J'ai quelque chose à vous dire...

J’ai quelque chose à vous dire… Jean-Paul Belmondo (Hommage)

Cher Jean-Paul Belmondo,



C’est la seconde et ultime fois que je vous écris. Ce dernier échange épistolaire unilatéral, j’aurais voulu le repousser aussi longtemps que possible, voire ne jamais avoir à le rédiger mais la réalité nous rappelle à elle avec une violence sans pareille. Et pourtant c’est dans la logique des choses même si on vous voyait immortel tant vous avez illuminé nos nuits et nos journées maussades de ce sourire XXL qui barrait votre visage buriné. Vous nous faites faux bond pour la première fois mais comment vous en tenir rigueur ? Quand on a vu successivement tous vos amis tirer leur révérence les uns après les autres, on se disait bien que vous n’alliez pas tarder à vouloir les rejoindre pour refaire les 400 coups avec eux. Forcément, nous sommes aujourd’hui KO debout et je ne dirais pas que je le suis plus qu’un autre car l’unanimité autour de votre personne et l’amour considérable que vous suscitiez montre à quel point TOUT le monde vous aimait. Mais comme on ramène toujours tout à soi dans cette vie, je ne peux que parler de ma tristesse à moi. Immense. Considérable. Inquantifiable. Car vous étiez devenu – depuis que nos destinées se sont virtuellement croisées dans cette période de l’enfance où tout se construit- le totem principal de ma culture cinématographique. Le point cardinal vers lequel tout convergeait. Mon héros ultime. Celui qui mettait des étoiles dans mes yeux. Celui pour lequel on allait au cinéma avec une passion aveugle, tout simplement comme dans un geste d’amoureux total. Aussi loin que je m’en souvienne vous avez mis des étoiles dans mes yeux, j’admirais votre décontraction, votre humour, votre classe naturelle, votre punch légendaire…

J’aurais voulu être vous, séduire les plus belles femmes, avoir le flegme de Bob St-Clar alors que je n’avais que les pantoufles de François Merlin. A l’âge où l’on se construit des icônes, je vous ai aimé jusqu’à la déraison, usant dans le magnétoscope familial les VHS des films où  vous apparaissiez, admirant le commissaire Letellier qui n’hésitait pas à sauter sur le toit du métro, les yeux brillants pour Joss Beaumont quand il corrigeait l’inspecteur Farges, voulant prendre la place du petit Simon aux côtés de Jo Cavalier, souhaitant faire le coup de poing avec le commissaire Jordan et prendre la tangente avec Sam Lion pour  l’accompagner dans son périple… Ah je vous ai adoré cher Jean-Paul Belmondo, vénéré même le mot n’est pas trop fort, découvrant sur le tard vos aventures auteurisantes, mais toujours heureux de vous voir sur mon écran, d’entendre votre gouaille et vos répliques assénées avec un bagout à nul autre pareil. Si j’avais forcément un plus grand penchant pour la période Bébel que j’ai vécu en direct, j’ai fini par tout rattraper sans jamais rien détester, même quand dans Joyeuses Pâques ou Les Morfalous il n’y avait pas grand chose à sauver convenons-en. Mais moi je vous sauvais toujours, quand bien même le film n’entrait pas dans mon panthéon personnel.

J’aurais rêvé de vous rencontrer, de vous serrer la main, de voir dans vos yeux que vous étiez l’homme bien que je m’étais imaginé toute ma vie par la force de vos personnages et de leur humanité. J’aurais adoré rire avec vous en trinquant à votre bonne santé et à votre carrière unique, entendre votre voix si reconnaissable m’apostropher et dans la foulée entendre votre rire tonitruant résonner. Et puis le fantasme s’évapore et je me dis que c’est peut-être finalement une « chance » que nos routes ne se soient pas croisées. Ça m’a sans doute permis de conserver une espèce d’innocence dans mon rapport à votre personne, ça m’a sans doute évité d’être déçu, même si ça me semblait impossible que vous ne soyez pas à la hauteur du héros que je m’étais imaginé… Vous le sentez vous aussi que j’essaye juste de me convaincre que je ne suis pas déchiré de part en part de savoir que je ne vous rencontrerais jamais? Si cette pensée très égoïste n’a pas lieu d’être en ce moment solennel, la sincérité m’obligeait à vous la livrer. Mais fort heureusement, vous n’allez pas me manquer, tout simplement parce que je ne vais pas vous perdre. Vous continuerez à vivre dans mon cœur, à être une petite part de mon oxygène et je pourrais toujours revenir voir Bob St-Clar, François Merlin, Letellier, Jo Cavalier, Sam Lion et tous les autres, cette farandole de personnages à qui vous avez prêté vie et qui forment mon monde à moi, un monde où vous êtes cher Jean-Paul Belmondo, la figure tutélaire pour toujours. Le moment des adieux est toujours déchirant mais on ne dit pas adieu à une icône de votre stature, on l’emporte avec nous pour toujours. Merci pour tout Jean-Paul Belmondo.

Votre dévoué Fred Teper.

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