Critiques Cinéma

THE OTHER SIDE (Critique)


SYNOPSIS: Shirin, débutante dans son rôle de belle-mère, emménage dans une nouvelle maison avec son compagnon Fredrik et son fils Lucas. Ce nouveau foyer lui semble être l’endroit idéal pour fonder une famille. Mais lorsque Fredrik part en déplacement professionnel, Shirin entend des bruits étranges émanant de l’autre moitié du pavillon, alors que Lucas se fait un nouvel ami mystérieux..

L’horreur est peut-être un des (si ce n’est LE) genres cinématographiques les plus codifiés, si bien qu’il est continuellement périlleux de s’y attaquer, sous peine de tomber dans des redites, de répéter des poncifs maintes fois exploités par le passé ou de servir un produit creux qui tombe immédiatement et irrémédiablement dans l’oubli après son visionnage. Si l’on peut penser que les Etats-Unis sont les fournisseurs les plus abondants d’œuvres horrifiques, celles-ci parviennent pourtant à trouver leurs chemins dans des racines extérieures au pays qui a vu naître parmi les plus gros concepts et sous-genres de l’épouvante. Diffusée au réputé Festival de Gérardmer de 2020, The Other Side de Oskar Mellander et Tord Danielsson est l’une de ces propositions européennes qui peuvent se montrer particulièrement intéressantes si l’angle d’attaque du sujet est bien traité, promettant une horreur suédoise centrée sur une famille en pleine construction. The Other Side (originalement Andra Sidan, « l’Autre Côté ») raconte l’emménagement d’une famille fraîchement assemblée dans une petite maison de campagne à l’apparence paisible. Frederik, dont le travail l’occupe de plus en plus, doit laisser Shirin, sa nouvelle compagne, s’occuper de Lucas, le fils de sa précédente union. Alors que la jeune femme peine à devenir la mère du jeune garçon, ce dernier rentre en contact avec un « nouvel ami » dans cette maison où les bruits étranges et les apparitions mystérieuses côtoient les problèmes familiaux.



Malgré sa volonté d’installer un rythme lancinant et une atmosphère pesante par l’usage de très lents travellings et d’un étirement significatif du temps par un montage discret, The Other Side ne réussit jamais à surprendre, à effrayer, ni même à intéresser. Ne tirant à aucun instant avantage de son aspect suédois, le film préfère se contenter de piocher allégrement dans des références horrifiques américaines, rendant l’ensemble trop mécanique et bien artificiel. Si son pitch évoque Shining, Mister Babadook ou encore l’Orphelinat, sa mise en scène et ses principales idées angoissantes sortent tout droit de l’Exorciste, de Conjuring, de Paranormal Activity ou même de Insidious, rendant son histoire déjà très codifiée encore plus prévisible, ne décollant jamais par son intrigue familiale extrêmement légère. On en vient même à se demander si les protagonistes payent bien leurs factures d’électricité tant ils s’évertuent tout au long du récit et malgré les indiscutables mésaventures d’origine paranormales à ne pas allumer la lumière. Ainsi, les réalisateurs s’accrochent corps et âmes à des codes bien précis, reposant l’entièreté de leur direction artistique et de leur mise en scène sur des tropes aussi faiblards que mal exploités, qui ne font qu’alourdir un récit maladroit qui s’évertue à vouloir nous faire peur en utilisant les mêmes constructions qui ne faisaient déjà plus peur à l’époque d’Halloween. Le casting ne parvient pas non plus à maintenir le film la tête hors de l’eau, ne nous attachant jamais à ce trio de tête. Dilan Gwyn, Henrik Norlén et Eddie Eriksson Dominguez, malgré leurs engagements, souffrent de la construction branlante d’un récit qui ne trouve pas comment surprendre.



Si l’on doit toutefois noter les intentions des deux metteurs en scène qui cherchent à construire et maintenir une ambiance lancinante, lourde et teintée de bleu à travers de longues scènes de silence qui servent à faire monter la tension pour mieux faire sauter au visage du spectateur ses jumpscares monstrueux, il est quand même compliqué de trouver une réelle atmosphère dans ses (trop) longs plans – trop vides pour êtres contemplatifs et trop lents pour être entraînants – faisant basculer le film dans un ennui dommageable, qu’on aurait aimé éviter. Se reposant constamment sur les habituels clichés du genre (la police et les proches de Shirin ne la croit pas, les personnages avancent lentement vers la source du bruit plongée dans le noir sans penser à allumer la lumière, …), Oskar Mellander et Tord Danielsson, en essayant de trouver la grâce et la symbolique de Jennifer Kent dans son Mister Babadook, ne parviennent qu’à construire un ersatz de série B américaine, pas assez original pour être intéressant. Manquant cruellement de subtilité et d’audace formelle dans sa construction comme dans son esthétique, The Other Side est un exemple concret de ces fameuses œuvres creuses qui ne s’extirpent jamais du genre qu’ils tentent d’adapter. Un film pavé de bonnes intentions qui s’effondrent au fil de son heure et demi qui en paraît le double, dans laquelle l’émotion ne daigne jamais montrer le bout de son nez, à l’opposé de ces créatures qui auraient gagné en effroi en sortant, elle, bien moins souvent de l’obscurité.

Titre Original: THE OTHER SIDE

Réalisé par: Tord Danielsson, Oskar Mellander

Casting : Dilan Gwyn, Linus Wahlgren, Eddie Eriksson Dominguez…

Genre: Epouvante-Horreur, Thriller

Sortie le : 14 avril 2021 en VOD et DVD

Distribué par: Wild Side Video

PAS GÉNIAL

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