SYNOPSIS: Une adolescente a disparu dans les faubourgs chics de Santiago du Chili. Un trio d’enquêtrices prend l’affaire en main et découvre un jeu en ligne qui forme les hommes à agresser les femmes.
Chaque jeudi jusqu’au 8 juillet, La Meute prend ses quartiers sur Arte : la chance de découvrir une production chilienne, ce que nous avons somme toute assez peu l’occasion d’appréhender (ou alors nous n’y pensons pas, avec les plateformes de streaming qui se multiplient comme des petits pains, les possibilités d’ailleurs sont pourtant de plus en plus accessibles). Ne vous attendez néanmoins pas à fouler virtuellement le Chili sous un angle touristique et paradisiaque puisque cette série se focalise sur des adolescentes et des enquêtrices au cœur de terribles affaires d’abus sexuels, de viols et d’enlèvements…tout cela couplé à un jeu en ligne issu du sinistre dark web (le « jeu du loup », qui n’a cependant techniquement rien à voir avec le jeu du Loup-garou), malsain à souhait et qui encourage les jeunes hommes à suivre individuellement, et en meute, des femmes puis à les agresser. Ambiance. Retour sur la première moitié de saison.
Les abus d’un professeur de théâtre sur des étudiantes puis la disparition d’une jeune femme mettent en émoi une petite communauté et le corps enseignant. Les femmes victimes ou témoins desdits abus décident de manifester et de bloquer l’accès à leur école afin de se faire entendre et que justice soit faite. Du moins il s’agissait du projet théorique. Voyant que l’enquête sur la disparition n’avance pas, certaines d’entre elles deviennent plus actives, excédées par leur place au sein d’une société patriarcale qui semble tolérer tous les sévices. C’est le cas de Celeste Ibarra (Paula Luchsinger), sœur de la disparue et adepte du hack à ses heures perdues, bien motivée à devancer les enquêteurs et enquêtrices qu’elle ne juge pas à même de résoudre l’affaire. Difficile de lui en vouloir tant les forces de l’ordre (mais nous pourrions globaliser cela à tous les personnages adultes de la série) sont complètement à la masse, pour diverses raisons : parce qu’il y a de la corruption d’une part certes, mais aussi d’autre part des évidents problèmes de scénario. Ces quatre premiers épisodes ne proposent clairement ni une ambiance légère, ni une simple atmosphère d’enquête comme nous aurions pu nous y attendre à la lecture du synopsis (de toute façon ici l’enquête n’avance jamais réellement) puisque les adolescentes (et leurs agresseurs) sont au cœur du show. Et dans un sens, tant mieux. Dans La Meute l’homme est un loup pour la femme, peu importe le motif qui l’amène à le devenir ; la série tente en effet (sans vraiment le faire) de légèrement nuancer son propos en montrant également des jeunes hommes brutalisés, jusqu’à présent en vain. L’originalité du show repose ainsi principalement sur la présence du fameux jeu, catalyseur moderne et inattendu qui donnerait presque au scénario l’apparence d’un rejeton issu d’un mix entre une histoire que nous aurions pu lire au sein d’un manga et celle d’un film du type Nerve. Tout cela reste évidemment tout à fait théorique puisque La Meute est une éponge gorgée de défauts assez laborieuse à essorer.
Après une scène d’ouverture qui projette plutôt honnêtement le ton du show, le téléspectateur découvre un très joli générique (esthétiquement parlant, il faut le souligner) sur la chanson No estamos solas de la rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux. La thématique est claire et La Meute semble s’y positionner sans fioritures tout en laissant la subtilité au placard. Du moins ce qui est vrai pour l’absence de subtilité le deviendra de moins en moins vis-à-vis de sa « ligne éditoriale » puisque dès le quatrième épisode l’affaire se retrouve polluée par des ajouts qui nous semblent tout à fait artificiels. Nous constaterons ou non durant la seconde partie de saison si nos craintes s’avéraient fondées. Reste que la série n’a globalement rien de franchement crédible (des interfaces utilisées pour le jeu du loup jusqu’au cheminement du scénario en lui-même) et souffre d’un problème majeur : celui des personnages qui ne posent jamais les bonnes questions au bon moment. Nous nous retrouvons donc avec toute une tripotée d’interactions frustrantes, assorties de péquins largement à côté de leurs souliers, des dialogues parfois dénués de logique (malgré quelques belles confrontations verbales), tout cela dans une intrigue qui s’étoffe (de la mauvaise façon) au fil des épisodes jusqu’à tirer vers la caricature extrême et fourre-tout…L’épisode quatre donne aux motivations derrière l’origine du jeu du loup une nouvelle dimension qui nous laisse tout à fait dubitatifs.
Avec ses gros sabots La Meute souhaite clairement dénoncer les dérives de la société chilienne dans son rapport aux femmes ainsi que celles d’internet et des réseaux sociaux, l’occasion de faire d’une pierre deux coups et dans l’esprit cela s’avère tout à fait louable et habile. Malgré une approche assez inédite l’effet de surprise demeure toutefois entaché par des personnages au mieux transparents, au pire antipathiques et un côté manichéen dont la série semble avoir conscience sans pourtant vouloir s’en dépatouiller en proposant de véritables amendements salvateurs (au bout de quatre épisodes, même les personnages masculins les plus « faibles » finissent par faire le mal). Nous ne pouvons qu’espérer que la seconde partie de l’intrigue ne se retrouve pas polluée par un empilement de raisons toutes plus tirées par les cheveux les unes que les autres, direction vers laquelle La Meute se dirige beaucoup moins habilement que son optique de base. A découvrir, pour les moins frileux, sur Arte et déjà disponible sur arte.tv .
Crédits: Arte
1 réponse »