SYNOPSIS: A la fin du XXIème siècle, le tourisme spatial n’est plus un fantasme mais une réalité qui rapporte des milliards de dollars. Fleuron de cette industrie, le paquebot spatial Avenue 5 embarque pour Saturne, emmené par le capitaine Clark. Mais cette traversée de la galaxie ne sera pas de tout repos, et les nerfs de l’équipage vont être soumis à rude épreuve.
On avait laissé l’excellent Armando Iannucci raconter dans un film La Mort de Staline en 2018, pendant que sa série Veep arrivait à une conclusion aussi féroce que d’habitude sur HBO. Le créateur de l’une des meilleures séries politiques de la dernière décennie est de retour à la maison, pourrait-on dire, mais avec une nouvelle comédie à l’environnement spatial des plus rafraichissants. Avenue 5, space comedy qui arrive le 19 janvier sur HBO et le lendemain sur OCS, est en effet radicalement différente de tout ce que Iannucci a pu faire jusqu’à présent. Nous sommes quelques décennies dans le futur, et loin des considérations terriennes des plus effrayantes comme la lutte des classes ou le réchauffement climatique, le tourisme spatial se déroule très bien, merci pour lui ! A l’instar de certaines stars ayant déjà réservé leurs sièges pour les premières croisières spatiales de Richard Branson, Avenue 5 montre ce qui se passerait si le capitalisme avait été suffisamment loin pour mettre sur pied des paquebots de l’espace transportant des voyageurs fortunés en quête d’un peu de nouveauté.
Toute comparaison amusante mise à part, c’est ce que montrait déjà un peu Ad Astra de James Gray, avec la Lune montrée comme une vulgaire zone commerciale digne d’un centre commercial perdu entre deux ronds-points. Ici, on se concentre davantage sur une croisière, censée durer deux mois, mais qui va prendre un tournant des plus cocasses suite à l’incapacité totale de son équipage de prendre correctement les choses en main, dans tous les sens du terme. Les fans de Veep seront ravis de retrouver l’amour du bon mot, de la réplique qui tue et du sens de l’équipe dysfonctionnelle chers à Iannucci. Tout en créant des personnages très différents de ceux de sa précédente série, le showrunner a concocté une batterie de personnages hilarants, même si l’équipage bénéficie pour le moment d’un plus grand soin dans l’écriture que les passagers, dont on devine que certains prendront au fur et à mesure de la série leurs galons et plus d’importance.
L’ensemble est mené par un Hugh Laurie remarquable, marquant des retrouvailles délicieuses après son rôle récurrent de Veep. A peine sorti de Silicon Valley, Zach Woods est excellent en directeur des relations clients complètement psychotique, et même après 4 épisodes, il y a fort à parier que l’on a peu vu certains personnages mais qui se révèleront davantage dans la suite. Là où le bât blesse pour le moment, c’est au niveau des passagers, dont les enjeux se révèlent peut-être moins intéressants et amusants pour le moment. La notion de huit-clos est pour l’instant bien exploitée, avec quelques rares scènes sur Terre (donnant lieu au meilleur running-gag des épisodes 1 à 4 mis à disposition de la presse par HBO) pour offrir un peu de perspective à une catastrophe spatiale sur le point d’exploser. L’ensemble se révèle donc plaisant à suivre, d’autant plus qu’un certain soin a été apporté à la mise en scène, aux costumes, aux décors et aux effets spéciaux. Pour le moment inachevés, ils occupent une grande partie des épisodes et on sent que les moyens ont été mis sur la table pour offrir l’immersion la plus esthétiquement belle qui soit.
Pour autant, est-ce que Avenue 5 est pour le moment aussi percutant et drôle que Veep ? Non, car les personnages n’ont pas tous le même capital sympathie et qu’il y en a presque trop. Les épisodes vus laissent à penser que le casting massif est le plus à même de provoquer votre adhésion ou votre rejet, selon votre sensibilité et votre humour. Certains seront hilares devant les gags scatos et visuels, d’autres préféreront le comique de répétition. Cela étant, il y a de tout dans Avenue 5 pour en faire un excellent moment chaque semaine à suivre un commandant de bord courir dans tous les sens pour éviter le naufrage de sa croisière. On espère tout de même que la direction des épisodes sera un peu plus maitrisée et reposera peut-être sur moins de cliffhangers.
Crédits: OCS / HBO