SYNOPSIS : Le Serpent raconte l’histoire de l’escroc Charles Sobhraj (Tahar Rahim) et les tentatives remarquables du diplomate néerlandais Herman Knippenberg (Billy Howle) pour le traduire en justice. Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, Charles Sobhraj et sa compagne Marie-Andrée Leclerc (Jenna Coleman) voyagent à travers la Thaïlande, le Népal et l’Inde entre 1975 et 1976, commettant sur leur passage une série de crimes sur le « Hippie Trail» asiatique. Ils deviennent alors les principaux suspects d’une série de meurtres de jeunes voyageurs occidentaux.
Les années 70 : l’époque de la libération sexuelle, de la Guerre du Vietnam et des voyages initiatiques. Ainsi, une bonne part des occidentaux se rendent aux quatre coins du monde pour chercher un nouveau sens à leur vie et c’est notamment vers des pays comme l’Inde ou la Thaïlande qu’une bonne partie de la jeunesse se tourne pour trouver des réponses existentielles. Alors que beaucoup ont tendance à fantasmer cette période, Le Serpent vient mettre à mal cette vision des choses. Se déroulant en Asie du Sud-Est, on suit pendant 8 épisodes les agissements criminels de Charles Sobhraj, petit escroc qui se transforma en redoutable serial killer. Pour interpréter ce rôle de psychopathe, la production a fait appel à Tahar Rahim, fraichement nominé aux Golden Globes pour Désigné Coupable (The Mauritanian) de Kevin MacDonald.
On se rend assez vite compte que cette série produite par la BBC et acheté par Netflix pour sa diffusion française contient tous les ingrédients pour que cette énième histoire de serial-killer nous captive de bout en bout : une immersion dans cette passionnante période et un face-à-face entre deux personnages aux caractères fortement opposés. En effet, il aura fallu toute la détermination d’un petit diplomate hollandais, Herman Knippernberg, qui s’intéressa de près aux agissements de Sobhraj pour que cette histoire sorte de terre. C’est l’acteur britannique Billy Howke qui interprète de manière viscérale ce personnage jusqu’au-boutiste qui ruinera son mariage et sa santé pour faire éclater la vérité. Devant l’inertie de ses collègues et de son administration, il prendra en main l’enquête. On s’identifie immédiatement à ce personnage qui ne possède que sa débrouille et son énergie et qui ne répond pas aux stéréotypes classiques de l’enquêteur américain désabusé, alcoolique ou dragueur.
Dans le rôle de l’antagoniste, on retrouve donc l’acteur français du moment : Tahar Rahim. La réussite d’une telle œuvre repose principalement sur la crédibilité de l’interprétation du personnage principal et de ce côté, l’acteur français surpasse les attentes. A la fois charismatique et effrayant, il joue excellemment ce serial-killer dont on apprendra au fur et à mesure sa complexe personnalité. Car Sobhraj est avant tout un petit escroc à l’histoire familiale tourmentée qui sera pris dans une spirale meurtrière impitoyable pour satisfaire ses besoins financiers démesurés. Né à Saïgon d’une mère vietnamienne et d’un père indien (origine qu’il cite souvent pour relater sa jeunesse émaillée d’actes racistes en France), Sobhraj est avant tout un être qui joue sur la fascination qu’il exerce sur les autres. Prêt à tout pour parvenir à ses fins, il utilise l’art du mensonge et de la manipulation envers quiconque qui se met sur son chemin pour commettre ces actes crapuleux.
Il s’entoure de deux individus pour mener à bien son entreprise criminelle : sa petite-amie (interprétée par Jenna Coleman) dans le rôle de la rabatteuse de hippies et son complice (interprété par Amesh Edireweera) lors des différents assassinats. En face, Herman Knippenberg rallie plusieurs personnalités autour de sa cause et va créer une sorte de brigade autour de lui avec en premier lieu sa femme (Ellie Bamber). Viendront s’ajouter un diplomate belge et un couple de français qui découvrent stupéfaits les agissements de Sobhraj. L’apparition de ce couple vient mettre en lumière l’énorme contraste entre le mouvement hippie tel qu’on se le représente et l’horreur qui est en train de se jouer. Ainsi, une bonne partie de l’action se situe dans un hôtel thaïlandais où la vie semble douce pour tous ces touristes débarqués des quatre coins du monde. Le soleil, la piscine, la musique, les soirées alcoolisées et hallucinogènes font partie du décor pour ces jeunes occidentaux. Nadine (Mathilde Warnier) et Rémi (Gregoire Isvarine) deviennent les principaux acteurs dans cette quête de vérité et la pression se déplace sur leurs épaules car c’est bien dans cet hôtel paradisiaque que se trouve les indices. Grâce à ces grands moments de tension, la série parvient à nous tenir en haleine tout le long des 8 épisodes, la conclusion ne décevant pas. Ceci n’en fait pas une série à mettre au panthéon comme Mindhunter ou True detective saison 1 mais un divertissement de très bonne facture.
Crédits: Netflix France