Critiques Cinéma

FRAGILE (Critique)


SYNOPSIS: Az travaille chez un ostréiculteur à Sète. Les huîtres il connaît ça par cœur, il les ouvre par centaines. Dans l’une d’elle, Az décide de cacher une bague, pour demander sa petite amie Jess en mariage. Elle ne dit pas oui. Heureusement, sa bande d’amis est prête à tout pour l’aider à sortir la tête de l’eau. 

L’été, c’est avant tout le soleil. Les vacances. Ce sentiment de liberté et d’échappatoire qui traverse les âges et les arts. Il n’est donc pas surprenant que l’été soit devenu en plus d’un catalyseur d’histoires le parfait support à un récit initiatique de passage à l’âge adulte ou de la recherche de son identité. En cet été 2021 sonnant comme un début de retour à la vie d’avant autant qu’un nouveau départ pur et simple, la réalisatrice Emma Benestan signe son premier long-métrage sobrement intitulé Fragile, qui emprunte à la romcom sa dose d’insouciance et de catharsis pour constituer un film qui s’avère être finalement bien plus que ça. Azzedine (surnommé Az) est en couple avec Jess, une des comédiennes principales d’une série télévisée locale populaire, et semble vivre le parfait amour sous le soleil de Sète. Entre une journée d’ostréiculture, de pâtisseries et de glandouille avec sa bande de potes, Az décide de franchir le pas et de demander Jess en mariage. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’elle lui dirait non avant de proposer une pause dans leur relation. Une pause qui laissera Az plus bas de terre, tout juste assez valeureux pour suivre ses amis dans leurs idées improbables pour tenter de lui remonter le moral. Notamment celle de son amie d’enfance Lila, qui lui propose de lui apprendre la danse pour pouvoir reconquérir Jess.



Sous ses aspects de comédie romantique estivale qui illustre sous un soleil sudiste qui sent bon (?) la mer et les huîtres, Fragile déploie ses forces par un traitement empathique de ses personnages qui parviennent à construire chacun à leur très singulière manière une identité propre dans ce récit à la structure de prime abord classique cachant derrière un véritable cœur qui bat la chamade. Az et Lila en duo héritier de Patrick Swayze et Jennifer Grey, Fragile pioche dans Dirty Dancing et dans les principales romcom des idées et des concepts (on retrouve la fameuse scène du porté remaniée à la sétoise) ainsi qu’un sens aiguisé du romantisme et du happy ending chaleureux. Mais Fragile ne s’arrête pas à une simple relecture unilatérale, puisque dans cette structure d’apprentissage et d’initiation à la danse, c’est Az le néophyte. Dans la proposition d’Emma Benestan, c’est l’homme qui est en chagrin d’amour, qui cherche à retrouver la flamme et qui est l’apprenti du mythe de Pygmalion. La réalisatrice, en retournant les schémas classiques, dessine une réflexion juste et pleine de charme sur l’identité de genre et sur la masculinité.



Car Emma Benestan filme avant tout des failles, en faisant de ces imperfections, de ces erreurs et de ces imprécisions toute l’essence de son long-métrage, traitant à bras-le-corps toutes les symboliques possibles de son titre pour venir y faire l’éloge de la vulnérabilité. A travers des décors sublimes et un très beau travail de photographie par Aurélien Marra qui vient mettre un coup de frais vivifiant et sincère aux classiques du genre, Fragile capte des purs instants d’humanité, d’amitié et d’amour de la façon la plus limpide possible, donnant au spectateur tout le loisir de se plonger dans ces relations dissonantes qui n’attendent que le bon alignement des astres pour pouvoir s’amplifier.



Dans cette jolie peinture aux couleurs orangées qui font éclater le soleil de l’Hérault sous des parfums d’Algérie, Yasin Houicha dessine un Az terriblement attachant et à la répartie éclatante qui sert de protagoniste de choix dans cette belle histoire. L’accompagne la solaire Oulaya Amamra qu’on aime constamment retrouver sur les écrans tant elle habille toutes ses scènes de son aura. A noter également les présences hilarantes de Raphaël Quenard, Bilel Chegrani et Diong-Kéba Tacu composant un trio ne brillant pas franchement par son intelligence, mais conférant au récit une sincérité et une humanité revigorante. Suivent finalement Tiphaine Daviot et Guillermo Guiz dans des rôles centraux savoureux qui leur permet de remixer les séries télé estivales populaires dans un tournage de Crime à la Mer qu’on a presque envie de voir pour de vrai. Pur produit estival à la sincérité évidente, Fragile est une romcom sensible, vivifiante, lumineuse et joliment contée qui constitue un premier film maîtrisé à la photographie léchée. Emma Benestan signe une ode à la fragilité, où chaque faux pas, chaque réplique de travers et chaque erreur de parcours devient poétique. Car il n’y aura pas plus masculin qu’un homme qui, par amour, entreprend de se dépasser et de dépasser le regard des autres. Avec cette comédie entraînante, solaire et assumée, la metteuse en scène nous propose en ce milieu 2021 anxiogène et étouffant une véritable bouffée d’air frais bienveillante et feel-good qui donne des envies de Sud, d’huîtres, de danse et d’amour.

 

Titre Original: FRAGILE

Réalisé par: Emma Benestan

Casting : Yasin Houicha, Oulaya Amamra, Raphaël Quenard …

Genre: Romance, Comédie

Sortie le: 25 août 2021

Distribué par: Haut et Court

TRÈS  BIEN

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