Critiques

KIDNAPPING (Critique Mini-Série) Le chaud et le froid…

SYNOPSIS: Le combat d’un policier danois pour démanteler un vaste réseau de trafiquants d’enfants et retrouver sa fille. 

Après Le tueur de l’ombre, Arte poursuit sur sa lancée de séries policières scandinaves avec Kidnapping, un show qui se focalise cette fois-ci sur un réseau de trafiquants d’enfants exerçant à grande échelle. Kidnapping est un objet particulièrement intéressant tant il alterne entre bonnes idées et florilège d’imperfections, pour un résultat tantôt addictif, tantôt bancal, nous laissant à l’issue du visionnage assez hésitants et dubitatifs sur sa qualité globale.



Lorsque nous avons regardé son premier épisode, Kidnapping partait à nos yeux plutôt mal, nous brossant des profils de personnages fades interagissant entre eux de façons grotesques et étranges, avec à la clé une bonne petite dose de niaiseries disséminées par-ci, par-là. Un melting-pot d’idées mal agencées qui nous laissait ainsi craindre le pire ; nous avions déjà préparé la guillotine en prévision d’un verdict salé. La série surprend dès son deuxième épisode en incorporant une ellipse (nous en tairons les détails) qui lance plus efficacement la machine tout en dessinant des enjeux palpitants. Malheureusement à ce stade Kidnapping n’est pas pour autant dénuée de défauts et ces derniers vont la poursuivre tout au long de son intrigue. Personnages introduits pour certains à la truelle, création de relations souvent artificielles et pas naturelles pour un sou, pour ne pas dire incohérentes…un potentiel est dévoilé, mais immédiatement plombé par une écriture aux fraises qui sonne faux. C’est donc en dents de scie que la série va étendre sa toile d’araignée en réussissant globalement à maintenir l’intérêt de ses ramifications sans éviter quelques passages à vide où le rythme se relâche sans faire beaucoup avancer les choses. Alors que l’écriture se montre parfois extrêmement habile elle n’est pas constante : des facilités de scénario peuvent ainsi autant accélérer soudainement la machine que la faire ralentir plus que de raison. A ce titre le format 8 épisodes est peut-être un peu trop ambitieux dans la mesure où s’il nous permet bien de sentir le temps qui passe aux côtés des personnages, avec la lassitude communicative que cela implique au détour de pistes qui ne donnent rien ou qui ne sont pas tout le temps correctement étudiées, il a aussi le défaut de nous faire relâcher notre attention.


La série est d’ailleurs particulièrement maladroite dans la gestion de ses personnages. Un coup introduits et progressivement développés, ils disparaissent parfois momentanément des radars pour ne revenir que plus tard de manière purement fonctionnelle, sans approfondir des éléments qui avaient été préalablement introduits à leur sujet. Neel par exemple, présentée comme une policière pleine de potentiel à la vie personnelle très perfectible démarre comme un élément utile avant de sombrer dans l’électron libre exploité uniquement lorsque les scénaristes ont décidé qu’il fallait vaguement la mettre en lumière, et ce lorsqu’elle ne finit pas bêtement assommée au cours d’une opération. A contrario, alors que le premier épisode nous laissait dubitatif quant à son personnage et interprète principal, Rolf Larsen (interprété par Anders W. Berthelsen), la série arrive finalement à le rendre attachant et plus charismatique que nous ne le pensions de prime abord. L’introduction de Charlotte Rampling donne également un regain d’intérêt à la galerie de personnages présentés, nuançant au passage les rapports de force initialement installés. La révélation finale quant à l’identité du ou des coupables est malgré tout un pétard mouillé car les maladresses d’écriture aiguilleront aisément un spectateur averti sur les bons soupçons, la caméra aidant parfois sans que nous ne sachions si c’était réellement voulu ou non à se focaliser sur une personne devant pourtant logiquement rester à ce stade de l’intrigue insoupçonnable. Les relations tarabiscotées entre les protagonistes n’aidant pas à camoufler les mystères. Pourtant et c’est ici que Kidnapping surprend, la série offre aussi des moments palpitants et émouvants, réhaussant son capital sympathie et sa qualité d’ensemble. La partie située dans le couvent est une judicieuse idée (même si pas toujours bien exploitée) car elle a le mérite de délocaliser les pistes dans un environnement radicalement différent mais assez adroitement greffé à l’intrigue. Ces ressentis ambivalents ne font que renforcer l’impression que la série souffle qualitativement à la fois le chaud et le froid, sans réussir à trouver un équilibre satisfaisant lui permettant de longuement rayonner, alors qu’elle arrive pourtant parfois lors de courts passages à nous bouleverser et à faire preuve d’un peu de subtilité.


Kidnapping est un cas d’école tant la qualité de son écriture se révèle aléatoire. Bien qu’elle tienne en haleine, elle traîne parfois un peu la patte et beaucoup de bonnes idées sont devinées à l’avance ou aussitôt désamorcées du fait de ses maladresses de scénarios et de réalisation. L’impression d’avoir parfois affaire à un brouillon perfectible est palpable ce qui est regrettable car avec une écriture plus ciselée, mieux structurée et des dialogues à la crédibilité plus affirmée, nul doute que le potentiel aurait efficacement déployé ses ailes. Le show propose néanmoins quelques scènes fortes qui rentabilisent le temps investi dans l’histoire et compensent parfois un peu les lacunes ou l’ennui ressenti. Si la révélation du ou des coupables ne produit pas l’effet escompté, sa contextualisation rattrape un peu ce rendez-vous « surprise » manqué. Une série à l’intrigue ambitieuse qui souffre malheureusement d’un bagage de lacunes…sans que ce dernier ne soit pour autant dissuasif. A découvrir ce jeudi sur Arte.

Crédits: Arte

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