SYNOPSIS: Cinq ans après les attentats du Bataclan, au lendemain du premier confinement, le psychanalyste Philippe Dayan (Frédéric Pierrot) accueille quatre nouveaux patients : Inès (Eye Haïdara), une avocate quadragénaire et solitaire, Robin (Aliocha Delmotte), un adolescent en surpoids victime de harcèlement scolaire, Lydia (Suzanne Lindon), une étudiante venue partager un sombre secret concernant sa santé et Alain (Jacques Weber), un chef d’entreprise pris dans une tourmente médiatique… Divorcé, attaqué en justice par la famille de l’un de ses anciens patients, le docteur Dayan se tourne vers Claire (Charlotte Gainsbourg), une analyste et essayiste de renom dont il espère le soutien pour son procès en cours.
ATTENTION SPOILERS : Cet article révèle certains rebondissements de la saison 1
et nous vous conseillons sa lecture après le visionnage de cette saison
Il y a un an, pendant l’un des confinements, nous avions eu l’immense plaisir de découvrir un peu par hasard la première saison de En thérapie. Portés par une ambiance étrange et un climat incertain nous nous intéressions à cette époque à des fictions (indépendamment de leur format) mettant en scène des gens du quotidien faisant la démarche de consulter un psychologue. A ce titre nous avions également eu la joie de lire Toutes les femmes de ma psy, excellent premier roman de Maximin Gourcy. A l’instar de En thérapie, ledit ouvrage mettait en scène Arthur, un individu lambda, éreinté par le poids d’un quotidien terne et pesant qui cachait un certain nombre de non-dits. En roman comme à l’écran, vous l’aurez compris, ces formules ont largement fonctionné sur nous. L’arrivée d’une seconde saison de En thérapie ne pouvait que nous réjouir et ce malgré les articles qui étaient sortis peu de temps après la diffusion de la première saison annonçant d’emblée que les scénaristes originaux ne reviendraient pas suite à des conflits internes liés a priori au(x) producteur(s). Qu’à cela ne tienne, la saison 2 est là, toute chaude, et très attendue. Les événements y débutent cinq ans après les attentats du Bataclan et prennent donc place dans un contexte récent : au lendemain du premier confinement. Il est d’ailleurs tout à fait amusant de découvrir ces nouveaux épisodes au cours de cette timeline, sachant que nous avions, comme nous le disions plus haut, découvert le show durant l’un des confinements : réalité et fiction se mélangent encore davantage du fait d’une proximité évidente avec les conséquences d’un contexte pas encore révolu. Mais avec une telle ellipse, de nouveaux patients et une équipe de scénaristes totalement refondue, En thérapie est-elle toujours la série dont nous sommes tombés sous le charme un an auparavant ?
Cette saison se concentre sur quatre nouveaux patients : Inès (Eye Haïdara), une brillante avocate qui a déjà consulté Philippe Dayan (Frédéric Pierrot) lorsqu’elle était plus jeune, Robin (Aliocha Delmotte) un adolescent complexé qui a du mal à accepter la séparation de ses parents, Lydia (Suzanne Lindon) une étudiante qui cache un lourd fardeau médical et Alain (Jacques Weber) un chef d’entreprise au cœur d’un tourbillon médiatique après le suicide de l’une de ses salariées. Quant à Philippe Dayan, déjà, largement tourmenté dans la saison précédente, nous le retrouvons en bien mauvaise posture : divorcé et exilé dans une maison familiale (exit l’ancien cabinet), il se retrouve attaqué en justice par la famille d’Adel Chibane (Reda Kateb), l’un des patients les plus marquants de la saison 1. Pour rappel, Adel, très marqué par les attentats de novembre 2015, s’était finalement envolé pour la Syrie afin de combattre ceux qui tentaient d’imposer leur idéologie en France, avant d’y perdre tragiquement et violemment la vie. Et le moins que l’on puisse dire c’est que En thérapie n’a rien perdu de sa verve, de son efficacité, ni de son talent. La série demeure toujours aussi hypnotisante.
Vous l’aurez remarqué les deux saisons sont déjà connectées par un événement important : le procès lié à la mort d’Adel Chibane. Il est ici reproché au docteur Dayan de ne pas avoir dissuadé son patient d’aller en Syrie, voire de ne pas avoir alerté les pouvoirs publics ou autres tiers de la volonté d’Adel d’aller combattre des terroristes ; la partie civile au procès qualifiant cela de suicide planifié et non-empêché par le psychologue. Mais ce ne sont pas les seules connexions. Il aurait été aisé de bêtement refaire une saison calquée sur la précédente en changeant machinalement les patients tout en faisant table rase du passé mais la série a eu l’intelligence de formaliser une véritable suite. Ainsi Robin, le jeune patient qui n’accepte pas la séparation de ses parents n’est autre que le fils de Léonora (Clémence Poésy) et Damien (Pio Marmaï), le couple qui faisait précédemment l’objet d’un suivi. Via le procès nous avons par exemple également l’opportunité de revoir Carole Bouquet qui incarnait Esther, l’amie (malgré une relation délicate au cours des séances) et contrôleuse de Philippe Dayan. Le fait que les deux saisons se fassent écho est véritablement salvateur et permet de continuer à suivre le fil de vie d’anciens patients, d’entrevoir ce qu’ils deviennent ou tout simplement de nous montrer qu’ils ne sont guère oubliés. Le point culminant de notre visionnage étant le quinzième et dernier épisode vu à date (la saison en compte trente-cinq, comme la précédente) qui prend place durant le procès de Philippe, avec de très belles plaidoiries et un casting réellement impliqué. Mention spéciale à Sharif Andoura, acteur qui semble monter de façon fulgurante puisqu’en l’espace de quelques semaines nous avons eu la chance de le découvrir en seconds rôles dans la saison 2 d’OVNI(s) ainsi que dans le film Les jeunes amants. Autre mention spéciale à Aliocha Delmotte qui épate vivement du haut de son jeune âge.
Bien sûr au-delà des mentions spéciales, c’est bien l’entièreté de ce nouveau casting qui mérite d’être salué, au même titre que l’ancien. Comme la saison précédente, chaque téléspectateur sera plus touché par telle ou telle histoire et aura son chouchou mais impossible de nier l’étendue du talent de chaque intervenant. La qualité d’écriture est au rendez-vous et Frédéric Pierrot est toujours aussi magistral. Ces quinze épisodes ne nous ont donné qu’une seule envie : découvrir la suite. Et nous allons nous y atteler de ce pas. Présentée cette semaine à Séries Mania de Lille, la saison 2 sera disponible sur arte.fr dès le 30 mars puis diffusée à la télévision à compter du 7 avril. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire : (re)passer sur le divan.
Crédits: ARTE France, Les Films du Poisson, Federation Entertainment et Ten Cinéma
(France, 2021, 35×26’)
Catégories :Critiques Cinéma