SYNOPSIS: Le jour où Hassan annonce sa future paternité à ses meilleurs amis, Raoul, Margot et Dany, il espérait davantage d’engouement. Mais nous sommes au XXIème siècle … Une bouche de plus à nourrir sur cette planète, un futur pollueur en puissance, ce n’est vraiment pas « Europe Écologie Les Verts » selon ses amis. Mais surtout, cette future naissance fait ressurgir chez eux leurs peurs. Hassan doit se préparer à son nouveau rôle de parent malgré sa relation compliquée avec son propre père. Danny cherche à tout prix à en savoir lus sur ses origines, elle va également devoir prendre des distances avec sa mère. Sa mère, Christiane, va justement enfin redevenir une femme ! Margot va aussi devoir composer avec ses parents, un père dépressif et une mère obsédée par les ondes, et sa recherche de l’orgasme. Raoul lui va devoir essayer de se trouver entre d’un côté sa virilité et de l’autre sa féminité, et de trouver un équilibre dans sa relation avec sa mère, qui est l’icône Amanda Lear ! Les nouvelles tendances émergeant de la révolution numérique telles que les fake news, les sites de rencontre, les followers, les uber, les selfies … joueront un rôle important dans la résolution ou non de leurs interrogations
Après la récente et très sympathique Jeune & Golri, OCS semble vouloir persévérer de façon décalée dans le traitement de la vie des trentenaires, une espèce dont plusieurs d’entre nous font d’ailleurs partie, tout en les mettant en confrontation avec d’autres générations. C’était déjà le cas de Prune (la protagoniste de Jeune & Golri) qui rencontrait Francis, un homme plus âgé qu’elle et père d’une enfant de six ans. OCS n’a néanmoins jamais fait mieux jusqu’à présent que l’extraordinaire série Vingt-cinq (de, et avec, Bryan Marciano) qui nous immergeait avec humour, drame et justesse dans le quotidien d’une bande de potes à l’approche de la trentaine : une série d’une saison seulement (du moins pour l’instant), peu connue, et pourtant fantastique (vous l’aurez compris, il est temps d’aller la rattraper, ou au choix, de la revoir). Ce n’est malheureusement pas avec sa nouveauté Hashtag BOOMER, qui débarque ce jour sur OCS Max, que le flambeau sera sainement repris.
Hassan (Bellamine Abdelmalek), Dany (Manon Azem), Margot (Allison Chassagne) et Raoul (Jules Sagot) sont donc les quatre trentenaires sur qui la série va se focaliser : des adultes qui gèrent certes leurs vies mais aussi celles de leurs parents. L’évolution technologique et numérique a toutefois, justement, changé les modes de vie, et les enfants doivent souvent accompagner les boomers afin qu’ils appréhendent les nouveaux codes et les nouvelles pratiques. Hassan doit ainsi apprendre à gérer sa future paternité tout en évitant de reproduire les mêmes échecs que ses parents, qui n’ont même plus le droit de se retrouver dans la même pièce ; Dany, qui n’a jamais connu l’identité de son père, va devoir expliquer à sa mère (l’excellente Christine Citti) comment utiliser des applications de rencontres pour occuper sa retraite ; Raoul, toujours aussi perdu après des années de psychanalyse, doit trouver l’équilibre qui lui manque dans les rapports avec sa mère, présente virtuellement et financièrement, mais physiquement et émotionnellement absente : la fameuse Amanda Lear ; quant à Margot qui enchaîne les histoires d’un soir, elle prend conscience qu’elle n’a jamais connu l’orgasme, mais doit aussi gérer son père dépressif. Tout un programme.
Si la série joue clairement sur deux tableaux (celui des trentenaires et celui des boomers) il est difficile de comprendre réellement au cours de ses trois premiers épisodes à qui elle s’adresse. Aux trentenaires ? Bien que les personnages soient globalement sympathiques, nous ne pouvons pas dire que les sujets mis en avant (ou du moins, leur traitement), même s’ils sont agréablement décalés, soient foncièrement passionnants ou amusants. Encore une fois, l’approche d’une série comme Vingt-cinq, faisait mouche à tous les coups en brossant un certain nombre de thématiques sans sombrer dans la caricature. Aux boomers ? Oui et non. D’un côté, au cours d’une séquence par épisode, un(e) trentenaire parle face caméra afin d’exposer un concept du « nouveau monde », comme la signification de l’Ubérisation ou autres facéties : une démarche didactique qui fait office de tutoriel pour les nuls (les trentenaires esquisseront tout au plus un rictus, dans la mesure où la séquence leur parlera, tout en leur passant sensiblement au-dessus). D’un autre côté les boomers sont particulièrement en retrait et ne constituent pas nécessairement le cœur de la série malgré son titre. Ils s’avèrent davantage un prétexte qu’une fin en soi. L’ensemble a beau être agréable, la cible et le propos semblent donc bancals. Peut-être est-ce une série à regarder avec ses parents ? (si tant est que les trentenaires d’aujourd’hui aient le temps et l’envie pour cela, d’autant plus qu’ils n’ont pas tous leurs parents dans la même ville qu’eux, fruit et cassure de la fameuse mobilité géographique professionnelle, d’ailleurs pas du tout abordée dans la série).
Les comédiennes et comédiens font le job, peu aidés par des personnages sans grande envergure ni potentiels hormis peut-être celui de Raoul qui demeure énigmatique. Quelques guests sont au programme comme Olivier Marchal et a priori Amanda Lear (évoquée mais pas encore vue en chair et en os jusqu’à présent). L’histoire de Raoul et Amanda Lear est d’ailleurs une idée intéressante sur le papier dans la mesure où comme le résume très bien Raoul dans le parti pris de la série : Amanda Lear ne cherchait pas à cacher son sexe, mais son fils. A voir si Hashtag BOOMER transforme cette idée en or ou en pétard mouillé, et surtout si elle mène vraiment quelque part…
Difficile donc sur seulement trois épisodes de se faire un réel avis tranché sur Hashtag BOOMER, même si les épisodes semblent suivre une même mécanique et un ton similaire : nous nous attardons sur la vie des trentenaires et nous assistons à quelques passages avec leurs parents, assortis de la fameuse séquence tuto évoquée précédemment. Une série un peu trop fade, mais pas terne. De là à lui donner sa chance sans perdre son temps ? Laissons-lui le bénéfice du doute. Son format 26 minutes permet par ailleurs de la visionner assez aisément. Affaire à suivre. Ou pas.
Crédits: OCS