. Diffusée aux Etats-Unis sur l’énième plateforme flambant neuve Paramount+, Halo débarque également en France via Canal+, et nous emmène dans les confins de l’espace avec quelques plans en vue subjective pour faire plaisir aux fans de FPS (= jeu de tir à la première personne). L’univers d’Halo se passe au 26e Siècle. L’Humanité a développé une technologie très avancée lui permettant le voyage spatial et la colonisation d’autres planètes à travers la galaxie. Après s’être heurté à l’Alliance Covenante (une alliance extra-terrestre qui s’est décidée à éradiquer les humains), une guerre éclata. L’UNSC (la force militaire humaine) monta alors une escouade de soldats surentraînés depuis leur enfance qu’on appelle les Spartans. A leur tête, le Major John-117, surnommé en version original « Master Chief  ».



Car que serait Halo sans son protagoniste à l’armure verte devenue culte à travers le temps, reconnaissable par tous, y compris par ceux qui n’ont pas une once de connaissance dans le milieu vidéoludique ? Le Master Chief est devenu comme Lara Croft, Nathan Drake ou Samus de Metroid une figure incontournable et désormais classique du genre, si bien qu’une adaptation relève du défi quasiment impossible. Comment réussir à coller le plus possible au personnage adoré des fans sans le défigurer ou trahir ses aspects les plus caractéristiques ? Quand certains prennent des paris osés (Tom Holland pour incarner Drake, c’est une idée particulièrement saugrenue qui hérissa bon nombre de poils à travers la communauté d’Uncharted), d’autres se la jouent plus classique, parfois même trop (si Alicia Vikander proposait une version assez chouette de Lara Croft, elle n’avait pas grand-chose à apporter et à défendre dans son film). Pour Halo, la prise de risque est totale, et ce dès le premier épisode. Car, sacrilège et blasphème, le Major John-117 retire son casque ! Voilà la première prise d’accroche qui risque de piquer les fans, et qui lance les hostilités. Si dans les jeux vidéo, le Master Chief est ce héros mutique, rigide et badass qui cache derrière sa vitre jaune toutes ses émotions, dans sa série, John est un personnage à part entière dont on va être témoin de l’évolution et des retrouvailles avec son humanité. Il a désormais un visage – celui de l’étonnant Pablo Schreiber, un passé, une famille et des sentiments. Si l’on en vient à se poser la question du choix des équipes d’enlever le casque du Major, on peut d’abord penser à son humanité retrouvée pour mieux permettre au spectateur de s’attacher à lui dans un format long comme celui de la série télé, mais la vraie réponse semble plutôt se trouver dans une galaxie lointaine, très lointaine. Il semble évident que ce choix drastique et très parlant sert d’abord à s’éloigner du personnage du Mandalorien, avec lequel Halo partage beaucoup dans ses principes de bases. Les raisons sont donc multiples à cette décision qui s’attirera sans nulle doute les foudres de certains fans (d’autant plus que le personnage a constamment le visage à l’air libre), mais permet de repartir sur de nouvelles propositions à travers un univers dense qui a beaucoup d’histoires à offrir.



Ces premiers épisodes de Halo (nous n’avons vu que les 4 premiers de la saison 1) mettent doucement en place les principaux enjeux, personnages, localisations et engrenages politiques de son contexte, à travers duquel on suit John et son équipe de Spartans à travers les décisions et trouvailles technologiques de l’UNSC et face aux manigances des Covenantes qui cherchent dans l’ombre une arme redoutable capable de détruire une bonne fois pour toutes les humains. C’est donc la quête de ce Macguffin’ qui guide le récit, accompagné de la remise en question émotionnelle et existentielle du Major en pleine recherche de son humanité cachée derrière ses souvenirs effacés et la puce inhibant ses émotions plantée dans sa colonne vertébrale. Si cette saison 1 n’invente rien de très sensationnel dans le domaine de la Science-Fiction et semble faire quelques pas de côtés par rapport au matériau d’origine, forcé d’avouer que Halo propose un spectacle décent et stimulant qui ouvre des portes intrigantes dans ses premiers épisodes tout en délivrant une galerie riche en personnages secondaires intéressants. Son exploration politique, pour l’instant trouée et parcourue de mystères, permet la mise en place progressive de la trame de cette saison, semblant doucement nous diriger vers le niveau 2 de la guerre entre l’UNSC et l’Alliance Covenante, alors même que l’Humanité a bien du mal à tenir en un seul bloc face à la menace extraterrestre. Cela passe notamment par Kwan, personnage original de la série interprété par Yerin Ha, une jeune adolescente survivante d’un avant-poste de la rébellion massacré par une attaque extraterrestre. La révolution après laquelle elle court permet d’apporter un sous-texte à la toute puissance de l’UNSC qui agit comme un gouvernement peu enclin au dialogue et aux prises de position souvent houleuses. Une guerre multi-facettes donc, qui se développe dans un environnement peuplé de nombreux décors qui défilent au fur et à mesure de l’exploration de la série (témoins de très bons effets spéciaux qui s’effondrent tout de même à certains endroits et dans certaines animations de combat, mais passons).



Accompagnant le casting principal, Natascha McElhone campe le Docteur Halsey, sorte de mère spirituelle des Spartans, Olive Gray donne corps à Miranda Keyes, Bokeem Woodbine incarne un ancien camarade de John et Jen Taylor devient Cortana, une toute nouvelle forme d’intelligence artificielle implantée au Major et dont l’importance aux yeux des connaisseurs de la saga est grande. Le design de cette dernière, un premier temps malmené par Twitter lors de sa révélation, finit par étonnement bien fonctionner avec son animation inspirée de la 3D des années 2000-2010. Au final, ce démarrage de Halo est une surprise encourageante qui a encore beaucoup à accomplir pour rejoindre la tête de liste des meilleures séries de SF, mais qui petit à petit et malgré son scénario très vu et revu, ses effets spéciaux pas toujours parfaits et son accumulation de sous-intrigues qui commence à être un peu lourde, bâtit un potentiel non négligeable qui s’affranchit de l’univers canon des jeux vidéo et de ses livres/explorations cross-média pour tenter l’aventure de la série télé. On se laisse prendre au jeu de cette guerre interstellaire aux personnages éparpillés dans le cosmos avec l’espoir que la fin de saison (et les éventuelles prochaines, même s’il semble que la 2 soit déjà commandée) saura faire décoller ses vaisseaux afin de quitter une bonne fois pour toutes cette atmosphère dont on connait l’air déjà par cœur, histoire de nous emmener un peu voyager en terre inconnue. D’ici là, on va tâcher d’apprécier le périple en regardant d’un œil amusé les fans hardcores s’arracher les cheveux sur la teinte de peau imparfaite de Cortana ou d’autres détails futiles du genre.

Crédits: Canal + / Paramount+

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