Critiques Cinéma

ADAM À TRAVERS LE TEMPS (Critique)

SYNOPSIS : Un pilote entreprend un voyage dans le temps aux côtés de l’enfant qu’il était et de son père disparu afin de soigner les plaies du passé, tout en sauvant l’avenir.

Un an après sa belle surprise Free Guy, le réalisateur Shawn Levy retrouve Ryan Reynolds cette fois pour la solde de Netflix avec ce Adam à Travers le Temps (ou The Adam Project en version originale). En affichant son ambition de concevoir un film d’aventures familial à tendance nostalgique, Levy semble être un choix évident. Avec Real Steel, La Nuit au Musée ou l’intégralité de Stranger Things à son portfolio, le metteur en scène s’est d’ores et déjà montré bien capable de manier les images en s’inspirant de l’action filmée par les générations de réalisateurs qui le précédent. Ainsi, ce Projet Adam affirme haut et fort ses influences pour fournir à Netflix un spectacle au grand casting. Ryan Reynolds poursuit ses expérimentations sur la plateforme rouge après ses aventures 6 Underground et Red Notice en incarnant Adam, pilote quarantenaire qu’on découvre dans l’espace sous le feu ennemi dans l’ouverture du film. En 2021, le jeune Adam – une douzaine d’années – vit seul avec sa mère depuis le décès de son père scientifique quelques mois auparavant. Quand un vaisseau s’écrase derrière sa maison, Adam rencontre Adam (celui de Ryan Reynolds – oui, parce que c’est la même personne en fait), soit lui-même avec 30 ans de plus. Le voyage dans le temps existe dans le futur, mais de sombres manigances semblent agir dans l’ombre et modifier le cours des choses. Les deux Adam partent alors ensemble à la recherche de la source de toute cette histoire.



En bon film d’aventures familial moderne, Adam à Travers le Temps dégage un parfum d’Amblin constant, évoquant en à peine quelques scènes toute l’imagerie des années 80 américaine. Spielberg, Zemeckis, Dante et Reitman sont cités à tour de rôle par une atmosphère visuelle joliment nostalgique qui fonctionne assez bien dans sa reconstitution jamais trop appuyée. Certes il y a beaucoup de Retour vers le Futur, de ET et de SOS Fantômes dans cette aventure, mais les influences ont la distance nécessaire pour ne pas cannibaliser le reste du film. Malheureusement, cela a du mal à suffire pour faire exister le long-métrage par lui-même, dépendant de tout un genre et de toute une génération pour pouvoir faire parfaitement sens. Ce The Adam Project n’est jamais vraiment mémorable et aligne les tropes et les idées convenues pour nourrir son propos, fait d’autant plus dommage qu’il est évident qu’il a beaucoup de cœur et une volonté très touchante de rendre ce voyage intime, et par ce biais très personnel. Ce qui trouve le plus d’intérêt dans cette heure quarante d’action tout droit tirée de vos VHS des 80’s est le traitement des Adam et de comment les deux générations se répondent et apprennent l’une de l’autre (l’un qui ne voit pas encore le futur, et l’autre qui a oublié qui il était). C’est dans cet équilibre que Shawn Levy réussit le plus son coup, et c’est la raison pour laquelle malgré un résultat très moyen, on ne peut s’empêcher de trouver la tentative bien touchante. Tout ça passe notamment par les personnages secondaires qui portent à bout de bras le film, à savoir Zoé Saldana en love interest badass et déterminée, Mark Ruffalo en père obnubilé par ses recherches et l’impeccable Jennifer Gardner incarnant cette mère désormais veuve qui jongle avec son deuil et l’éducation de fils. Car il faut bien avouer que malheureusement, c’est au cœur de son casting de tête d’affiche que le bât blesse. Ryan Reynolds campe Ryan Reynolds qui fait des blagues à base de sarcasme et de réflexions méta (qu’on commence à connaître par cœur), et quant au jeune Walker Scobell, il campe… Ryan Reynolds. Même débit de voix, même punchline deliveries, mêmes tics comiques : Scobell est un Reynolds en puissance qui – s’il n’est vraiment pas mauvais – participe à noyer le film dans ses principaux problèmes. Pour nous faire signifier qu’il joue le jeune Adam (et donc une jeune version de notre cher Ryan), The Adam Project nous présente Scobell, agressé par les habituels bullies du collège, avant de jouer par mimétisme à être Ryan Reynolds. Mais la chose ne fonctionne par essence pas, car le film prétend déployer un univers original. Ici, la compréhension de son interprétation et de la nature de son rôle dépend du fait que le spectateur soit désormais habitué au jeu du comédien canadien. Le lien entre les deux Adam ne marche tout simplement pas et se limite à des blagues échangées entre eux qui cassent la valeur ajoutée par la dimension intime pourtant habilement mise en place par le scénario.



L’univers science-fiction déployé par le long-métrage n’est pas non plus au niveau, malgré quelques séquences d’action plutôt bien filmées (principalement les combats au corps à corps) et l’idée des mercenaires temporels qui explosent en pixels lorsqu’ils sont éliminés. Rien n’est véritablement développé dans sa vision du futur (que Reynolds compare à Terminator en 10 fois pire sans qu’on ne le voie jamais), et l’intrigue temporelle devient vite surfaite. L’antagoniste est également une grosse déception, manquant de sens et de complexité pour réellement happer le spectateur.




S’il aligne la bonne volonté d’une histoire au propos touchant et intime qui s’attaque à la famille, au deuil et au temps qui passe trop vite, Adam à Travers le Temps est un spectacle bancal et loin d’être mémorable qui n’empêche pourtant pas de faire un job en petite forme. Toutes les bonnes choses que l’on en tire se retrouvent derrière un habillage maladroit, des facilités un peu bourrues (le jeune Adam qui accompagne les personnages dans une guerre alors qu’il n’a que 12 ans pour une raison jamais trop justifiée autrement que par la volonté de confronter les deux Adam) et un scénario hyper convenu. Rien de nouveau dans la ligne temporelle de Netflix, ce qui est d’autant plus frustrant que The Adam Project avait de bonnes cartes en main pour devenir un joli petit film générationnel.

Titre Original: THE ADAM PROJECT

Réalisé par: Shawn Levy

Casting : Ryan Reynolds, Mark Ruffalo, Jennifer Garner…

Genre: Science Fiction, Aventure, Action

Sortie le:  11 mars 2022

Distribué par: Netflix France

MOYEN

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