SYNOPSIS : Le professeur Albus Dumbledore sait que le puissant mage noir Gellert Grindelwald cherche à prendre le contrôle du monde des sorciers. Incapable de l’empêcher d’agir seul, il sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse des sorciers, des sorcières et un boulanger moldu au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que que les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?
Plus de trois années se sont écoulées depuis la sortie des Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald, deuxième opus de la franchise de J.K. Rowling basée initialement sur Norbert Dragonneau, puis finalement sur un peu tout le monde et n’importe qui. Après un premier volet amusant, vivifiant et plutôt solide, Les Animaux Fantastiques avaient clairement eu en 2018 un accident de balai en se prenant le mur de plein fouet. Le public ne s’y était pas trompé puisque le box-office n’avait clairement pas été à la hauteur des attentes. Depuis, ce serait peu dire qu’il ne s’est rien passé : Johnny Depp (qui incarnait Grindelwald) a été renvoyé du jour au lendemain et J.K. Rowling s’est retrouvée au cœur d’un véritable bad buzz. Tandis que la créatrice autrefois encensée à travers le monde semble être devenue une paria et que plus grand-monde ne semble attendre la suite de ses Animaux Fantastiques, Harry Potter demeure de son côté une licence extrêmement lucrative comme en témoignent le récent pseudo épisode réunion (sorti en France sur Salto), les montagnes de goodies vendues à travers le monde et la sortie prochaine du jeu vidéo Hogwarts Legacy, récemment dévoilé et largement attendu. Nous avons eu l’opportunité de découvrir Les Secrets de Dumbledore lors de son avant-première au Grand Rex : cet épisode a-t-il redressé la barre après la débandade offerte par son prédécesseur ?
Beaucoup de choses pourraient résumer ce troisième opus, qui ne nous le cachons pas, est une calamité à presque tous les niveaux : son écriture sans queue ni tête assortie d’un florilège de niaiseries, sa réalisation terne et sans aucune identité, ses personnages aussi profonds et intéressants qu’une ribambelle de bousiers au milieu d’un terrain vague…Nous le résumerons toutefois assez aisément en un « Ta gueule c’est magique » expression qui n’aura jamais eu autant de sens qu’ici. Cela faisait déjà longtemps que J.K. Rowling nous semblait faire des choix douteux avec son matériau d’origine donc nous ne pouvons pas dire qu’il s’agisse d’une réelle surprise. D’abord en cautionnant le texte de Harry Potter et l’Enfant Maudit dont nous avions certes salué la pièce (merveilleuse à voir, ne nous le cachons pas) dans un précédent article tout en restant lucides sur la piètre fanfiction que représentait l’histoire. Ensuite en écrivant un deuxième volet des Animaux Fantastiques totalement aux fraises qui partait dans tous les sens. Nous voici à présent avec la confirmation que cette nouvelle saga n’a définitivement plus rien d’intelligent à nous offrir. D’ailleurs, même si J.K. Rowling s’évertue à nous caser ici et là des animaux fantastiques, nous avons du mal à comprendre pourquoi tout semble si artificiel. Est-ce que Norbert Dragonneau et ses animaux en pagaille avaient réellement besoin d’être présents dans tous les films ? Était-il nécessaire de faire plusieurs films estampillés « Animaux Fantastiques » ? Ne s’agirait-il pas d’un immense bricolage ? J.K. Rowling sait-elle réellement ce qu’elle fait ? Peu importe les réponses à ces questions, gageons que si cette saga est bien devenue un véritable massacre, le fossoyeur n’est nulle autre personne que sa créatrice, et au moins il n’y a vraisemblablement personne d’extérieur à qui en vouloir, pas même David Yates qui nous livre pourtant une réalisation aussi pétillante qu’une caravane sur un circuit automobile.
Mais de quoi parle donc cette merveilleuse histoire plus mielleuse qu’une boutique de miel où camaraderie et magie s’entremêlent pour lutter contre le grand méchant Gellert Grindelwald (rôle repris au pied levé par notre incroyable Mads Mikkelsen) ? Et bien de notre cher Albus Dumbledore (Jude Law), autrefois éperdument amoureux dudit Grindelwald, qui va devoir lutter contre lui sans pouvoir le combattre de front, la faute à un serment magique passé durant leur fougueuse jeunesse. Non, pour les retardataires Grindelwald n’est pas l’inventeur de Grindr, mais bel et bien un sorcier maléfique qui s’est juré d’éradiquer les moldus. Albus Dumbledore décide donc de former une équipe de choc, avec des membres triés sur le volet : Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne) et son frère Thésée (Callum Turner), Jacob Kowalski (Dan Fogler, toujours très drôle), Eulalie Hicks (Jessica Williams) et l’insupportable Bunty (Victoria Yeates). Tout ce beau monde se retrouve embarqué dans la lutte et surtout, dans un récit qui a de quoi laisser circonspect. A côté en pagaille nous retrouvons Croyance (Ezra Miller), personnage toujours aussi inintéressant qui passe son temps à geindre de façon gênante (d’ailleurs Ezra Miller est empêtré dans des affaires judiciaires, peut-être s’agit-il donc de la dernière fois que nous le voyons jouer l’enfant qui boude), Alberforth Dumbledore (le frère d’Albus) qui hérite d’une storyline bricolée sur un coin de table, ou même Queenie (Alison Sudol) dont le traitement bancal dans le deuxième volet nous avait presque fait oublier son existence tant nous ne comprenons rien à l’évolution de ce personnage. La traversée du désert partait pourtant bien : l’ouverture du film, plutôt triste, sombre et angoissante nous introduit un Norbert Dragonneau en bien mauvaise posture suite aux exactions des disciples de Grindelwald. Puis ensuite, sans qu’on ne comprenne très bien pourquoi, le film décide de vouloir nous faire gober tout et n’importe quoi via un florilège de scènes dégoulinantes de niaiseries, de dialogues préfabriqués à la mors-moi-le-nœud (personne ne parle comme cela dans vie, toutes ces envolées lyriques ridicules enlèvent toute possibilité d’alchimie et d’émotion entre les personnages), et de passages bourrés d’effets spéciaux de façon purement gratuite sans que les événements qui se déroulent à l’écran n’aient une quelconque logique ou utilité pour illustrer le récit. Bien évidemment, certainement conscient qu’il manque de fond et que la fanbase est en train de se faire la malle, le film décide de faire un petit passage à Poudlard. Le moment fan service semble être devenu l’habitude de rigueur. Le film saura toutefois durant ces brefs moments à l’école des sorciers, ne serait-ce que par ses choix musicaux, faire frétiller les quelques fans encore fidèles. J.K. Rowling décide par ailleurs de s’affranchir de toute logique en introduisant ponctuellement des retournements de situation qui ne sont presque jamais expliqués. Dès lors nous devons bêtement accepter tout ce qui se déroule à l’écran malgré la bêtise parfois incommensurable qui nous est proposée à coup de pied-de-biche ou de sortilèges impardonnables.
Bien que ce troisième opus fasse avancer à sa façon l’histoire (même si avouons-le le film n’a aucune consistance et brasse plus de vent qu’autre chose), difficile d’imaginer comment le public va encore pouvoir tenir deux films supplémentaires pour atteindre le chiffre de cinq prévu par sa créatrice. Et d’ailleurs que va-t-elle encore bien pouvoir nous bricoler pendant deux films ? La corde est déjà usée, et la saga comparable à un poumon asphyxié. Difficile ainsi de trouver beaucoup de points positifs au film. Le personnage de Jacob est indéniablement le gros point fort. Toujours aussi drôle et attachant (en même temps c’est sûrement bien le seul), ce dernier pimente un petit peu les péripéties peu chatoyantes auxquelles nous assistons. Jude Law et Mads Mikkelsen, extrêmement classieux, n’ont quant à eux rien d’intéressant à jouer mais font toutefois le travail dignement. Quelques moments amusants sont de surcroît venus nous sortir de notre torpeur.
Les Animaux Fantastiques est une saga malade, dénuée de charme, de naturel et d’authenticité qui sans s’en rendre compte nous démontre minute après minute qu’elle n’a absolument rien à raconter. Si nous saluerons l’effort de continuer à introduire des animaux extrêmement « mignons » et vecteurs de moments comiques pour justifier le titre de la saga qui commençait à devenir hors sujet, voire même cette fois-ci de mettre un animal décisif au cœur du récit (même si avec du recul cela reste encore une fois totalement artificiel), nous ne sommes pas dupes. Rafistolage, absence de logique et poudre de perlimpinpin demeurent les maîtres mots de cet ouvrage balbutiant qui ne croit même pas suffisamment en ce qu’il nous propose. Inconcevable d’imaginer une réconciliation entre le public et cette franchise après deux épisodes de piètre qualité. Peut-être serait-il temps d’arrêter les frais et de ranger une bonne fois pour toute cette arche de Noé trouée tout au fond de la valise de Norbert Dragonneau, le contenu des deux derniers épisodes en date pouvant finalement être résumé en moins d’une dizaine de lignes.
Titre Original: FANTASTIC BEASTS : THE SECRETS OF DUMBLEDORE
Réalisé par: David Yates
Casting : Eddie Redmayne, Jude Law, Mads Mikkelsen…
Genre: Fantastique, Aventure
Sortie le: 13 avril 2022
Distribué par: Warner Bros. France
PAS GÉNIAL
Catégories :Critiques Cinéma
Ca s’appelle une fessée. ..😆. J’avais trouvé le 1 tres rafraîchissant et le 2 tres labrieux. Comment classes-tu celui-ci entre les deux?
Difficile à dire…il est sûrement légèrement moins confus que le deuxième opus mais il y a ici davantage de « ta gueule c’est magique » je le crains, ce qui n’est pas mieux. À mettre dans le même panier : les limbes. Et le premier opus loin devant.
Ok, merci.