SYNOPSIS : Un éclat de balle inopérable peut être fatal à tout moment à Idriss Toma, brillant avocat parisien, jusqu’alors allié incontournable des riches et des puissants. Conscient que la vie lui a offert une seconde chance, il retourne à Lille et s’associe à Nadia Ayad, avocate engagée et Jeanne Vanhoven, une ex-gloire du barreau. Avec l’aide de deux jeunes collaborateurs, ils mettent leur talent au service de celles et ceux que la machine judiciaire menace d’écraser.
Lorsque l’aventure Cherif s’est conclue sans qu’on s’y attende vraiment, même si la série avait peut-être atteint son point de non retour, il serait faux de dire que ça nous avait laissé insensible. Après six saisons, une chose était sûre et certaine. Lionel Olenga connaissait son petit précis des séries télé sur le bout des doigts. Un amour immodéré avec lequel il nous avait conquis et une sensibilité de passeur que le co-créateur de Cherif savait rendre contagieuse avec de subtiles allusions et une propension à verser dans le méta, catalysée par l’épisode avec Antonio Fargas qui reprenait son rôle d’Huggy les bons tuyaux, un des personnages emblématique de Starsky & Hutch. Autant dire que nous attendions son nouveau projet avec une certaine impatience. Exit la série policière et place à la série judiciaire avec Le code co-créée avec Cécile Even et Nicolas Robert qui nous plonge d’emblée dans les affres d’Idriss Toma dans une scène pré-générique choc et des premières minutes qui plantent immédiatement et brillamment la caractérisation d’un personnage auquel on sait immédiatement qu’on va s’attacher. Ce qui marque d’entrée c’est l’écriture fine et ciselée et la qualité des dialogues qui, avec moins de second degré que dans Cherif, reste un des points forts de l’équipe créative. Mais Le code ne se résume pas à une écriture habile et des scénarios bien ficelés, c’est aussi une production chiadée, certes classique mais bien réalisée (par Jean-Christophe Delpias), rythmée, qui ne sacrifie pas à l’action à tout va, aux lignes narratives parallèles ou qui s’entrecroisent ou encore à une psychologie de comptoir qui permet trop souvent de dénouer des intrigues alambiquées et d’avoir recours à des facilités qui desservent la profondeur émotionnelle qui pourrait émaner de certaines séries. Ce n’est pas le cas ici.
Car Le code, au-delà du soin porté à ses histoires, bénéficie d’un casting impeccable et de personnages forts et singuliers, interprétés par un casting choral inédit qui fait la part belle aussi bien à la diversité qu’à la qualité. Si les intrigues judiciaires maintiennent constamment en haleine elles sont bonifiées par l’attachement que l’on ressent pour les personnages et il faut tout le talent de Naidra Ayadi, Barbara Probst, Théo Frilet ou Christiane Millet – qui campe un personnage savoureux et atypique doté d’une grosse personnalité -pour nous attraper par le col et ne plus nous lâcher. Catherine Demaiffe et Wendy Nieto parmi les autres seconds rôles campent des personnages qui demandent encore à être développés et densifiés. Pour parachever cette distribution, c’est la figure centrale de la série, Daniel Njo Lobé, qui se taille la part du lion avec un charisme hors normes et qui donne littéralement l’impression dans chaque scène de bouffer l’écran. Les relations conflictuelles hyper tendues avec sa fille, sources de tension dramatique et probable fil rouge sur toute la saison, achèvent de conférer à l’ensemble une haute tenue. Pour accompagner les personnages récurrents, des guests comme Annelise Hesme (Nina) toute en émotion, François Bureloup (Cherif), qui fait une sympathique apparition, Gwendolyn Gourvennec en proc, toujours aussi belle et talentueuse ou Grégoire Bonnet en avocat général teigneux loin de la bonhomie qu’il peut habituellement véhiculer, sont des figures connues et rassurantes pour un début de série et agissent comme un repère familier pour le téléspectateur.
Le code est une série qui privilégie l’efficacité narrative et la mise en avant de ses personnages et qui fait confiance à l’intelligence du téléspectateur. Elle fait appel au ressenti mémoriel des sériephiles avec des clins d’œil que peuvent repérer les plus aguerris sans que les néophytes ne soient perdus (le personnage principal s’appelle Toma comme le héros de la série du producteur Stephen J. Cannell diffusée entre 1973 et 1974 sur ABC, le nom d’un confrère journaliste est cité, des gimmicks visuels pour faire la transition entre les scènes rappellent ceux de la série Mannix, la scène de réunion des avocats rappellent les belles heures de la sainte trinité La loi de Los Angeles- Murder One – Boston Justice…) On sent que Lionel Olenga a été biberonné aux séries de David Kelley et Steven Bochco (la caméra mouvante pendant les scènes de prétoire rappelle Nypd Blue) et spécifiquement à The Practice dont on ressent l’influence sans jamais qu’elle soit rédhibitoire et que Le code ploie sous celle-ci. C’est au contraire amené par petites touches et parfaitement adapté à nos spécificités locales. Ne nous y trompons pas, Le code n’est pas un remake, c’est une série originale qui trouve sa propre voie, explore sa propre veine sans plier aux diktats d’influences qui la desserviraient. Une série populaire qui offre un regard plus moderne que la série judiciaire de papa comme Avocats et Associés qui malgré toutes ses qualités trouve ici ses limites face à une œuvre qui a aspiré ses inspirations et les restituent avec subtilité sans jamais les singer. On prend le pari que la suite de la saison ne fera pas démentir ce constat et que Le code obtiendra un sans fautes.
Crédits : France 2 / MakingProd / LO Productions
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