Critiques Cinéma

HOUSE OF GUCCI (Critique)

SYNOPSIS: Gucci est une marque reconnue et admirée dans le monde entier. Elle a été créée par Guccio Gucci qui a ouvert sa première boutique d’articles de cuir de luxe à Florence il y a exactement un siècle.
À la fin des années 1970, l’empire italien de la mode est à un tournant critique de son histoire. Si l’entreprise rayonne désormais à l’international, elle est handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne et une dévalorisation de la marque. Le groupe est dirigé par les deux fils du fondateur – Aldo, personnage rusé et haut en couleur, et son frère Rodolfo, beaucoup plus froid et traditionnel.
Pugnace, Aldo n’a pas la moindre intention de céder le contrôle de l’empire à qui que ce soit – et certainement pas à son fils Paolo, garçon fantaisiste qui aspire à devenir styliste. Quant à Maurizio, fils timide et surprotégé de Rodolfo, il a davantage envie d’étudier le droit que de diriger un groupe de luxe mondialisé.
C’est alors que Maurizio tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Lorsque Aldo se découvre des affinités avec Patrizia, il réussit, avec l’aide de la jeune femme, à convaincre son neveu de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier. Ce qui ne manque pas de nourrir la rancoeur de Paolo, dont le talent n’est pas à la hauteur de ses rêves artistiques…

2021 est définitivement l’année du grand retour de Ridley Scott. Après 4 ans d’absence derrière la caméra (sa dernière réalisation était le dernier volet d’Alien, Covenant), c’est en fanfare que le metteur en scène désormais octogénaire revient dans nos salles avec pas moins de deux propositions en l’espace d’un mois – hasard heureux d’un calendrier des sorties bousculé par le passage du Covid. Alors qu’on sort tout juste de son très bien reçu Dernier Duel, le voilà de retour avec une nouvelle exploration, preuve de plus (s’il en faut) que le cinéma de Ridley Scott se plait à voyager dans le temps. Exit le 14ème Siècle, le réalisateur se pose en Italie dans les années 80, avec dans son viseur la famille Gucci. L’histoire revient sur les évènements tragiques marquants la fin de l’empire Gucci au sein de leur entreprise, via la prise de pouvoir du fils Maurizio et de sa toute nouvelle épouse Patrizia. Une série de manipulations, de trahisons, de passion et de tentations qui vont tourner au drame le 27 Mars 1995.


Par sa fresque déroulée sur un peu moins d’une décennie, Ridley Scott embrasse la trajectoire de Maurizio Gucci, lui peu enclin aux affaires de son père, qui se voit contraint et motivé par sa femme de reprendre le business pour faire renaître la marque Gucci. Dans un univers impitoyable de luxe, de paillettes et de strasss, le metteur en scène y développe un univers cynique et aux limites du risible pour mieux épingler les affres de cette sordide mécanique mise en place par tout un système bien cruel. House of Gucci est par contre pesé par certains aspects de sa structure, limitant notamment toute sa partie au potentiel de thriller et en étouffant quelque peu les résolutions finales (en particulier dans le crime en bout de course qui manque cruellement d’ampleur). Mais au-delà de ces quelques appréhensions et frustrations, le film dessine avec légèreté et impact les grands balbutiements de la Famille Gucci à la tête de leur marque par un déroulé limpide à l’exécution remarquable qui laisse la part belle à un casting très en forme.



Lady Gaga, au sommet de la chaîne alimentaire du récit, campe avec fraîcheur et un soupçon de noirceur aux moments voulus Patrizia Reggiani, lui donnant l’occasion de faire briller ses talents dans une composition tout en charme et en pouvoir. Elle forme une dualité très pertinente avec le constamment excellent Adam Driver qui signe une nouvelle démonstration de force dans sa plus qu’impressionnante année 2021 (Annette et Le Dernier Duel avant ce House of Gucci) tout en gardant son personnage en retrait de son histoire pour mieux y camper la victime parfaite du crime parfait. Al Pacino et Jeremy Irons sont eux aussi impeccables chacun à leur façon, aux côtés d’un Jared Leto méconnaissable qui vole chacune des scènes dans lesquels il apparaît dans un rôle absurdement burlesque. Suivent également Salma Hayek et la frenchie Camille Cottin incarnant respectivement la voyante de Patrizia et l’amie d’enfance de Maurizio. Par sa galerie de personnages parfois éphémères qui composent ce tableau bien rouillé derrière ses paillettes, Ridley Scott adapte le roman éponyme de Sara Gay Forden en une jolie démonstration de force à l’énergie bouillonnante et à la fantaisie déguisée en perfidie meurtrière.


House of Gucci trouve dans sa portée une vraie envie de raconter une histoire de personnages qui se heurtent et se tirent dans les pattes pour mieux se reprendre la fatalité dans la figure. Ridley Scott signe un film qui, s’il ne sera probablement pas un de ses plus grands ni un de ses plus unanimes, marque les esprits par son rythme constant et son récit morcelé foisonnant d’idées de mise en scène. House of Gucci est un biopic de luxe débordant d’énergie et de cinéma, un défilé chic parsemé d’un humour cynique en forme de compte à rebours avant l’implosion. Casting étincelant, bande-originale d’enfer et rythme endiablé : Ridley Scott nous fait rentrer dans sa danse quitte à parfois trop en faire – ou pour certains pas assez, justement. Un film clivant aux dorures évidentes qui laisse transparaître ses incertitudes pour mieux les embrasser et les magnifier. Probablement pas de la Haute Couture, mais définitivement du beau vêtement.

Titre Original: HOUSE OF GUCCI

Réalisé par: Ridley Scott

Casting : Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino….

Genre: Biopic, Drame

Date de sortie: 24 novembre 2021

Distribué par: Universal Pictures International France

TRÈS BIEN

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