SYNOPSIS: Natalie, jeune française expatriée en Israël, est accusée d’avoir assassiné son mari le soir de ses noces. Karim, un diplomate français chargé d’apporter sur place son aide à des ressortissants en difficulté, tombe peu à peu sous le charme de Natalie…
Depuis quelques temps, comme l’illustrent d’ailleurs plusieurs de nos récents papiers, la fiction télévisée française se risque de plus en plus, certes à des degrés divers, au surnaturel. En lisant les éléments promotionnels de Possessions, production franco-israélienne qui s’avère être aussi accessoirement la nouvelle création originale de Canal+, nous comprenons que le fantastique y prend, ou pourrait du moins prétendre y prendre, une place importante dans la finition du récit. En six épisodes d’environ 52 minutes chacun, la série nous emmène en Israël au mariage de Natalie, une jeune française expatriée. Gros problème néanmoins : au cours du mariage, tandis que les lumières s’éteignent, puis se rallument, l’assemblée découvre sur le sol le marié égorgé et non loin de là, une Natalie maculée de sang avec un couteau dans la main. Débute alors une enquête pour comprendre le pourquoi et aussi peut-être le qui, car Natalie n’est-elle pas une coupable un peu trop idéale ?
Ce qui est le plus agréable lorsque Possessions débute, c’est de se sentir dans un paysage et un univers non familiers par rapport à ce que nous voyons habituellement sur les écrans. Nous voilà immergés dans une ville entourée par un désert avec une immersion dans la vie de plusieurs familles dont le quotidien est rythmé par des croyances et des rituels ancestraux, souvent extrêmement normés et détaillés où s’entrechoquent amour, bien-être et cérémonies moralement néfastes. Le décevant The Vigil avait déjà il y a quelques mois bifurqué du côté du pan des croyances et pratiques religieuses juives, ce qui avait d’ailleurs rehaussé un peu l’intérêt dudit film. Malheureusement, une fois passé l’aspect découverte, la série affirme rapidement qu’elle va potentiellement nous laisser sur notre faim. Difficile par exemple de percevoir Possessions comme une série fantastique tant l’aspect surnaturel y est « subtil »…sans doute beaucoup trop pour nous laisser croire un seul instant qu’il s’agit d’une piste tangible, ce qui atténue de fait l’entreprise de la démarche de nous faire douter, bien que chacun se forgera son propre avis à ce sujet. La série s’ancre ainsi dans le réel presque continuellement sans jamais réussir véritablement à « en sortir, sans en sortir ». Contrairement à une série comme The OA qui lors de sa première saison avait joué avec nos nerfs du début à la fin, en nous laissant un peu penauds quant à la véracité des événements vécus par Prairie, Possessions loupe globalement le coche dans sa tentative de confusion et de manipulation du téléspectateur, le jaugeage entre le réel et le fantastique étant bien trop déséquilibré. Ce n’est pas pour autant que la série est un objet light dénué de complexité, mais nous devons bien avouer qu’à nos yeux Posessions n’est pas une œuvre généreuse. La sensation à l’issue du visionnage d’un « tout ça pour ça ? » s’est affirmée à nous avec lassitude, telle que nous l’avions anticipée à la moitié de saison, voyant que la série nous baladait sans trop nous dire vers où nous allions, tout en nous faisant d’emblée craindre que ce n’était sans doute pas bien loin.
Pourtant lors de quelques rares moments, Possessions arrive à nous agripper, et s’emballe pour nous proposer un début d’ambiance mystique où les croyances deviennent presque sectaires, nous laissant entrevoir l’idée d’une petite intrigue sur sa fin (toute proportion gardée) à la The Wicker Man. Mais non. Nous le disions précédemment, Possessions n’est pas une série généreuse avec son téléspectateur. Elle sème des petits cailloux dans plusieurs directions, nous les fais suivre, mais sans proposer une intrigue particulièrement palpitante et pire, sans même nous récompenser outre-mesure lors de sa conclusion. Possessions se suit, avec ses qualités et ses défauts, mais sans avoir la volonté de ménager notre frustration ou notre ennui. Si la démarche des scénaristes est claire, encore eût-il fallu ne pas oublier qu’une fiction se doit aussi d’être divertissante…et Possessions ne l’est malheureusement que trop rarement au cours de ses six épisodes et ce malgré une Nadia Tereszkiewicz (actuellement dans la saison 4 de Dix pour cent) éblouissante, d’une Noa Koler ultra-charismatique ou d’une Dominique Valadie aussi irritante qu’intrigante.
Si le premier épisode de Possessions capte immédiatement notre attention, la dilution de l’intrigue dès le deuxième épisode finit par avoir raison de notre patience. Malgré un casting saisissant, et un ancrage au sein d’un milieu social et religieux tout à fait passionnant, la série brasse beaucoup d’éléments sans avoir vocation à réellement nous contenter. Amener le téléspectateur à se questionner sur la direction prise par l’intrigue est une bonne chose, mais sur le chemin des interrogations, peut-être aurait-il été nécessaire de tendre vers quelque chose de plus « fulgurant » ou « divertissant » au moins intellectuellement parlant. Dans le dernier épisode l’un des personnages s’exprimait ainsi « L’amour c’est pas que des paroles, c’est des actes »…Possessions en restera tristement surtout au stade des paroles. A découvrir ce lundi sur Canal+.
Crédits: Canal+
Rien a ajouter, vraiment tout est dit. Bravo.