SYNOPSIS: A huit ans, Brian Lackey se réveille dans la cave de sa maison, le nez en sang, sans aucune idée de ce qui a pu lui arriver. Sa vie change complètement après cet incident : peur du noir, cauchemars, évanouissements… Dix ans plus tard, il est certain d’avoir été enlevé par des extraterrestres et pense que seul Neil Mc Cormick pourrait avoir la clé de l’énigme. Ce dernier est un outsider à la beauté du diable, une petite frappe dont tout le monde tombe amoureux mais qui ne s’attache à personne. Il regrette encore la relation qu’il avait établie avec son coach de baseball quand il avait huit ans. Brian tente de retrouver Neil pour dénouer le mystère qui les empêche de vivre.
Gregg Araki est l’un des cinéastes les plus queers et sensuels de sa génération. Sa mise en scène au choix sensible, charnelle ou déjantée, capte l’adolescence et la jeunesse sous toutes les coutures, les plus belles comme les plus terribles. Cela fait maintenant six ans que l’on attend son retour au cinéma, son dernier film en date étant White Bird in a Blizzard. Et si l’auteur a tenté l’aventure télévisée avec notamment 13 Reasons Why et Now Apocalypse, sans trop de succès pour cette dernière, il est bon, parfois de remonter dans le temps et de revenir sur l’une de ses œuvres les plus marquantes et emblématiques : Mysterious Skin.
Adaptation du roman du même nom signé Scott Heim, Mysterious Skin est une chronique envoûtante et mystérieuse de deux adolescents aux parcours diamétralement opposés, mais unis par un terrible secret. Incarnés respectivement par les excellents Brady Corbet et Joseph Gordon-Levitt, le film traite de sujets particulièrement durs : violences sexuelles, pédophilie, entre autres. De quoi glacer le sang, mais le traitement d’Araki sur l’image, le montage et la musique, sont absolument remarquables. Le film arrive à rester avant tout mélancolique et au plus près de ses personnages au lieu de se laisser avaler par le sensationnalisme d’un tel sujet. Plus encore, sa mise en scène sensible épouse les mentalités très différentes des deux garçons au cœur de l’histoire : deux victimes, l’une confrontée au déni et l’autre tentant d’avancer, sans réaliser que son émancipation ne fait qu’empirer les violences qu’il a subies. Le film n’en reste pas moins cru, notamment dans la description des agressions subies par le personnage de Gordon-Levitt. On ne saurait que vous conseiller d’être dans un état d’esprit préparé si vous souhaitez découvrir ce long-métrage.
La force du film est aussi de jouer sur notre perception de la réalité. Nous emmenant sur des fausses pistes aux confins de la science-fiction, renforcées par l’imagerie et la colorimétrie, on passe le film à se poser des questions sur la véracité de la quête de Brian (Brady Corbet) et son enquête pour reconstituer le puzzle des quelques heures de sa vie dont il ne se souvient plus. Un procédé aussi fascinant qu’il brise le cœur dans son final implacable, mais encore une fois doté d’une grande tendresse pour ses deux héros qui ont fait ce qu’ils ont pu face à la violence de leur jeunesse. En fin de compte, Mysterious Skin ne juge personne, si ce n’est les agresseurs. Le film réaffirme que les victimes n’ont rien à se reprocher, que chaque réaction pour continuer à vivre est légitime. Le plus important, nous dit-il, c’est d’en parler, de ne pas rester seul. Le réconfort vient du collectif, nous dit le dernier plan du film, et il est dur d’en sortir sans avoir la gorge nouée. Mysterious Skin est le film le plus grave et le plus dramatique de son réalisateur, mais c’est aussi, probablement, l’un de ses meilleurs. Araki est au sommet de son art, dans tous les domaines, et il sait parler avec autant de gravité que de légèreté d’amour, de traumatisme, et de la nécessité de réapprendre à vivre après des choses aussi graves.
Titre Original: MYSTERIOUS SKIN
Réalisé par: Gregg Araki
Casting : Brady Corbet, Joseph Gordon-Levitt, Elisabeth Shue …
Genre: Drame
Date de sortie : 30 mars 2005
Distribué par: MK2 Diffusion
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Catégories :Critiques Cinéma