Critiques Cinéma

THE ATTACHÉ (Critique Saison 1 Épisodes 1×01 – 1×04) Une plongée naturaliste et charmante…

SYNOPSIS: The Attaché raconte l’histoire passionnante de Avshalom, un Israélien de confession juive et de descendance marocaine, musicien reconnu qui déménage à Paris pour suivre sa femme Annabelle qui devient attachée à l’ambassade d’Israël à Paris. Là-bas, il vit une crise conjugale dans la capitale éternelle de la romance, une crise d’immigration au coeur de l’Europe, et une crise de masculinité et de paternité. Il est au milieu de tant de crises qu’il se rend à peine compte qu’il vient d’avoir quarante ans. D’une vie sous le soleil, au bord de la mer, et entouré de ses amis à Tel Aviv, Avshalom devient un immigrant anonyme dans un pays étranger. Comme si tout cela ne suffisait pas, leur arrivée à Paris tombe le même jour que la plus grande attaque terroriste de l’histoire de France. Avshalom a alors l’impression que Paris, et peut-être même l’Europe, connaît une transition en mème temps que lui. En opposition totale avec Avshalom, sa femme Annabelle s’épanouit à Paris. Devant ses yeux perplexes, elle devient une Parisienne carriériste, plus occupée que jamais, parlant une langue qu’il ne comprend pas. Malgré la distance géographique qui sépare Avshalom de son pays, de ses amis, de sa famille et de sa carrière, ce qu’il redoute le plus est la distance grandissante entre lui et Annabelle, sa femme, son amour.

The Attaché est la nouvelle série de l’auteur et réalisateur israélien Eli Ben David. Ce dernier incarne également le protagoniste de cette salve d’épisodes, un musicien du nom d’Avshalom. Alors qu’il mène une vie et un succès pérenne dans son Israël natal, sa femme Annabelle, française d’origine, lui annonce avoir décroché un poste prestigieux d’attachée à l’ambassade israélienne basée à Paris. Le chaos de leur déménagement provoqué par son inconfort et sa non maîtrise de la langue sera démultiplié par des attentats terroristes de grandes ampleurs qui balaient par la suite la France d’un climat de peur et d’instabilité. Eli Ben David, avant d’évoquer autant de questions sociales que le pitch de la série pourrait laisser deviner, fait de The Attaché un récit autobiographique sous forme de thérapie, proposant de se concentrer sur son personnage principal avant tout. Avshalom est le cœur du récit, toujours présenté au centre de l’intrigue. Par la mise en scène et par sa façon de gérer le rythme et la diégèse, le réalisateur place le spectateur dans l’état d’esprit du protagoniste, entre difficultés de communication et paranoïa aiguë. L’ensemble est donc une plongée ample et chaotique dans sa forme dans la psyché d’un immigré israélien qui quitte le confort de son ancienne vie pour suivre sa femme dans sa nouvelle carrière. De cette façon, les évènements de la série vont venir ternir et mettre en branle la relation entre Avshalom et Annabelle, tout en traitant leur amour comme un élément central. Car avant tout ça, The Attaché est le récit d’une romance.

Si l’histoire se centre sur Avshalom, le personnage d’Annabelle n’en est pas moins plus que centrale dans le développement de l’intrigue. Oscillant entre protagoniste et à quelques instants antagoniste malgré elle de la série, elle compose un personnage complexe et quelque peu déchiré entre ses ambitions professionnelles et sa vie personnelle. Avshalom se surprend à la voir devenir une parisienne carriériste, lui restant un homme au foyer à la recherche d’un emploi là où il avait la main mise sur sa vie en Israël. Provoquant son intrigue par un renversement des rôles, Eli Ben David lance sa série en mettant constamment en doute ses personnages sur ce qu’ils veulent et sur ce qu’ils peuvent permettre à l’autre de faire. A côté de cette dualité de tête qui forme une structure coupée en deux (à l’instar de la série, quelque part), le metteur en scène filme Paris avec un œil aiguisé qu’il explore pour mettre en images la solitude du protagoniste à travers ces rues. Profitant quasiment tout le temps de la nuit pour ses séquences d’extérieur (comme des supports parfaits d’errances fantomatiques, voire même oniriques dans l’obscurité pourtant lumineuse de la Ville-Lumière), Eli Ben David fait de la France une terre d’accueil malgré elle qui semble presque rejeter l’intégration d’Avshalom. Rien que le timing de leur installation la veille des attentats du 13 Novembre explicite déjà cette volonté de montrer une transition qui semble elle bien moins pérenne que la vie de musicien de notre personnage en Israël.

Traversé par un casting éclectique et pluriculturel qui porte le récit dans son ensemble, The Attaché doit avant tout à son duo de tête. Si nous avons déjà cité à de bien nombreuses reprises le travail d’Eli Ben David sur le show, il convient également de citer l’interprétation d’Héloïse Godet, qui trouve un équilibre très juste entre le monde carriériste et l’univers émotionnel du personnage d’Annabelle. Ensemble, ils composent un balancier attachant et très agréable à voir qui profite de ce choc de culture pour explorer son récit. The Attaché est donc une quête (peut-être déjà en vain) d’un équilibre précaire pour un couple en pleine transition de vie. Eli Ben David signe une jolie série qui accompagne cette histoire de choc culturel avec légèreté et humour tout en poussant le spectateur dans ses retranchements quand il le faut. Plongée naturaliste et charmante qui ne manque pourtant pas de défauts rendant l’ensemble parfois bancal dans la gestion de son intrigue globale et dans le traitement de ses thèmes, The Attaché reste tout de même une vision très personnelle qui intrigue et nous emmène tout au long de ses évènements.

Crédits: StarzPlay

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