SYNOPSIS: Le quotidien à la fois drôle et touchant de Fleabag, une femme à la répartie cinglante, portée sur le sexe, en colère et assaillie par le deuil, qui fait ce qu’elle peut pour survivre à la vie moderne londonienne.
Il aura fallu attendre cette seconde saison de Fleabag pour que la série so british à l’humour grinçant s’envole vers le firmament des récompenses. Lors des derniers Emmy Awards, sa créatrice et actrice principale, Phoebe Waller-Bridge, est repartie avec les prix de la meilleure comédie, de la meilleure actrice et du meilleur scénario, créant ainsi la surprise, au point de faire un peu d’ombre au géant GOT. En fait, vous savez, on n’aime pas cette expression « créer la surprise ». Parce qu’il n’y a pas lieu de tomber des nues face au triomphe de Fleabag. Cette saison 2 est un bijou d’intimité qui jongle entre humour noir et désespoir, qui vous accroche aux personnages grâce à une ribambelle d’acteurs tous plus fous (au sens, incroyables) les uns que les autres, qui regorge de dialogues, apartés et monologues tirés au cordeau par Phoebe Waller-Bridge, et qui vous scie dès le premier épisode. Attention, big crush !
À la fin de la première saison, nous avions laissé Fleabag seule avec son banquier, lâchée par sa famille et ses amants, juste après nous avoir révélé toute la culpabilité qu’elle renferme depuis la mort de sa meilleure amie Boo (Jenny Rainsford). Dès l’ouverture de la saison 2, la trentenaire londonienne semble avoir repris sa vie en main (ironie), lorsqu’elle nous annonce, le nez en sang dans des toilettes, que cette fois-ci, « c’est une histoire d’amour ». S’ensuit un dîner catastrophique qui rassemble les personnages de la première saison autour de notre héroïne : le père absent (Bill Paterson) et la marâtre insupportable (Olivia Colman), la sœur paumée (Sian Clifford) et son mari sarcastique (Brett Gelman). Au milieu de cette bande de joyeux/tristes drilles, un nouvel arrivant : le prêtre, interprété par le génialissime et sexy en diable (aïe, blasphème) Andrew Scott. Comme on s’en doute d’emblée, lorsqu’elle nous le présente en aparté, Fleabag va succomber à la tentation pour le meilleur et pour le pire…
Pour autant, on ne plonge pas dans une romcom à l’eau de rose. Ce serait mal connaître Phoebe Waller-Bridge. Dans la continuité de la saison 1, les thématiques du deuil et de la solitude sont toujours explorées avec justesse. Fleabag ne renonce pas à ses réparties cinglantes et à son humour noir, mais se laisse davantage aller à la mélancolie. Elle se dévoile un peu plus, face à nous. Pas question, non plus, de faire un one-woman-show ! Phoebe Waller-Bridge laisse une place de choix aux autres personnages en leur écrivant des partitions à la fois drôles et touchantes. Cela vaut, en particulier, pour la sœur de Fleabag, Claire (Sian Clifford), qui se cherche et avance à tâtons avant de prendre son envol. On notera aussi la séquence superbement féminine(iste) de Kristin Scott Thomas où elle parle ouvertement de règles et de ménopause, mais déclare aussi son incompréhension face aux prix étiquetés « femmes » alors qu’il suffirait d’intégrer plus de parité dans les récompenses. Et puis, bien sûr, on ne peut que s’agenouiller devant l’ampleur donnée par Andrew Scott à l’intrigue et à son personnage de prêtre un peu paumé, ultra-vulgaire et phobique des renards. Aucune fausse note, le casting est un sans-faute, chaque acteur délivre une prestation impeccable. Décidément, voici à nouveau une série estampillée BBC (ici, en coproduction avec Amazon Prime Video) qui tape juste.
L’une des autres magies de Fleabag est cette capacité à briser le quatrième mur. Déjà dans la première saison, le procédé réussissait à créer une complicité, voire une connivence avec Fleabag quand elle s’adressait à nous pour commenter l’action ou nous confier ses pensées. Dans la deuxième saison, cela va encore plus loin. Il ne s’agit nullement d’un simple gimmick de mise en scène. Les apartés de l’héroïne à notre égard font de nous un véritable protagoniste. L’histoire ne se déroule plus sous nos yeux, nous en faisons partie. Nous possédons même notre propre arc narratif qui se conclut de la plus belle des façons, avec gorge nouée et mélancolie à la clé. Désormais, Phoebe Waller-Bridge planche sur le prochain James Bond, tout en continuant d’écrire pour la série Killing Eve. Elle l’a assuré, il n’y aura pas de saison 3 de Fleabag ou, du moins, pas avant que son héroïne n’ait 50 ans. Au fond, on ne peut qu’approuver. Il est en effet temps de la laisser partir pour mieux savourer les souvenirs de cette pépite de série impertinente qui se termine exactement là où l’on aurait pu le souhaiter. Amen.
Crédits: BBC3 / Amazon Prime Video France
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