SYNOPSIS: Parce qu’il a oublié sa carte d’identité, Elias ne peut passer les épreuves du concours d’entrée à Sciences Po. À la recherche d’un job en attendant de pouvoir se présenter à nouveau, il devient éducateur dans une Maison d’Enfants à Caractère Social.
Scénariste de plusieurs épisodes de la saga Les Tuche, Nessim Chikhaoui change radicalement d’environnement et d’ambiance pour sa première réalisation, en racontant l’histoire d’un étudiant qui découvre par la force des choses le métier d’éducateur spécialisé, auprès de mineurs vivant dans un foyer et attendant d’être placés en familles d’accueil. Par son passé d’éducateur, le réalisateur propose des personnages crédibles, avec plus de profondeur, notamment grâce au talent des jeunes acteurs qui composent sa distribution. A travers les yeux d’Elias, le protagoniste, nous découvrons au fur et à mesure les problématiques auxquelles font face les éducateurs, et comment les liens avec l’équipe ou les jeunes se forment, ainsi que le bien-fondé de ce type d’établissement de protection de la jeunesse. Les doutes, l’attachement ou encore la peur de l’abandon des enfants, sont retranscrits avec justesse par un développement des personnages bien pensé. Très souvent, Elias se retrouve face à un autre personnage et ils prennent le temps de discuter, permettant ainsi d’étoffer individuellement tous les autres rôles en dehors des différentes scènes de groupe qui dynamisent le film. Une gestion du rythme assez admirable pour une première réalisation, qui ne nous détache jamais du film, alternant habilement entre les scènes sous tensions et celles plus humoristiques.
On ressent l’inspiration de Polisse notamment au travers de sa forme proche du documentaire, nous permettant de nous plonger plus facilement dans cet univers, en narrant des histoires, des parcours qui sentent plus le réel que l’imagination d’un scénariste. Cependant on pense aussi à Nos jours heureux et c’est peut-être ce qui peut faire défaut au film, par l’aspect colonie de vacances au foyer là où la réalité est plus difficile. L’optimisme emprunt de nostalgie peut d’ailleurs desservir un des propos du film. Car si par certains aspects, il se veut n’être qu’une fenêtre sur la réalité d’un monde relativement méconnu, l’un des messages du film se révèle être le paradoxe du statut « Jeune Majeur », un statut offert aux jeunes méritants, mais qui n’en ont pas forcément besoin par rapport à d’autres, et le manque d’armes de l’état pour faire face à une jeunesse au milieu de vie difficile. Une réalité plus dure, moins encourageante que le film Hors Normes avait habilement su mettre en place pour tenter de remettre en question nos propres actions ainsi que celles du gouvernement, là où Placés risque malheureusement de ne pas avoir le même impact, en raison d’une certaine forme de naïveté ou de légèreté. A voir s’il s’agit d’une véritable volonté du réalisateur de ne montrer qu’une vision heureuse d’un des aspects les moins faciles de la jeunesse, où s’il a malheureusement manqué le coche. En montrant aussi l’environnement de vie de son personnage principal, le film est parsemé de nombreux moments drôles, notamment par la présence de son entourage, et emprunte à un style de comédie pure, dont on peut deviner l’inspiration de la saga Tuche sans pour autant verser dans autant d’absurdité, mais tendant plutôt vers le burlesque.
Le casting principal, composé en grande partie de nouveaux visages (pour les jeunes à placer) se révèle être une force du film. Laissant une grande place à l’improvisation, ils ont su s’approprier leurs personnages, que ce soit dans leurs coups de sang, dans les moments plus intimes ou encore dans leur manière de s’exprimer. Shaïn Boumedine, qui soutient le film oscille parfaitement entre la tendresse, l’empathie et la bonne volonté dont son personnage est emprunt, à la recherche de sa propre façon de gérer les enfants, dans un environnement où les adultes sont à la fois durs, blasés ou font face à une vie personnelle difficile. Une prise de vue intéressante qui révèle que la majorité n’exonère pas de problèmes familiaux, contre-balançant avec celle des adolescents. Notons que, musicalement, plusieurs acteurs figurent sur la bande-son du long-métrage, notamment avec le morceau d’introduction, parlant de la sortie sèche, cette bascule dans la majorité où les jeunes se retrouvent dépourvus de toute aide du jour au lendemain.
Titre Original: PLACES
Réalisé par: Nessim Chikhaoui
Casting : Shaïn Boumedine, Julie Depardieu, Philippe Rebbot…
Genre: Comédie dramatique
Date de sortie: 12 janvier 2022
Distribué par: Le Pacte
BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020