SYNOPSIS: Lorsqu’il apprend une révélation choquante au sujet de sa femme, un père de famille se trouve happé au cœur d’une énigme en cherchant désespérément des réponses.
The Stranger (ou Intimidation en V.F.) est l’une des premières adaptations du « pack » qu’a signé le romancier à succès Harlan Coben avec la plateforme Netflix en 2018 – on parle d’une quinzaine de ses œuvres quand-même !) Si l’on garde généralement un excellent souvenir du remarquable Ne le dis à personne (2006) dirigé par Guillaume Canet, il n’en est pas de même pour les autres adaptations françaises diffusées sur TF1 Une chance de trop et Juste un regard, bien en-deçà de ce que l’on attend d’un thriller digne de ce nom. L’écart se creuse d’autant plus avec l’adaptation britannique de The Stranger, qui surpasse en tous points ses consœurs françaises.
Au fil des huit épisodes que compte pour l’heure l’unique saison de The Stranger, Adam Price (Richard Armitage), avocat marié et père de deux garçons, voit sa vie confortable basculer lorsqu’il est abordé par une étrangère (Hannah John-Kamen) qui lui fait une révélation perturbante sur son épouse Corinne (Dervla Kirwan). Dès lors, face au mensonge, le doute, la colère et l’incompréhension s’invitent dans le quotidien d’Adam, qui se retrouve bientôt pris au piège d’une toile inextricable aux conséquences dévastatrices.
L’arc narratif, explosé en pans d’abord épars d’une intrigue chorale, est calibré au millimètre. Le suspense, qui s’installe progressivement, d’abord dans l’incompréhension, va crescendo à mesure que les enjeux se dévoilent dans le dernier tiers de la saison. L’intrigue de ce drame intime joue avec les nerfs du spectateur avec maestria, autant qu’au yo-yo avec les émotions des protagonistes, chahutés sans égards dans leur quête impitoyable de vérité tandis qu’en filigrane des huit épisodes se répète inlassablement le même mot : Pourquoi ?
Servie par un casting impeccable, au premier rang duquel Siobhan Finneran, qui campe le détective Johanna Griffin, cristallise toute l’attention, la série nous permet de retrouver de nombreux visages connus des sériephiles, notamment Anthony Head, Jennifer Saunders, Stephen Rea, et bien évidemment Richard Armitage tous absolument parfaits, sans parler des seconds rôles. Intimidation porte en elle les secrets tapis avec soin au fond des alcôves, dans les greniers de consciences qu’un rien vient tour à tour apaiser ou tourmenter. Telle une roue implacable, le scénario imaginé par Harlan Coben vient broyer les certitudes des protagonistes avec une âpreté qui ne manquera pas de surprendre le spectateur habitué à des polars plus ronronnants. Jalonnée de péripéties qui jouent autant avec nos espoirs qu’avec notre cardio, notre attention tournée toute entière vers ce microcosme affolé sous la loupe de l’écrivain, l’histoire immuable qui déroule son fil sous nos yeux dénoue son triste nœud dans un climax dépourvu de spectacle, mais d’une exceptionnelle tension dramatique.
C’est un sans-faute plutôt déconcertant, entre réminiscences enfantines, tourments adolescents, rêves d’adultes paumés et aînés aux regrets douloureux. Les strates de cette tranche de société qui repose, comme souvent partout ailleurs, sur trop de faux-semblants, s’imbriquent dans un vertigineux tourbillon de mensonges accumulés comme un affreux maelström. A la fin, personne ne sera épargné. Un thriller poignant, incisif, qui ne manquera pas de vous malmener… pour votre plus grand plaisir.
Toujours disponible sur Netflix.
Crédits: Netflix France