Critiques Cinéma

TWISTER (Critique)

SYNOPSIS: Les exploits quotidiens et méconnus d’un groupe de scientifiques, chasseurs de tornades du Midwest aux Etats-Unis. Jo Harding, qui a vu son père emporté par une tornade quand elle était enfant, sillonne inlassablement les routes du Midwest à la tête d’une petite équipe de météorologues, aventuriers et casse-cou, unis autour d’un même objectif : observer les tornades sur leur terrain d’élection. Cet été, la météo prévoit la plus violente tornade qui ait frappé l’Oklahoma en trente ans…

Je me souviens très exactement de quand et où j’ai vu Twister pour la première fois. C’était en cours de Technologie, classe de 5ème. Fin d’année scolaire. Le rythme s’étire comme un chewing-gum, les élèves sont déjà en vacances dans leurs têtes, y’a pas d’exams, les profs se relâchent… Et nous autorisent le visionnage de films en classe. Je crois même que la copie était en VHS… ça nous rajeunit pas tout ça ! A l’époque (mais ça, je ne devais m’en apercevoir que bien plus tard), quand on voyait le logo d’Amblin Entertainment, on savait qu’on allait passer un super moment. Du genre de ceux qui vous marquent à vie, qui laissent une trace indélébile dans votre inconscient. Et, croyez-moi, je me souviendrais toujours de ce que j’ai ressenti dans les premières minutes de ce film : l’effroi mêlé de fascination, l’excitation et l’avidité d’en voir plus. J’étais bouche bée. Parce que Twister, c’était ce que je devais voir de plus fort cette année-là. Pas étonnant quand on sait que le scénario est de Michael Crichton. A mes yeux, Twister est LE film fondateur des plus grands films catastrophe. Celui qui a façonné mon regard sur tous les autres blockbusters à venir fâchés avec Mère Nature : Le Jour d’Après, En pleine tempête, 2012, Le Pic de Dante, Armageddon… Le film, dirigé par Jan de Bont, porte en lui toute la fascination intrinsèque à l’espèce humaine face aux évènements climatiques majeurs. Car lorsque la météo fait des siennes, on est tous comme des gosses, partagés entre l’appréhension bien naturelle, et l’engouement pour le spectacle des cieux en colère. C’est cette fascination quasi morbide, incarnée par le personnage de Jo Harding (Helen Hunt), qui sous-tend tout le long-métrage. Celle qui nous pousse au-devant du danger, en dépit de toute raison. Et au mépris des autres.



Twister, c’est un peu la recette parfaite du blockbuster catastrophe estival : un prologue tragique, une bande de trublions un peu fondus, une romance contrariée, des décors aussi sublimes qu’hostiles, des antagonistes dantesques – ici, des tornades de type F3, 4… ou 5 – et un score enlevé, signé Mark Mancina. Le tempo est parfait, entre montées d’adrénaline face aux vortex boulimiques qui balayent les grandes plaines d’Oklahoma, et conciliabules tendus mâtinés d’une décontraction à toute épreuve, bien américaine. Hollywood, qui a déjà fait le coup avec Indiana Jones en rendant l’archéologie aussi sexy que possible, réitère avec les météorologues, élevés au rang de pures rock stars. La bande à Harding nous apparaît comme une flopée de gamins turbulents qui bat la campagne en quête de sensations fortes, un peu comme Don Quichotte courait après ses moulins… et on les envie ! Qui n’a jamais voulu intégrer la fine équipe le temps d’une chevauchée sauvage au soleil couchant sur fond de Van Halen ? Lancés à vive allure aux volants de leurs pick-up bardés d’instruments de mesure, on croit assister à la charge des Walkyries ou à celle des War Boys dans Mad Max Fury Road, bien décidés à braver les tornades en quête d’immortalité. Et, de fait, il se dégage de ce groupe une certaine idée d’éternité, une vibrance qui défie la météo autant que le temps. Un peu comme dans le Scooby Gang, chacun apporte son je-ne-sais-quoi d’un peu fou, d’un peu de guingois, mais de foutrement attachant, à l’image de l’inénarrable Dustin Davis campé par le regretté Philip Seymour Hoffman.



C’est une symphonie parfaitement orchestrée que ce jeu des seconds couteaux qui gravitent autour du couple star Hunt/Paxton, rendus indispensables par la partition de Crichton. Chacun d’eux apporte tout son sel au film, de la bobo citadine en ligne avec un patient tandis qu’elle observe, bouche bée, une vache voler au-dessus du capot de la voiture (Jami Gertz), au rival salopard qui a vendu son âme à un labo concurrent (Cary Elwes), en passant par la mascotte du film, tante Meg (Lois Smith). Tous concourent à inscrire cette course contre le vent dans un cocon familier, un environnement où l’affect côtoie l’absurde dans une danse aussi irrésistible que macabre. Au milieu de la tourmente, le plus fou de la bande, rangé des voitures, tente de garder la tête froide… et les pieds sur terre. Bill Harding (Bill Paxton) c’est le garde-fou, celui qui donne le La… et décidera finalement de l’issue de l’aventure.



Les séquences chocs s’enchaînent, au détour d’un drive-in, après un énième gobelet de café, les tornades charriant dans leur sillage autant de granges en miettes que l’esprit conquérant qui animait les premiers pionniers partis à l’assaut du Midwest : des effluves de ces grands espaces à jamais indomptés, mais que le rêve américain s’acharne à croire annexés. Le tout sublimé par la photographie crépusculaire de Jack N. Green. Embarqués à l’arrière de leurs pick-up, on suit avidement ses cow-boys qui voient poindre à l’horizon le 21ème siècle avec une once de mélancolie, et beaucoup d’espoirs. La gorge nouée, on assiste à la destruction méthodique de foyers qui sont parfois les leurs, galvanisés par la toute-puissance de la Nature. « Le doigt de Dieu » dira Preacher (Scott Thomson). On n’en est pas loin. A jamais rangé au panthéon des plus grandes claques ciné que j’ai pu me prendre, Twister continue, près de vingt-cinq ans après sa sortie, à allumer des étoiles dans mes yeux et à nourrir, farouchement, ce goût déraisonnable de l’aventure qu’il a initié il y a longtemps de cela… bien à l’abri entre les coussins du canapé !

Titre Original: TWISTER

Réalisé par: Jan De Bont

Casting: Helen Hunt, Bill Paxton, Jami Gertz …

Genre: Aventure

Sortie le:  21 août 1996

Distribué par: United International Pictures (UIP)

CHEF-D’ŒUVRE

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