SYNOPSIS: Après avoir semé le chaos dans le parc, Dolores, désormais en liberté, tente de mener une révolte contre les humains dans le » monde réel » tandis que Bernard fait tout pour l’arrêter. Pendant ce temps, Maeve se retrouve dans une nouvelle zone du parc sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale.
En ce mois de mars 2020 extrêmement compliqué pour le monde entier, et celui de la culture, peu de choses inédites sont à se mettre sous la dent, confinement et arrêt des productions oblige. Si les chaînes ont encore quelques œuvres en stock le temps que la pandémie du coronavirus s’apaise, HBO avait annoncé depuis un an le retour de l’une de ses cartes-maitresses : Westworld, dans une sorte de soft reboot qui ne dit pas son nom.
Les enjeux sont énormes pour la chaîne et les showrunners Jonathan Nolan et Lisa Joy. La saison 2 de la série avait été, et c’est une litote, une déception. Plombée par des timelines nombreuses et trop entremêlées pour qu’on y comprenne quoi que ce soit, des dialogues verbeux et un rythme paresseux, le public avait froidement accueilli cette deuxième salve dans des parcs toujours aussi esthétiques, mais désespérément vides et dénués de toute humanité, ou presque.
On reprend donc presque tous les mêmes et on recommence : Bernard, Charlotte, Maeve, l’Homme en Noir et bien entendu Dolores sont le cœur bien connu de la série et l’on suit leurs quêtes différentes pour dominer l’humanité – à moins, comme Bernard, de les en empêcher. Entre jeux de faux-semblants, séduction, et manipulation, Dolores s’affirme inéluctablement comme la grande méchante de sa propre série. Un destin en marche depuis la première saison, et qui nous fait bien trop penser à celui d’une certaine Reine, blonde, accompagnée de trois dragons dans sa quête pour libérer des peuples… Et pour qui ça ne s’était pas très bien terminé.
Outre l’évidente comparaison avec Game of Thrones (multiplicité géographique des intrigues, musique de Ramin Djawadi, fresque « hors du temps »), il faut reconnaître à la série qu’elle arrive rapidement à se remettre sur des rails encourageants. Si ce n’est le personnage de Caleb (Aaron Paul), peut-être trop passif et se lamentant constamment sur son sort jusqu’à l’arrivée inattendue de Dolores dans sa vie, tous les personnages retrouvent une linéarité bienvenue. C’est loin d’être un constat d’échec vis-à-vis des décisions créatives de la saison 2, et au contraire, cet aveu de la part des showrunners montre leur intelligence. Qui plus est, le budget alloué par HBO permet à la série d’éblouir encore, visuellement. Paysages futuristes (mais pas que) hallucinants, effets spéciaux impressionnants et costumes superbes : pas de doute, le prestige est intact. Et si le scénario peut encore nous perdre, les images restent, gravées sur la rétine en même temps que le score définitivement futuriste de Ramin Djawadi, moins à l’aise que dans l’exercice du western, mais ici aidé par une BO de groupes cultes impeccable, à l’image de ce Dissolved Girl de Massive Attack utilisé à merveille.
Au vu des quatre premiers épisodes de cette saison 3, on peut donc dire qu’à l’exception de Dolores qui emprunte un chemin déjà vu et revu pour quiconque a trop vu de séries HBO, Westworld réussit son retour même si l’émotion n’est toujours pas au rendez-vous. Là encore le bât blesse, et si la série questionne encore et toujours l’humanité de ses protagonistes, eux-mêmes n’en font jamais preuve, malgré un casting qui donne à nouveau tout ce qu’il a – formidable Thandie Newton, dont sa Maeve affronte une nouvelle fois une pluie d’épreuves hallucinantes. Quant à la pluie de caméos plus ou moins annoncés, elle fait plaisir, et pour le confort de vos proches, on vous conseillerait presque de rester discrets là-dessus.
Crédits : OCS / HBO