Critiques

HOLLYWOOD (Critique Mini-Série) Une déclaration passionnelle et politique à l’émotion diffuse…

SYNOPSIS: Une lettre d’amour à la mecque du cinéma américain dans les années 40… 

Le deal pharaonique signé par Ryan Muryphy avec Netflix avait accouché l’an passé de The Politician, une satire du monde politique à l’université, qui, aussi singulière soit-elle manquait de moelle pour réellement poser une empreinte durable sur ses téléspectateurs. Avec Hollywood, le prolifique producteur (Nip/Tuck, Glee, American Horror Story, Scream Queens, American Crime Story, Pose, 9-1-1…) revient à un sujet qu’il avait abordé de biais en 2017 avec Feud : Bette and Joan dans lequel il arpentait les coulisses de l’âge d’or hollywoodien au travers de la rivalité de Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage de Qu’est-il arrivé à Baby Jane? de Robert Aldrich. Une série très réussie, formellement mais aussi dans sa peinture d’un milieu glamour à souhait aussi bien qu’écœurant de vanité et de coups bas fomentés pour rester tout en haut de la tour de Babel tout en parvenant à faire chuter ses rivaux. Ici, Ryan Murphy et Ian Brennan s’éloignent d’une reconstitution proche de la réalité pour passer au shaker à la fois une restitution de l’âge d’or tout en y agrémentant des éléments contemporains improbables pour l’époque mais qui font fortement écho avec le monde d’aujourd’hui. 

Par le biais d’une bande de jeunes gens qui rêvent tous de se faire une place au soleil dans le milieu du cinéma de l’après seconde Guerre Mondiale, Hollywood raconte leur ascension pavée de désillusions vers la route de la gloire. Comme Murphy aime pervertir ses récits avec des marottes qu’il affectionne, ce chemin sera loin d’être de tout repos sur fond de liberté sexuelle débridée, de racisme et d’ostracisme latents, d’attirance/répulsion avec les requins aux dents longues ou les anciennes générations au pouvoir.

Hollywood est une belle série qui sait manier l’ironie mordante chère à Murphy et la faire circuler dans les veines de ses personnages. C’est une série innervée par l’espoir d’atteindre un Graal aussi bien professionnel que personnel et qui, par son récit choral déploie les composantes propres à une success story mais louvoie pour en raconter les tenants et les aboutissants. La série est centrée sur les apparences dans sa première moitié, chaque chose en cachant une autre souvent moins reluisante que ce qu’il y parait et le style bigarré et extravagant de Murphy trouve ici un terreau favorable pour s’épanouir avec majesté. Mélangeant fiction et réalité (on y croise Rock Hudson, Vivien Leigh, George Cukor...), nous faisant découvrir les coulisses d’un studio et chaque corps de métier s’y rattachant (un monteur, un producteur, un patron-censeur …), Hollywood est une lettre d’amour au cinéma classique, une déclaration passionnelle d’un créateur dont on devine les étoiles dans les yeux et le cœur qui bat la chamade devant ce cinéma qui l’a tant fait rêver. A cela s’ajoute une relecture de l’histoire à la manière d’un Quentin Tarantino dans Inglorious Basterds et surtout dans Il était une fois… Hollywood, où Murphy plie sa construction classique pour y faire entrer des thématiques actuelles comme le melting-pot hollywoodien, la diversité (les afro-américains, les sino-américains, les homosexuels, les juifs sont notamment représentés) et la façon dont les minorités ont dues, au forceps, se faire une place au soleil. Un sous-texte politique placé dans les interstices du divertissement mais qui interpelle.

Dès lors, et aussi belle soit-elle comment se fait t-il que l’on ne soit pas totalement renversé par Hollywood ? La faute à une écriture qui part parfois un peu dans tous les sens et à un style (en avoir n’est pas si courant autant faut-il parvenir à le canaliser) qui pousse très (trop) loin les choses et où la nuance n’est pas la qualité première. Une émotion un peu absente aussi, surtout dans les 4 premiers épisodes, les 5 et 7 en étant eux largement pourvus. Hollywood a le mérite malgré tout de dire des choses importantes même si c’est parfois à gros traits et ce sans que la nostalgie soit son seul et unique fer de lance. La série se pare d’atouts formels indéniables, d’une musique entrainante et de comédiens qui ne déméritent pas. On pense notamment aux habitués Dylan McDermott, Darren Criss, David Corenswet ou Jim Parsons qui sont souvent étonnants même si pour certains parfois à l’extrême limite du surjeu. Jusqu’au bout Hollywood reste pourtant fidèle à sa note d’intention, rendre hommage à une époque révolue tout en y appliquant les solutions actuelles aux problématiques sociétales. C’est au final assez gonflé et réussi et ça démontre que Murphy en a décidément sous la semelle.

Crédits: Netflix

2 réponses »

  1. Bonjour.
    Une analyse que je partage par bien des aspects. j’y rajouteras peut-être un hommage à un cinéaste du classical Hollywood : Franc Capra qui jouait aussi des bons sentiments et de l’utopie pour montrer tout ce qui’allait pas à l’époque. Ce point de vue n’engage que moi.

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