Critiques Cinéma

THE GHOST WRITER (Critique)

SYNOPSIS: Lorsqu’un célèbre “nègre” littéraire anglais accepte d’achever les mémoires de l’ancien Premier ministre Adam Lang, son agent lui assure que c’est la chance de sa vie. Mais le projet semble d’emblée marqué par la fatalité : le “nègre” apprend ainsi que son prédécesseur, fidèle bras droit d’Adam Lang, est mort dans un mystérieux accident…

L’hallucinante cérémonie de la 45ème édition des César du 28 février 2020 a donné à l’auteur de ses lignes l’envie de revoir The Ghost Writer, le thriller paranoïaque réalisé en 2010 par Roman Polanski. L’incroyable dénouement de la remise de prix, l’ouverture de l’enveloppe, son suspense diabolique et le coup de théâtre de la révélation du nom du grand vainqueur, avaient quelque chose de… “Polanskien”. La dramaturgie n’était pas sans rappeler une scène clé de The Ghost Writer. L’écrivain fantôme de l’histoire joué par Ewan McGregor, après avoir écrit le nom du coupable sur un morceau de papier, le fait passer parmi les convives d’un cocktail mondain jusqu’à la personne concernée. Devant l’assemblée, alors qu’elle s’apprête à prononcer un discours de remerciements, elle déplie le papier, lit son contenu et comprend qu’elle a été démasquée. Ewan McGregor lève sa coupe de champagne en la fixant du regard, semblant lui dire : “je vous ai bien eu”… Bien que tiré d’un roman de Robert Harris, auteur également de J’accuse, The Ghost Writer est imprégné des motifs chers à Roman Polanski : les faux-semblants, la paranoïa et la conspiration. L’idée que des forces obscures voire diaboliques (Rosemary’s baby) tirent les ficelles d’événements qui nous dépassent et finissent toujours par l’emporter.  C’est le cas dans la politique semble nous dire The Ghost Writer. Nous n’irons pas jusqu’à dire que c’est aussi le cas aux César…mais l’idée est séduisante d’un point de vue purement romanesque. 

Il y a dix ans, à l’époque de la sortie du film, on a beaucoup glosé sur la troublante similitude entre la situation du personnage de l’ex-premier ministre anglais déchu, Adam Lang, interprété par Pierce Brosnan, confiné, bunkerisé dans sa demeure ultra-moderne sur une île pluvieuse près de New York, à celle de Roman Polanski lui-même assigné à résidence dans son chalet de Gstaad en Suisse où il a d’ailleurs terminé son film. Aujourd’hui, on a oublié cette actualité qui, à l’époque, avait fait coulé beaucoup d’encre et la mise en abyme, troublante, a par la force des choses perdu de sa force. Reste le film, rien que le film. Et force est de constater que The Ghost Writer demeure, dix ans après sa sortie, un thriller toujours aussi séduisant, un puzzle ludique et élégant mais aussi, disons-le, un exercice de mise en scène magistralement orchestré par le réalisateur de Chinatown. On prend plaisir à suivre ce jeu de piste intelligent rehaussé par la bande-originale pleine de suspense et de mystère composée par le français Alexandre Desplat, un habitué de Hollywood. 

En dehors de la mise en scène et de l’intrigue, captivante, l’autre force du film réside dans son casting judicieux. En choisissant Pierce Brosnan pour jouer Adam Lang, l’ex-premier ministre anglais controversé, une référence à peine masquée à Tony Blair, le réalisateur joue subtilement avec l’image d’un comédien réduit à son personnage de James Bond, une coquille vide, lisse et superficielle diront les détracteurs…Cet ancien premier ministre au physique d’acteur était-il réellement portée par des convictions ou n’était-il juste qu’une marionnette dont on a écrit les répliques ? Ewan McGregor à la fois sûr de lui et vulnérable est parfait en écrivain qui tente d’élucider le mystère de la mort mystérieuse de son prédécesseur et qui, ce faisant,  tombe dans un engrenage qui menace de la broyer à chaque instant. La présence de James Belushi dans un petit rôle fugace mais roboratif, est une belle surprise. Il joue l’éditeur qui confie à Ewan McGregor la rédaction des mémoires du sulfureux ex-Premier ministre anglais. Kim Cattrall, en assistante de Pierce Brosnan, arbore un accent anglais britannique à mille lieues de son personnage de new-yorkaise délurée dans la série culte Sex and the City. Également au générique, Tom Wilkinson en imposant professeur d’université proférant des menaces feutrées est délicieux. Enfin, Olivia Williams, dans le rôle de l’épouse de l’ancien premier ministre, est un mélange de froideur et de vulnérabilité, digne d’une héroïne hitchcockienne.   

Titre original: THE GHOST WRITER

Réalisé par: Roman Polanski

Casting: Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall…

Genre: Thriller, Drame

Sortie le: 03 mars 2010

Distribué par : Pathé

EXCELLENT

4 réponses »

  1. « Ewan McGregor lève sa coupe de champagne en la fixant du regard, semblant lui dire : “je vous ai bien eu”… »
    >>
    Ewan McGregor lève sa coupe de champagne en la fixant du regard, semblant lui dire : « Je vous ai bien euE… »

    (Accord du participe passé avec le COD antéposé « vous » !)

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