

SYNOPSIS: Hutch Mansell, un père et un mari frustré, totalement déconsidéré par sa famille, se contente d’encaisser les coups, sans jamais les rendre. Il n’est rien. Une nuit, alors que deux cambrioleurs pénètrent chez lui, il fait le choix de ne pas intervenir, plutôt que de risquer une escalade sanglante. Une décision qui le discrédite définitivement aux yeux de son fils Blake, et qui semble l’éloigner encore plus de sa femme Becca. Cet incident réveille chez cet homme blessé des instincts larvés qui vont le propulser sur une voie violente, révélant des zones d’ombres et des compétences létales insoupçonnées. Dans une avalanche de coups de poings, de fusillades et de crissements de pneus, il va tout faire pour tirer sa famille des griffes d’un redoutable ennemi et s’assurer que, plus jamais, personne ne le prenne pour un moins que rien.
Le high-concept du film est résumé par son titre : confier à un comédien au physique de monsieur tout le monde le rôle de tueur super-compètent confiés jadis à des Bruce Willis ou Nicolas Cage (avant qu’ils ne tombent dans l’enfer du DVD) ou aujourd’hui à Liam Neeson ou Keanu Reeves. C’est d’ailleurs le scénariste Derek Kolstad , créateur de John Wick qui en signe le script dans lequel on retrouve son gout pour les organisations occultes de tueurs et la mafia russe et qui évoque le History of Violence de David Cronenberg dont il constitue une version plus « fun » ou True Lies dont il se distingue évidemment par la personnalité de son héros incarné par Bob Odenkirk dont on peut dire qu’il n’a pas le physique d’Arnold Schwarzenegger, Viggo Mortensen ou Keanu Reeves. Odenkirk incarne donc Hutch Mansell, un ancien assassin d’élite au service du gouvernement américain, qui porte le nom de code Nobody, et mène désormais une vie tranquille en banlieue avec sa femme Becca (Connie Nielsen) et ses deux enfants, qui ne savent rien du passé dangereux de leur père. Un montage rapide au début du film établit la routine répétitive et banale de la vie de Hutch, du café du matin au bus qu’il prend pour aller au travail, ratant presque toujours la collecte des ordures jusqu’au soir où il se couche, dormant avec un mur d’oreillers le séparant de sa femme. Hutch travaille pour l’entreprise familiale de fabrication métallurgique, où son beau-frère macho (Billy MacLellan) le traite avec mépris, et son beau-père bourru (Michael Ironside) le considère avec une sorte de pitié perplexe. Hutch reste silencieux, entretenant l’illusion qu’il n’est qu’un simple père de famille de la classe moyenne. Une nuit, deux cambrioleurs entrent par effraction chez lui. Son fils ainé Blake (Gage Munroe), parvient à prendre le dessus sur l’un d’eux, et alors que Hutch peut neutraliser l’autre cambrioleur d’un coup de son club de golf, il préfère renoncer et choisi de les laisser partir. Le policier, son voisin et ses collègues, lui font implicitement ou explicitement comprendre qu’ils n’auraient pas eu, eux, peur de la bagarre. Mais l’intrusion a réactivé quelque chose en lui. Quand il réalise que les cambrioleurs ont volé quelque chose de cher à sa fille, il les traque, donnant au spectateur un aperçu de sa vraie personnalité. Mais le script de Kolstad est malin et retarde l’explosion de violence inévitable car Hutch réalise que ses cambrioleurs est un couple paumé et repart sans incident. Mais les instincts que cet épisode a réveillé doivent trouver un exutoire, quand il monte dans un bus et qu’un groupe de voyous commence à harceler les passagers, Hutch trouve l’excuse dont il avait besoin, pour libérer ses instincts qu’il laisse éclater en démolissant la bande « avec extrême préjudice ».

Le climax de Nobody a lieu dans l’usine que Hutch a finalement racheté pour la truffer de pièges à la manière d’une version adulte de Kevin McCallister de Home Alone. À ce stade, le film change de style et si il est tout aussi violent, devient de plus en plus irréel et spectaculaire. La réalisation de Ilya Naishuller devient complètement dingue, abandonnant tout semblant de thriller pour aller jusqu’à des niveaux de violence presque burlesques. Odenkirk garde un visage impassible tout au long et fait fonctionner ce qui peut parfois ressembler à un dessin animé des Looney Tunes pour le public, l’élevant à quelque chose au-delà d’un simple film de vengeance. Ilya Naishuller, né en Russie et élevé à Londres qui n’avait réalisé qu’un seul long métrage Hardcore Henry en 2015, mélange de thriller d’action-science-fiction-noir réalisé presque entièrement en un seul plan (et en vue subjective comme un FPS) montre qu’il est aussi à l’aise dans une narration plus classique apportant juste assez de flair visuel pour rendre les scènes d’action intéressantes mais aussi faire briller les seconds rôles qui ajoutent une saveur à leurs personnages, Lloyd en tête rejoint par le rappeur RZA qui fait une apparition mémorable. Connie Nielsen (Gladiator) dans un petit rôle parvient à rendre intéressant un personnage qui sans savoir vraiment ce qui se cache derrière son mari, semble avoir l’intuition qu’il y a beaucoup à découvrir. Kolstad laisse entrevoir une mythologie suggérant un monde plus large, comme il l’a fait dans les films de John Wick, et la fin laisse la porte ouverte à d’autres aventures En quelque sorte Nobody est un film qui parvient à avoir le beurre et l’argent du beurre : fonctionnant comme un film d’action brutal et spectaculaire tout en se moquant simultanément des clichés du genre (ses truands russes, son héros indestructible au passé mystérieux) qu’il utilise avec malice. Efficace.
Titre Original: NOBODY
Réalisé par: Ilya Naishuller
Casting :Bob Odenkirk, Connie Nielsen, Christopher Lloyd…
Genre: Action
Sortie le: 2 juin 2021
Distribué par: Universal Pictures International France
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma